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Culture & Loisirs, # |
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Ce vendredi à 17h15 au festival 3 Continents à Nantes, projection du film "Le monologue de la muette". La réalisatrice Khady Sylla offre un monologue pluriel à Amy, une bonne exploitée par une riche famille de Dakar. Un documentaire au cœur d'une Afrique post-coloniale.
Un minimalisme sonoreDans Le monologue de la muette, le temps semble suspendu pour laisser place à l'authenticité des images, à l'enchaînement travaillé et poétique des mots qu'Amy nous récite. Son corps est " ici " mais son esprit est " là-bas ". Cette dualité rythme le documentaire dans son intégralité. À la fois par les paroles de la jeune fille, mais aussi par les plans de champs arides et de cases du village, laissant entendre qu'un jour Amy retournera " là-bas ". Aucune musique ne vient s'ajouter aux scènes dérangeantes auxquelles Khady Sylla veut nous confronter. Par un minimalisme sonore et de gros plans rythmés uniquement par des bruits naturels troublants, la réalisatrice alimente une tension en continu. Tout l'enjeu de ce documentaire est là : mettre en exergue les tensions économiques et sociales de l'actuelle société sénégalaise, ainsi que l'asservissement de milliers de femmes. Un mode de vie qui semble devenir inévitable. Les dialogues sont restreints aux seuls champs lexicaux de la domination, de l'agressivité ou encore de la brutalité puisqu'ils émanent de la patronne d'Amy. Soumise, Amy préfère ne pas y faire attention. L'espoir de vivre libre reste toujours présent et apporte, d'une certaine manière, une lueur positive à cette œuvre cinématographique. Il se traduit par une lumière chaude et aveuglante qui vient illuminer les cases du village. Des images efficaces qui contrastent fortement avec les plans sombres de la cuisine où Amy se distingue à peine. Un espoir à plusieurs voixLe Monologue de la muette est marqué également par un montage qui surprend et intrigue. Alors que la principale construction scénaristique s'aligne sur un documentaire qui témoigne de la soumission d'Amy, d'autres femmes élèvent leur voix et se livrent face à la caméra en empruntant un style théâtral et scénarisé. Cette confrontation est à la limite de l'agression tant ces femmes veulent se faire entendre. Des scènes qui décrédibilisent l'authenticité et la spontanéité du témoignage d'Amy. Toutefois ces plans appuient le fait que l'histoire d'Amy est aussi celle de milliers d'autres femmes. Ces témoignages sont d'autant plus marquants que la réalisatrice se positionne très souvent en contre-plongée, ce qui accentue le rapport dominante/dominée. | |||
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