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Politique, # |
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Kako Nubukpo, ministre de la Prospective et de l'Evaluation des politiques publiques au Togo, est un économiste bien connu en Afrique de l'Ouest pour ses prises de position critiques à l'égard du franc CFA - une " servitude volontaire " à son avis, comme l'indique le titre d'un article qu'il a publié en mars 2007 dans la revue Politique africaine. Ses critiques répétées lui valent d'être dans le collimateur de la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest (BCEAO), qui chercherait sinon à obtenir sa tête, du moins à le faire taire. Une devise " trop forte "La devise du franc CFA, créée en 1945, circule dans les quatorze anciennes colonies françaises d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique centrale (en plus des Comores, la Guinée Bissau et la Guinée équatoriale). Elle est liée à l'euro par un taux de parité fixe, et s'avère du coup " trop forte " pour garantir la compétitivité des économies concernées, estime Kako Nubukpo. Elle rattache par ailleurs les pays de la zone franc à la France par le biais d'un " pacte colonial " qui les contraint à placer 50% de leurs réserves de change auprès du Trésor public français - pour représenter au moins 20% de couverture de l'émission monétaire, un taux qui serait en réalité beaucoup plus important, à plus de 100% selon Kako Nubukpo. Autant d'argent qui ne peut pas servir aux pays d'où il provient, pour financer leur propre développement... L'" acharnement " du ministreDes courriers internes à la BCEAO dont nous avons obtenu des copies, émanant notamment de Kossi Tenou, directeur de l'antenne de la Banque centrale au Togo et adressés au gouverneur de la BCEAO, l'Ivoirien Tiemoko Meyliet Koné, font état d'un " acharnement " de la part du ministre. L'un des cadres de la BCEAO, sollicité pour avis par Kossi Tenou, recommande au sujet de Kako Nubukpo :
Dans un avis différent, émis par un autre cadre de la BCEAO :
Pour " un débat franc et ouvert "Réaction de Kako Nubukpo :
" Culture d'irresponsabilité "Un ministre d'un pays de la zone franc a-t-il le droit de dire ce qu'il pense du système monétaire hérité de la colonisation - et qui rattache désormais le franc CFA à l'euro ? Réponse claire de Mamadou Koulibaly, ancien ministre des Finances de Côte-d'Ivoire et ancien président de l'Assemblée nationale, candidat à la présidentielle de 2015, économiste lui aussi connu pour ses critiques à l'encontre du franc CFA :
" Qui s'y frotte, s'y pique ! "Qu'en pense de son côté Sanou Mbaye, économiste sénégalais lui aussi très critique à l'égard de la devise coloniale et post-coloniale, ancien cadre de la Banque africaine de développement (BAD) aujourd'hui basé à Londres ?
" L'argent de l'Afrique se retrouve à Paris ! "L'économiste sénégalais enfonce le clou, sur les vraies raisons du maintien d'une devise post-coloniale qui permet aux élites politiques d'Afrique francophone de s'acheter facilement des appartements à Paris :
Quant à l'universitaire sénégalais Lamine Sagna, ancien professeur d'économie à Princeton (Etats-Unis), il explique en des termes très clairs le " problème CFA " - une analyse qui rejoint celle de Kako Nubukpo :
PS Quatre économistes viennent d'écrire cette lettre ouverte à la BCEAO, " Nécessité d'une critique nouvelle et interne du franc CFA ".
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