![]() |
Politique, # |
||
Le Brexit est aujourd'hui une affaire de femmes de caractère. Theresa May, la Première ministre britannique qui a décidé d'enclencher au printemps prochain le processus de sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne, vient de trouver à qui parler. Elle s'appelle Gina Miller, a un faux air de Karine Lemarchand, la présentatrice télé française, et est bien décidée à tout faire pour retarder le déclenchement du fameux article 50 du Traité de Lisbonne, ouvrant la porte de l'UE aux candidats au départ. C'est ainsi que, une fois connu le résultat du référendum sur le Brexit, cette jeune femme (51 ans), originaire du Guyana qu'elle a quitté à l'âge de 10 ans pour s'installer au Royaume-Uni, a porté le dossier devant la Haute Cour de Londres. A ses yeux, il était nécessaire que le Parlement britannique soit consulté sur la question avant de lancer la procédure de divorce. Gina Miller n'était pas totalement isolée dans son combat. Si les europhiles brillent par leur absence depuis le 23 juin, outre-Manche, un autre particulier a suivi la même voie qu'elle. Mais pas pour les mêmes raisons. Coiffeur de son état, Deir dos Santos, dont le nom n'a rien de britannique, a lui aussi porté l'affaire devant la Haute Cour. "J'ai voté pour le Brexit afin de rendre le pouvoir dévolu à l'Europe au Parlement britannique. Ce n'était donc pas logique que le gouvernement ne consulte pas la Chambre des communes et lui enlève des droits sans la consulter " a-t-il fait savoir par le biais de son avocat. Les magistrats ont donné raison aux deux plaignants. " La règle la plus fondamentale de la Constitution du Royaume-Uni est que le Parlement est souverain et peut faire ou défaire toute loi ", ont ainsi considéré les magistrats, concluant que " le gouvernement n'avait pas le pouvoir (...) de notifier, conformément à l'article 50, le retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne ". La Haute Cour a toutefois autorisé Theresa May et ses amis à faire appel de sa décision devant la Cour suprême, la plus haute juridiction du pays. Un avocat du gouvernement a précisé que le recours devrait être examiné entre le 5 et le 8 décembre. " Le pays a voté pour une sortie de l'Union européenne dans un référendum approuvé par une loi du Parlement. Le gouvernement est déterminé à respecter le résultat du référendum ", a réagi Downing Street en regrettant ce contretemps. Menaces de mort. Pour sa part, Gina Miller se trouve confortée dans sa démarche. " Je ne pouvais simplement pas aller me coucher chaque soir en me demandant ce que le Brexit impliquerait pour mes enfants, pour l'avenir et pour nous tous sans rien faire. Sachant qu'il n'y avait aucun plan et que nous faisions face à un périlleux futur, je me suis dit qu'il n'y avait pas d'autres alternatives ", raconte-t-elle au Guardian. Fille d'un haut magistrat, cette avocate de formation à qui l'on a déconseillé à l'époque de s'engager dans une voie fermée aux femmes, a donc lancé une procédure judiciaire à ses frais. Ce qui lui a valu de nombreuses menaces de mort et d'injures. " La question n'est pas d'être impopulaire mais de faire ce que l'on pense être bien ", dit-elle. La jeune femme est aujourd'hui blindée face aux attaques, qu'elles soient racistes ou autres. Cofondatrice avec son mari Allan de SCM Private, une société de gestion d'actifs (30 millions de livres), elle a ferraillé contre la City pour imposer plus de transparence dans le secteur. Ce qui lui a valu le surnom de " Veuve noire " ( " Black widow "), référence dans le meilleur des cas à la célèbre " Scottish widow ", l'argument publicitaire d'un groupe d'assurance écossais ou dans le pire à l'araignée mortelle. Gina Miller qui finance aussi de nombreuses œuvres caritatives a aussi bataillé pour remettre de l'ordre dans le secteur. Theresa May et les eurosceptiques ont trouvé à qui parler.
| |||
PARTAGEZ UN LIEN OU ECRIVEZ UN ARTICLE |
Pas d'article dans la liste.