Salut à tous,

Après cette interruption d'un mois, essentiellement due à la création de mon collectif autour de l'attaché de foulard (on en parlera plus en détails en septembre si vous le souhaitez), je reprends aujourd'hui les bonnes habitudes. C'est une nouvelle rubrique de la fenêtre de mes pensées sur le monde que je vous fais découvrir aujourd'hui.

J'admire de nombreuses personnes, qu'elles soient vivantes ou mortes. C'est un trait de caractère qui exprime ce que je suis depuis que je suis toute petite. J'admire de nombreuses personnes qui font ma personne actuelle. Je décidai donc de leur écrire une lettre sur mes questionnements, les réponses que leurs attitudes, musiques, livres et j'en passe m'ont donné au fil des années.

Aujourd'hui, j'écris ce courrier à Madame Nina Simone. Pourquoi elle ? Je ne sais pas. Elle n'a pas radicalement bouleversé ma vie comme d'autres (coucou Jacqueline Cachemire-Thôle ou Aimé Césaire ou Tatie Ghislaine) mais elle m'a beaucoup aidé sur de nombreuses périodes de ma vie. Je me lance donc. Vous me direz en commentaires, quelles sont les personnes inspirantes de votre vie, ce sera avec plaisir que je verrai si nous avons peut-être les mêmes modèles.

Chère Nina Simone, C'est en classe de CM2 que j'ai entendu les premières notes de ta musique. Passionnée déjà à cet âge par la danse, en activité de mi-journée, j'avais choisi l'option Rock'n'Roll contrairement à toutes les petites de mon âge qui étaient parties en Fitness ou en Peinture. C'est dans cette classe où j'avais lu mes premiers mots que j'entendais " My baby just cares for me" . Je ne savais pas que 15 ans plus tard, je me souviendrais instinctivement des pas de la choré de fin d'année sur le parquet de mon salon à 8000kms de là où je les avais appris. Ce soir-là, ta musique m'a sauvée. Ce soir-là, épuisée de penser, épuisée de réfléchir, épuisée de compter, épuisée de calculer, Youtube et son génie avaient placé juste après Billie Holiday, l'album rétrospectif de tes meilleurs morceaux. Oui je parle de " The Very Best Of Nina Simone " . Une heure et quinze minutes de bonheur, d'apaisement, de tourments, de paroles qui me déchiraient et me guérissaient en même temps. J'avais déjà préparé les dernières lignes de nombreux devoirs grâce à tes morceaux mais ce soir-là était particulier. Mon piano était ma machine à coudre ce soir-là. J'entendais " I put a spell on you " avec des frissons, je pleurais sur " I love you Porgy" , je m'arrêtais, les yeux dans le vide, en écoutant " Don't let me be misunderstood" , je souriais sur " Feeling Good" , je soupirais sur " Nobody's fault but mine " et je me relevais sur " To be young, gifted and black" . Tu m'as sauvée ce soir-là. Tourmentée comme ton personnage, même en ayant écrit ces morceaux des années avant que je sois même pensée par mes parents, tu avais déjà trouvé des mots pour répondre à mes maux.

Nina, pourquoi toi ? Nina, pourquoi tu me parles autant ? Pourquoi une artiste comme toi a connu tant de tourments, de souffrances ? Peut-être était-ce le malheur de la vie que tu portais en toi pour mieux nous transmettre le goût de celle-ci ? Peut-être que tu devais passer par là pour répondre à des générations et des générations ? Nina, suite à cette nuit où tu m'avais gardé et permise d'être forte malgré tout, je me rendais au cinéma. Là, je tombe sur une publicité qui m'a plus intéressée que le film lui-même (la preuve, je ne me souviens même pas quel film que j'avais vu ce soir-là). Netflix avait produit un documentaire sur toi, sur ta vie, sur ta place dans l'histoire des Etats-Unis d'Amérique, ta place dans l'histoire de la musique, ta place dans la vie de chacun, ta place dans le monde. Je me décidais enfin à prendre Netflix, juste pour toi, juste pour te voir, juste pour en savoir beaucoup plus sur celle dont la musique me touchait tant sans la connaître vraiment. Un samedi, je décidai de ne répondre à aucune sollicitation, d'abandonner tout le monde, d'attendre juste, de rafraîchir ma page Netflix et de voir apparaître " What happened Miss Simone ? ". Durant 2 heures, je fus littéralement captivée, je fus tourmentée, je fus en larmes, je fus ébahie par ce documentaire qui me donnait l'impression de voir exactement la vie de celle qui avait sauvé la mienne un soir. Je me posais désormais une question. Nina, ton talent t'a-t-il éloigné des autres ? Nina, ton talent a-t-il créé ta solitude ? Comment une femme si seule que toi pouvait être aimé par tant de personnes ? Comment ne pas t'aimer, te vouloir à nos côtés malgré tes tourments ? Nina, je me suis permise de te tutoyer car tu es partie intégrante de moi. Nina, je me suis permise car " you fixed me ". Nina, tu as guérie une partie de mes questionnements par ta musique sans me connaître donc je me permets de te tutoyer. Le soir venu, en rêve, une phrase m'est venue à l'esprit " n'est-ce-pas l'objet même du jazz de toucher l'être humain au plus profond de lui-même, de répondre à ses douleurs, de répondre à ses maux, de lui permettre de lui trouver un refuge grâce à cette musique à la fois douce et violente ? Nina, merci pour ton oeuvre. Nina,merci pour ta personnalité. Nina, merci pour les images de ton énergie sur scène que j'ai pu voir (non pas sans regret de ne t'avoir jamais vu en réalité).

Voilà, c'était ma première " Lettre à... ". J'espère que cela vous a plu malgré son caractère mélancolique ou tourmenté. Elle allait parfaitement avec le personnage que je voulais " présenter ". J'écrirai par la suite à des personnes plus ou moins connue (ou voir pas du tout). Je vous laisse avec l'album sur YouTube " The Very Best Of Nina Simone ".

A très bientôt,

Noémi SANS e