Aujourd'hui, IBM déploie ses activités aux quatre coins de l'Afrique. Au cours de ces cinq dernières années, l'entreprise a non seulement ouvert des bureaux en Angola, à Maurice, en Tanzanie, au Sénégal, au Nigeria et au Kenya, mais vient également d'inaugurer le premier laboratoire de recherche IBM du continent à Nairobi. " Pour rattraper les autres continents, l'Afrique a besoin d'innovations technologiques intelligentes ".

De jeunes Africains, femmes et hommes, discutent de formules et de tableaux incompréhensibles pour les non-initiés, devant un tableau blanc ornant l'une des salles de réunion du laboratoire de recherche IBM à Nairobi. Ces chercheurs passent en revue les dernières mises à jour de l'application Twende Twende développée par IBM. Cette application permet aux Kényans de consulter des informations sur les embouteillages à Nairobi sur leur téléphone portable ; un outil particulièrement apprécié dans une des capitales les plus congestionnées du continent (Twende signifie " Allons-y " en swahili).

Une application permettant de mesurer la qualité des routes

" Nous travaillons également à un outil permettant de mesurer la qualité des routes ", explique Aisha Walcott Bryant, les yeux rivés à son ordinateur portable. " Lorsque vous vous déplacez en voiture avec votre téléphone portable muni de la dernière version de notre application, celle-ci détectera automatiquement le moindre ralentissement, mais également la présence de dos-d'âne ou de nids-de-poule". Le laboratoire de recherche pourra ensuite partager ces informations avec les autorités kényanes afin d'améliorer la planification des travaux d'entretien ou la construction de nouvelles infrastructures.

" Ce continent ne peut pas se permettre de suivre une croissance linéaire identique à celle de l'Europe ", nous assure Kamal Bhattacharya, directeur d'IBM Research Africa et vice-président du laboratoire de recherche à Nairobi. " Cela prendrait une éternité, et nous n'avons pas le temps d'attendre. L'Afrique a besoin d'innovations technologiques intelligentes pour rattraper les autres continents ".

Le super robot IBM au service des soins de santé en Afrique

Monsieur Bhattacharya ne cache pas son enthousiasme pour le projet Dr. Watson. Watson est un superordinateur conçu par IBM capable, grâce à la reconnaissance vocale, de répondre à des questions en cherchant des informations dans des encyclopédies, des livres, des journaux, des articles et des sites web. Ce programme d'intelligence artificielle a eu son heure de gloire lorsqu'il a battu deux des meilleurs candidats au célèbre quizz télévisé américain Jeopardy en 2011. Le laboratoire de Nairobi étudie actuellement la possibilité d'utiliser ce robot dans le secteur des soins de santé en Afrique.

" Il y aura toujours une pénurie de médecins en Afrique ", explique Monsieur Bhattacharya. " Cependant, grâce à Dr. Watson, la formation des infirmières et des personnels de santé peut être accélérée et ils peuvent avoir accès aux dernières informations en matière de soins, même dans les régions les plus isolées du continent. Bien entendu, le superordinateur ne remplacera jamais un médecin mais il peut permettre d'améliorer très rapidement la qualité des soins en Afrique ".

Le " cloud computing " : une technologie à fort potentiel en Afrique

Les données utilisées par Watson ne seront pas stockées sur des ordinateurs ou des téléphones dans les cliniques mais dans un nuage numérique qui sera continuellement mis à jour. Pour IBM, le " cloud computing " offre de nombreuses possibilités, également pour l'Afrique. C'est pourquoi l'entreprise a construit un gigantesque centre de données ultramoderne avec des serveurs PureFlex dans le laboratoire de Nairobi.

Après le Kenya, IBM va bientôt se lancer dans la construction d'autres laboratoires de recherche en Afrique de l'Ouest et australe, même si Nairobi restera le laboratoire principal. " Nous avons choisi le Kenya en raison de son potentiel de croissance et de son réseau très développé d'innovateurs et d'universités ". Bien que le laboratoire ait recruté la plupart de ses employés aux États-Unis, son vice-président précise que " 75% d'entre eux sont originaires d'Afrique ". Le laboratoire accueille également 15 stagiaires locaux et 10 internationaux. " Pour faire des affaires en Afrique, il faut avant tout investir dans les talents locaux et dans leur développement. Sinon, votre entreprise est condamnée ".

Le nouveau pôle d'innovation Philips à Nairobi permettra aux chercheurs africains de travailler à la création de nouvelles inventions.