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Société, # |
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L'Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS), instance chargée de surveiller la mise en œuvre des conventions onusiennes relatives au contrôle des drogues, a présenté son rapport annuel mardi 3 mars à Londres. Un constat inquiétant se dégage : le trafic et la consommation de substances illicites s'accroissent partout dans le monde et les gouvernements peinent toujours à trouver des solutions pérennes à ce problème. En Afrique, selon le rapport de l'OICS, les conflits dans différentes sous-régions, comme le Sahel et l'Afrique de l'Est, ont favorisé l'augmentation du trafic et la consommation de plus en plus courante des drogues illicites. Selon ce rapport, l'abus de stimulants de type amphétamine (ecstasy notamment) augmente en Afrique et leur production aussi. C'est le cas en Afrique du Sud, au Nigeria et au Kenya " même si l'on ne dispose pas de données complètes et factuelles pour tous les pays de la région ", souligne le document. Quelles sont les drogues consommées en Afrique ? " Il y a très peu d'informations disponibles quant à la production, la fabrication ou la consommation de stupéfiants en Afrique ", indique le Belge Raymond Yans, membre de l'OICS et ancien président de cette instance. Mais l'expert indique que le cannabis est de loin le produit le plus consommé. Les plus grosses saisies de résine de cannabis ont été signalées en Algérie (de 53 tonnes en 2011 à 137 tonnes en 2012) et au Maroc (de 126 tonnes en 2011 à 137 tonnes en 2012). En 2013, les autorités égyptiennes ont indiqué avoir saisi 212 tonnes d'herbe de cannabis, ajoute le rapport de l'OICS. En plus du cannabis, présent majoritairement en Afrique du Nord, d'autres stupéfiants comme la cocaïne et l'héroïne sont aussi consommés. En Egypte, 260 kg d'héroïne ont été saisis en 2013. L'usage croissant de drogues de synthèse est également observé en Afrique du Sud et au Kenya. " Seuls onze pays africains ont signalé l'apparition de nouvelles substances psychoactives entre 2008et 2013 ", tempère l'OICS. " Les jeunes sont les plus gros consommateurs, note Raymond Yans, de l'OICS. En 2014, le Cameroun a indiqué qu'en moyenne 5 000 à 6 000 patients étaient traités dans la capitale chaque année pour des maladies liées à l'abus de stupéfiants et de psychotropes, et que 75 % à 80 % de ces hospitalisations concernaient des personnes âgées de 15 à 39 ans. " L'expert estime que le même profil se dégage dans de nombreux pays. Au Bénin, un pays dont la moyenne d'âge est de 22 ans, 45 % des usagers de drogues sont des jeunes. Raymond Yans considère que ces chiffres sont en deçà de la réalité, dans la mesure où de nombreux pays ne disposent pas de moyens logistiques suffisants ni de structures spécialisées dans le traitement et le suivi de la toxicomanie. Selon une étude de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) que l'OICS reprend dans son rapport, la consommation de cocaïne, rien qu'au Kenya et en Tanzanie, aurait généré près de 160 millions de dollars en 2014. " Cela montre que l'Afrique n'est plus seulement une zone de transit mais un marché important pour la consommation ", analyse Raymond Yans, l'un des auteurs du rapport. La cocaïne qui transite de l'Afrique vers l'Europe est estimée à 1 milliard de dollars, toujours selon l'ONUDC. Dans son rapport, l'OICS recense de nombreux facteurs qui, selon elle, concourent à l'usage et au trafic de dogues illicites : pauvreté, insécurité alimentaire, disparités économiques ou encore exclusion sociale. " Les Etats doivent prendre en compte tous ces éléments, s'ils veulent réellement s'attaquer au phénomène, affirme Raymond Yans. L'approche équilibrée que nous prônons consiste à mettre en place des outils de prévention et de sensibilisation et de veiller à l'application de la loi. "
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