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CULTURE - En hommage à son fondateur, le "petit" musée Dapper présente une centaine de ses chefs d'oeuvres d'art africain. Un voyage en toute beauté.
Face au mastodonte qu'est le Musée du Quai Branly, le musée Dapper (www.dapper.fr) situé dans une petite rue parisienne du XVIème arrondissement a du mal à ne pas se faire oublier. Or c'est là, depuis son ouverture en 1986, qu'a été organisée une bonne cinquantaine d'expositions de grande qualité permettant de mieux appréhender l'art africain, c'est là que sont publiés nombres de (beaux) livres sur cette expression artistique tribale, c'est qu'ont lieu des conférences avec des auteurs du continent noir. Si généralement ces manifestations sont monographiques ou dédiées à une contrée, via des thématiques les plus diverses, cette fois, pour rendre hommage à son fondateur, Michel Leveau, le musée présente au public jusqu'au 17 juillet 2016, 130 pièces de son fonds, 130 objets simplement intitulés " Chefs d'oeuvre d'Afrique ". A juste titre. En effet, si la quasi totalité de ces œuvres ont déjà été présentées et est largement connues des spécialistes, elles sont souvent considérées comme étant de référence, tant par leur qualité que leur origine. Ici dans la pénombre requise, mais en rien perturbante et dans des vitrines intelligemment éclairées dont on peut faire le tour pour admirer le travail complet des artistes, certaines statuettes étant aussi attirantes de face que de dos, Dapper ayant sorti de ses réserves de réels chefs d'oeuvre, le visiteur en " prend plein la vue ".
La visite se déroule en deux parties, le rez de chaussée étant dédié à l'Afrique centrale, Congo, Cameroun, le premier niveau à l'Afrique de l'Ouest, Mali, Cote d'Ivoire, Benin, Ghana. Au sortir des escaliers menant à l'étage, le visiteur est accueilli par une superbe statue-autel Dogon datant du XIVème siècle, comparable mais en taille réduite (54 cm) à une statue-autel Dogon, également bras levé (pour implorer la pluie) qui réceptionne le visiteur au Musée du Quai Branly, du haut de ses 202 cm: quand le " petit " musée accompagne son" grand " confrère, tout un symbole. Dans cette partie se regroupent des sculptures Soninke, notamment un cavalier nu sur sa selle, un couple aux fesses surélevées et un pilastre soutenant un grand abri, maison des hommes, un lieu que les Papous curieusement honorent aussi de l'autre coté du globe. Se trouvent également des terres cuites Akan et Asante, une statue du roi Glelé du Dahomey, et des masques Baoule. A noter que les masques, nombreux dans cette partie du continent sont des gardiens informateurs des adultes initiés, instruments pour conjurer les forces hostiles. Et les statuettes Baoule, nombreuses aussi en Cote d'Ivoire concernent chaque individu, car tout le monde là bas possède un conjoint mystique dans l'autre monde donnant maladie et chagrins: une statue personnelle peut y remédier.
L'intérêt de cette remarquable exposition dépasse le simple aspect esthétique, en rien négligeable ici tant ces objets, y compris ceux de tous les jours, sont des joyaux de beauté - Derain, Vlaminck, Picasso s'en sont inspirés -. Mais pour les Africains ces objets ont avant tout une signification spirituelle, avec en particulier le culte des ancêtres. Il s'agit d'un moyen de communication avec l'au-delà, et si nous les regardons béatement dans un musée clos et prestigieux, toutes ces pièces ont un " vécu " (c'est d'ailleurs ce qui en fait leur valeur marchande, un objet sans patine d'usage est rejeté par nombre de collectionneurs). Cela signifie qu'accompagnées de chants et de danses dans des cérémonies dédiées, initiation, mariage, funérailles, elles ont toujours une signification. Qui est ici souvent explicitée dans des cartels lisibles. C'est aussi ce que cette très belle exposition a le mérite de rappeler.
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