Lorsque les troupes aguerries de l'armée tchadienne ont envahi un camp Boko Haram dans le nord du Nigeria la semaine dernière, elles voulaient pénétrer profondément dans le territoire contrôlé par la secte Boko Haram mais le Nigeria a refusé de les laisser continuer.

Après avoir battu Al-Qaïda au Mali il ya deux ans, l'armée tchadienne estime qu'elle pourrait anéantir seule Boko Haram. L'armée tchadienne a remporté des victoires éclatantes qui ont poussé les terroristes loin des endroits près de la frontière camerounaise. Cependant à l'approche des élections présidentielles de ce mois, le Nigeria est désireux de poursuivre sa propre campagne militaire contre Boko Haram, visant à chasser les terroristes hors des grandes villes avant le 28 Mars.
La raison du refus tiendrait au fait que le président Goodluck n'aimerait pas être embarrassé à la veuille de sa réélection. Fier d'être une puissance africaine majeure, ce serait une source d'embarras pour le président Goodluck Jonathan de laisser le Tchad en charge des problèmes de sécurité au Nigeria selon des diplomates.

" Nous avons rebroussé chemin parce que le Nigéria ne nous autorise pas à aller plus loin ", a déclaré le porte-parole de l'armée le colonel Azem Bermandoa. Le porte-parole du Nigeria pour les opérations dans le nord-est, Mike Omeri a déclaré que la coopération entre les forces tchadiennes et nigérianes a apporté d'importants succès militaires et que tous les problèmes seraient résolus par l'intermédiaire de structures existantes de commandement Cependant les Tchadiens affirment qu'il n'y a pas eu d'opérations conjointes entre les deux forces. L'offre du Tchad à se joindre à une offensive nigériane pour liberer la ville de Baga a été rejetée a déclaré Bermandoa

Les responsables du Tchad, du Niger et du Cameroun déclarent qu'il existe un manque de coopération de la part du Nigeria depuis des mois et cela a entravé les efforts pour mettre sur pied un groupe de travail régional de lutte contre Boko Haram. Le Tchad a été contraint de prendre des mesures unilatérales en Janvier, en vertu d'un accord qui lui permet de poursuivre les terroristes au Nigeria, suite aux violences de Boko Haram qui avaient commencé à étouffer les importations économiques . La coopération entre le Cameroun et le Nigeria a été toujours tendue, tandis que le Niger a accusé les troupes nigérianes d'être des lâches

Plusieurs nigérians se demandent pourquoi il a fallu attendre aussi longtemps pour agir. Le Niger, le Cameroun et le Tchad dénoncent la négligence du Nigeria face à l'insurrection. Ces derniers mois, Muhammadu Buhari, ancien dirigeant militaire qui est le candidat présidentiel de l'opposition (APC), a gagné en popularité auprès des électeurs désespérés de la corruption et de la secte Boko Haram.

Avec le Tchad qui fait face à l'effondrement du prix du pétrole, son principal produit d'exportation, le gouvernement tchadien a annoncé qu'il ne peut pas soutenir l'offensive au Nigeria sur une longue durée, selon des diplomates. Cependant Buhari a déjà critiqué Jonathan pour s'être appuyé sur le Tchad afin de repousser Boko Haram, affirmant que son gouvernement allait seul résoudre le problème.

Certains dans l'armée et au sein du gouvernement sont désireux de limiter la participation étrangère sur le sol nigérian, selon des diplomates. Lorsque les forces tchadiennes le mois dernier sont entrées dans la ville de Dikwa, l'armée nigériane leur a dit de quitter car elle avait l'intention d'effectuer des frappes aériennes, a déclaré Bermondoa .

via Reuters