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Politique, # |
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Nom de code : Mercure. C'est le terme employé par les services de sécurité de la ministre de la Justice pour désigner Christiane Taubira. "Mercure s'est trouvée projetée au centre d'un tourbillon médiatico-sociétal", relate ainsi une note interne de novembre 2013, alors que les attaques racistes se multiplient à l'égard de la garde des Sceaux. Un document dévoilé par la journaliste Caroline Vigoureux, qui publie ce vendredi 15 mai la première biographie non-autorisée de la femme politique guyanaise : Le mystère Taubira - La vérité derrière l'icône. Les attaques racistes, une constanteDes attaques, elle en essuie depuis de très nombreuses années, rapporte la journaliste. Décembre 1996. Voilà trois ans que Christiane Taubira est députée de la Guyane. "L'hémicycle, très majoritairement blanc et masculin, n'est pas toujours tendre avec cette femme noire. Un jour de 1996, un "Nique ta mère" fuse des bancs de la droite pendant que Taubira pose une question au gouvernement. Le coupable n'a jamais été identifié", rapporte Caroline Vigoureux. Sans compter les lettres racistes qui, déjà à l'époque, atterrissaient dans le courrier de la parlementaire guyanaise. Regardez ci-dessous le rappel à l'ordre de Philippe Seguin, alors président de l'Assemblée nationale, en décembre 1996 :
Dans les coulisses de l'élection de 2002Le mystère Taubira fourmille d'anecdotes sur la ministre. De sa jeunesse indépendantiste en Guyane à son bombardement surprise à la Chancellerie en 2012 en passant par son amitié avec Bernard Tapie et sa course à la présidentielle de 2002. Candidate sous l'étiquette "Parti radical de gauche", Christiane Taubira obtient quelque 600.000 voix (il en manquait environ 200.000 à Lionel Jospin pour atteindre le second tour). Caroline Vigoureux nous plonge dans les coulisses de cette élection. Et laisse entendre que le "non-retrait" de Christiane Taubira au premier tour s'est joué à bien peu de choses.
Mélomane, bouillonnante, imprévisible Si la politique occupe une place importante dans le livre, Caroline Vigoureux a le chic pour distiller des aspects moins connus de la vie de Christiane Taubira, mère de quatre enfants et grand-mère depuis quelque temps. On la savait viscéralement attachée à sa Guyane natale et passionnée de littérature, on la connaissait moins mélomane. "Quand elle ne dévore pas des livres, elle écoute de la musique : Duke Ellington, Bob Marley, Miles Davis, Keith Jarrett, Nina Simone, Herbie Hancock..." (Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à jeter une oreille à l'émission Summertime, diffusée sur France Inter le 3 mai dernier. Pendant une heure, la ministre évoque avec passion ses coups de cœur musicaux.) Pas étonnant alors qu'elle cite Bob Marley pour pleurer la mort de Michael Brown (ce jeune Noir américain tué par la police à Ferguson) ou qu'elle se fende d'un tweet pour rendre hommage à B.B. King.
"Bouillonnante", c'est un adjectif qui revient souvent pour qualifier la ministre, capable de travailler jusqu'à quatre heures du matin pour potasser ses dossiers (en arrivant à la Chancellerie, elle n'avait encore jamais fait de droit de sa vie). "Imprévisible" aussi. Elle l'a encore prouvé hier, 14 mai, en foulant le tapis rouge à l'ouverture du festival de Cannes pour saluer le film "La tête haute" : l'histoire d'un jeune délinquant et d'une juge pour enfants. Sa manière à elle de souligner qu'après le mariage pour tous et la contrainte pénale, la réforme de la justice des mineurs est son nouveau cheval de bataille. Le mystère Taubira - La vérité derrière l'icône, Caroline Vigoureux, Plon, 2015, 220 pages, 14.90 eurosTaubira affabulatrice ?"Christiane Taubira décide de tout, écrit l'auteure. C'est sa version de l'histoire qu'elle veut faire entendre. Quitte parfois à romancer sa vie pour construire son propre mythe." Référence à cette anecdote que la femme politique guyanaise a longtemps fait circuler : son ex-mari, Roland Delannon, aurait passé un an et demi en prison à la fin des années 1970 pour cause d'activisme au sein du mouvement guyanais de décolonisation. Une version qu'il conteste : "Je n'ai jamais été arrêté et n'ai jamais fait de prison", assure-t-il à Caroline Vigoureux.
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