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La Réunion, l'île aux trésors

  Société, #

Le 12 juillet 1995, Alain Péters disparaissait à l'âge de 43 ans. Malgré une existence chaotique, ponctuée d'enregistrements en studio assez rares, le poète et chanteur a laissé une trace indélébile dans le patrimoine artistique de la Réunion. " Il fut le premier à avoir décloisonné les musiques. Il était libre, se foutait pas mal de ce que les gens pouvaient penser", explique la chanteuse réunionnaise Christine Salem. Alain Péters est le père du maloya moderne, une musique dont les racines remontent à l'époque de l'esclavage et que l'administration coloniale avait purement et simplement prohibé jusqu'en 1981 par crainte de soulèvement populaire. Se suffisant à l'origine de percussions et de chants, le genre a été adapté par Péters à la guitare, sans rien retrancher de sa force identitaire ni de son caractère insurgé. Ce fut le point de départ du folk moderne à la Réunion, dont la créativité de la scène musicale impressionne toujours pour une petite île de 850 000 habitants. Outre Maya Kamaty couronnée par l'Académie Charles-Cros en 2015, et le fameux chanteur Tiloun qui prépare son troisième album, voici cinq autres ambassadeurs du maloya, métissé ou brut de décoffrage, qui brillent dans l'actualité.

Labelle

Insuffler l'âme du maloya dans les entrailles de ses machines n'est pas un exploit surnaturel pour Labelle. La musique électronique se nourrissant des rythmes de danses et de transes depuis un demi-siècle, du dub de Kingston à la house de Chicago, le maloya s'imprime tout aussi facilement sur des textures numériques. Le beatmaker s'inspire de diverses traditions culturelles de l'océan Indien, jusqu'à celles de l'Afrique du Sud même, terre d'origine du chanteur Hlasko avec qui il forme l'élégant duo Kaang. Particulièrement touchant sur scène aux dernières Transmusicales de Rennes, Kaang a signé un premier EP pour le moins insolite en 2015, mosaïque de percussions et de bribes de voix spectrales sublimée par le chant perché de Hlasko.

Christine Salem

Sur la pochette de son nouvel album, Larg pa lo kor, la chanteuse évoque Angela Davis, son épaisse coupe afro est un choix esthétique autant qu'une posture symbolique. Réalisé par Seb Martel (M, Camille), ce disque somptueux souligne la matrice commune entre soul, blues et maloya. Pour la première fois en deux décennies de carrière, Salem interprète elle-même en studio ses compositions à la guitare, en se laissant toujours guider par la vitalité du kayamb, un shaker plat rempli de graines, et du rouleur, ce tambour massif au son sourd.

 

Grèn Sémé

Le quintet porte bien son nom : depuis dix ans, le chanteur et compositeur Carlo de Sacco laisse fleurir sa poésie, en français et en créole, dans des terreaux folk psyché. Tourné en métropole, le nouveau clip Zordi est extrait du seul album du groupe (disponible en téléchargement à prix libre sur leur site jusqu'au 15 février). Le second, prévu pour cet été, sera produit par Jean Lamoot (Bashung, Salif Keita, Rivière noire). De nouvelles influences pop et electro devraient s'immiscer dans leur maloya en perpétuelle évolution.

 

Lindigo

Cet été au festival les Vieilles Charrues, ils ont encore incendié les planches, en chantant torse nu dans la foule et en invoquant les esprits invisibles. Leur "maloya power", percussif et percutant, s'apprécie pleinement dans les festivals internationaux, ou lors de kabars, ces cérémonies de transe que le leader du groupe, Olivier Araste, anime depuis l'âge de 12 ans. Après des enregistrements récents avec le Mauricien Désiré François sur Zafan Zilwa, et avec le duo néerlandais et sud-africain Skip&Die sur l'entêtant Maloya Magic, Lindigo sera au Tamanoir de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) le 25 février. Il prépare également plusieurs créations scéniques en compagnie de l'accordéoniste Fixi et du batteur Cyril Atef, du beatmaker new-yorkais Osunlade, et avec Skip&Die pour les Escales de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) en juillet.

 

Oktöb

Il a suffi de quelques concerts pour que le murmure d'une grâce mystérieuse et solennelle se répande autour de l'île. Oktöb intrigue, et le duo de chanteuses a déjà séduit Philippe Conrath (Christine Salem, Zanmari Baré). Le producteur du label Cobalt vante " la force de cette écriture dans une langue créole, rageuse et inspirée, sur des sujets que personne n'aborde à la Réunion, comme l'inceste ou le sexe". A l'écoute de leur premier single, KapKap, on parierait une tournée de rhum Savanna 15 ans d'âge qu'Oktöb sera la révélation de l'année.

 



Source : Libération.fr


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eva
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