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Société, # |
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Voyager à travers l'Afrique est plus facile pour un Américain qu'un citoyen africain. Sans visa, le premier peut se rendre en moyenne dans plus de pays que le second. Un vrai paradoxe que nous avons déjà expliqué sur Slate Afrique. À partir de ce constat, il est facile d'imaginer qu'un Congolais ou un Tunisien qui voudrait passer ses vacances dans l'hémisphère nord sera confronté à un mur. En cette période estivale en Europe ou en Amérique du Nord, de nombreux citoyens africains aux poches assez pleines pour s'envoler vers d'autres cieux en avion - ce qui déjà un luxe énorme en Afrique -, se retrouvent confrontés à la difficulté d'obtenir un visa pour des pays qui voient en chaque voyageur du Sud, un migrant potentiel. Pour le cas particulier de la France, qui est une destination majeure pour les touristes d'Afrique francophone qui veulent visiter des proches installés dans l'Hexagone ou simplement découvrir l'ex-puissance coloniale qui entretient encore de très nombreux liens culturels et économiques avec son ancien "pré-carré", la mission est ardue pour les demandeurs de visas touristiques.
Attestation d'accueil en FranceLes services consulaires exigent de très nombreux justificatifs et documents, ainsi que des revenus financiers importants.
Après avoir envoyé son dossier à l'ambassade avec toutes les pièces exigées, elle s'est vu répondre que "les raisons de son séjour n'étaient pas claires". Elle s'était pourtant déjà rendue en France à plusieurs reprises pour raisons professionnelles. "C'était injuste car j'avais déjà fait des voyages et j'étais revenu". Après avoir poussé la porte du consulat, elle a finalement obtenu le précieux tampon pour prendre l'avion. Mais à une condition.
"Je suis démotivé par le tas de paperasse à fournir"J'ai contacté le consulat français de Dakar pour en savoir plus sur leur politique de visa tout en leur exposant le cas de Lala. Voici leur réponse:
Les services consulaires ne tiennent cependant pas de statistiques particulières pour les visas touristiques. "Cependant, il faut savoir que la plus grande partie des demandes de visas (et donc des visas délivrés) concerne les visas de court séjour (durée inférieure à 90 jours), intégrant les visas pour tourisme", explique Aurélie Carlot de l'ambassade de France à Dakar. Le taux d'acceptation, s'il est bien moins élevé que celui des Français qui font une demande de visa pour un pays africain - quand cela leur est demandé ce qui est rare en Afrique francophone -, n'est donc pas si drastique. Mais les nombreux documents demandés par les consulats français découragent bon nombre de citoyens du continent de faire une simple demande, ce qui n'est pas visible dans les statistiques.
Une barrière aux couleurs de la France devant l'ambassade française au Caire, le 20 septembre 2012. KHALED DESOUKI / AFP"On voit les Européens circuler partout sans soucis..."
Le manque d'humanité de la bureaucratieIl y a aussi les cas qui se heurtent à une bureaucratie qui manque parfois d'humanité. Une Libérienne de 17 ans qui habite Conakry en Guinée, voulait pendant l'été rejoindre pour trois mois sa mère installée en région parisienne depuis quelques années. C'est la tutrice de l'adolescente qui vit avec elle qui a notifié la demande de visa au consulat français. "La mère s'était mariée et était dans une situation compliquée. Elle n'a eu la possibilité de n'emmener qu'un de ses deux enfants en France", explique une proche du dossier. "L'idée pour sa fille, c'était de l'emmener en France pour qu'elle voie sa mère, mais aussi qu'elle consulte pour les crises d'épilepsie dont elle est victime. Sauf que l'ambassade lui a demandé si elle demandait un visa touristique ou un visa médical." L'adolescente répond qu'elle demande un visa médical et est ausculté par le médecin du consultat. Il donne son feu vert mais l'ambassade ne suit pas. La famille dépose un recours, comme elle en a le droit, et attend toujours une réponse. "Le problème avec l'administration française est l'inadéquation entre la situation réelle des demandeurs de visa et ce qu'elle exige", conclut l'amie de la famille de l'adolescente libérienne qui a aidé aux démarches. Des récits où pointent la frustration et la colère, comme celui-ci, sont innombrables sur le continent. Lorsque nous avions posé la question sur Twitter, les réponses se sont multipliées, signe de "l'injustice du visa".
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