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Mode & Beauté, # |
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D'une main experte, Fatou recoiffe sa voluptueuse crinière. Trois heures de soins auront été nécessaires pour dompter ses boucles XXL. Ainsi va la routine capillaire des nappys (contraction de natural et happy, en français naturelles et heureuses), femmes noires et métissées qui assument leurs boucles, délaissant les défrisages, les perruques ou encore les extensions. Ce mouvement, qui a vu renaître les coiffures afro aux Etats-Unis au début des années 2000, se développe désormais en France grâce au Web. De 2007 à 2013, l'audience des blogs consacrés à la beauté " ethnique " a ainsi fait un bond de 34 %*. Et la moitié des sujets portent sur les cheveux. " Nous constatons, vue l'augmentation des requêtes concernant ce sujet sur le moteur de recherche Google, que les femmes sont de plus en plus nombreuses à revenir aux cheveux crépus, confirme Delphine Viguier, directrice de Lascad2. En 2013, 16 % des internautes se disaient favorables à un retour au naturel**. Si celles qui sautent le pas restent minoritaires en France, la tendance s'exprimera pleinement dans les cinq ans à venir. " Fatou N'Diaye, 35 ans, est l'une des nouvelles divas du cheveu crépu et libre. Son blog Blackbeautybag.com reçoit 24 000 visiteurs par jour. Aubadya, une autre blogueuse, renchérit : " Je ne me sens pas plus ou moins africaine parce que je porte les cheveux naturels. " Depuis trois ans, les nappys du Web ont trouvé un lieu pour prendre soin de leur chevelure rebelle. Pionnière en France avec son collectif Boucles d'Ebène, Aline Tacite a créé à Bagneux (Hauts-de-Seine) le Salon by BE, l'un des tout premiers consacrés aux cheveux afro. Il ne désemplit pas. " Ici, nos clientes opèrent un réapprentissage, et elles ont besoin d'être accompagnées. Leur image va être bouleversée car, toute leur vie, elles se sont construites avec des cheveux défrisés ", explique Djenabou, une coiffeuse du salon. Affronter les préjugés C'est le cas de Yabo, 31 ans, d'origine béninoise. " Dès l'âge de 8 ans, j'ai eu le cuir chevelu brûlé par la soude contenue dans de nombreuses formules lissantes. Je n'ai pas voulu que ma fille vive ce cauchemar ", explique-t-elle.
Mamiky, 22 ans, a, elle, adopté la nappy attitude dès le collège. Non sans provoquer quelques heurts. " Ma mère me répétait : "On est en France, on doit s'intégrer en gardant nos cheveux lisses." " Au travail, cette aide-soignante a dû affronter les préjugés : " Mes collègues, surtout les Noirs, me déconseillaient de garder mes cheveux naturels avant un stage. Mais, au fil du temps, je vois de plus en plus de filles comme moi. " Des filles chics, sans prise de tête. * Audit réalisé par le groupe L'Oréal.
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