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Politique, # |
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Originaire du Bénin, ce migrant sera le premier homme de gauche à siéger à l’exécutif du Grand-Saconnex. Il retrace un parcours atypique. Ce dernier dimanche d’élections genevoises a été le jour des premières. La gauche a réussi à conquérir des sièges dans les exécutifs historiquement à droite, comme à Bernex et Versoix pour les socialistes, et au Grand-Saconnex pour les Verts. Dans cette dernière commune, la victoire de l’écologiste Laurent Jimaja est inédite à un autre titre encore: il est le premier Noir à siéger dans une mairie genevoise, et même suisse1. Quelle est la portée d’une telle élection? «Pour toutes les personnes qui, comme moi, sont originaires d’ailleurs, mon exemple peut être bénéfique, reconnaît le nouveau magistrat. Mais je ne veux pas m’ériger en symbole ou en défenseur d’une cause.» Originaire du Bénin, Laurent Jimaja est arrivé à Genève en 1989, à l’âge de 30 ans, après avoir effectué ses études au Sénégal. «C’est une histoire d’amour qui m’a mené ici, pour trois mois de vacances. Je suis finalement resté», raconte ce formateur pour adulte. Malgré une importante activité auprès d’associations du canton telles que la Croix-Rouge ou Caritas, un engagement politique en Suisse n’allait pas de soi: «Je reportais ma vie citoyenne à mon retour dans mon pays d’origine, que je ne connaissais finalement plus beaucoup.» Il y a treize ans, il décide de s’inscrire chez les Verts. «Les personnes d’origine étrangère se sentent souvent peu légitimes à s’engager. En tant que migrant, il faut se déterminer, prendre conscience que c’est ici que l’on vit.» Manque de représentativité Laurent Jimaja évoque une certaine gêne lors de ses débuts dans le milieu politique saconnésien. Une timidité, qu’il a fallu surmonter. «C’est toujours ainsi lorsque l’on débarque dans un groupe de gens qui se connaissent. Il faut comprendre les codes.» Sur ce point, amis et opposants évoquent rapidement une qualité importante du nouvel élu: «la persévérance». Conseiller municipal depuis douze ans, l’écologiste se présentait cette année pour la troisième fois consécutive à la mairie. En 2011, il échouait à 109 voix du podium. «Avec le temps, la population a appris à me connaître. Ils savent à qui ils ont à faire.» Marguerite Contat a travaillé avec Laurent Jimaja pendant plusieurs années au sein de l’association Swissaid, qu’il préside depuis deux semaines. Elle met en avant «son sens de l’écoute très développé» et «sa capacité à trouver des compromis». «C’est une force tranquille. Il en est arrivé là au prix d’un long travail», relève-t-elle. Cette capacité à dialoguer, Laurent Jimaja en aura bien besoin en tant que magistrat de gauche dans une commune dominée par l’Entente. Eliane Michaud-Ansermet, conseillère municipale UDC, espère qu’il apportera un changement: «C’est quelqu’un de très présent, qui parle avec tout le monde. Sa personnalité consensuelle va lui permettre de réaliser ses projets.» Un politicien philosophe «Il pourra certainement amener sa fibre très sociale à notre collège», poursuit Betrand Favre (PLR), conseiller administratif réélu dimanche. S’il se dit enthousiaste à l’idée de collaborer avec le vert, il appréhende toutefois son goût du dialogue un peu trop prononcé: «Laurent est un politicien assez philosophe. Il recherche le débat et veut parler le plus longtemps possible. Or, dans un exécutif, il faut finir par prendre des décisions, sans les remettre en cause la semaine suivante.»
Source : www.lecourrier.ch | |||
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