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Politique, # |
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" Aujourd'hui, la France se réveille avec la gueule de bois. Elle pensait que tout y était encore sous contrôle et que sa " science africaine " était infaillible. Tout cela n'est qu'un leurre : les destinées politiques, religieuses, sociales et économiques de ce continent lui ont complètement échappé. Par arrogance, les dirigeants français ne se sont jamais véritablement intéressés à la complexité de l'Afrique... " lit-on en quatrième de page de l'ouvrage d'Antoine Glaser. Une citation qui reprend l'analyse de l'auteur qui s'est confié au Point Afrique.
Le Point Afrique : Quel événement a servi de déclic à ce livre sur " l'arrogance française en Afrique " ?
Le déclic s'est fait à la lecture de quelques livres sur l'histoire de l'Afrique. J'ai réalisé que la méconnaissance de ce continent et le manque de vision de la politique française en Afrique étaient liés à un anachronisme historique. La France ne regarde toujours l'Afrique qu'à travers son propre miroir, d'où l'arrogance. À la lecture de ce livre, on se dit que les Français ont presque tout raté en Afrique. Y a-t-il quelque chose qu'ils aient quand même réussi ? Il y a bien sûr des Français qui se sont intéressés très tôt à l'histoire africaine de l'Afrique. L'étude des sociétés africaines de leurs langues et de leur dynamisme interne par l'anthropologue Yves Person est ainsi remarquable. Il s'est battu pour faire reconnaître les sources orales ignorées par l'establishment des historiens français. Ses analyses sur les chefs de guerre islamistes du XIXe siècle, tels que Samory Touré ou El Hadj Omar, permettent de comprendre la résurgence des califats d'aujourd'hui. Faut-il encore s'intéresser à cette histoire... On ne peut manquer de faire des comparaisons avec la Grande-Bretagne qui a été l'autre grande puissance impériale sur l'Afrique. Qu'est-ce que Britanniques ont pu mieux faire que les Français pour garder le contact, et le bon, avec le continent ? Ce serait simpliste et réducteur de distinguer une bonne colonisation britannique à une mauvaise colonisation française. Les Britanniques ont toujours pratiqué en Afrique, comme chez eux, une " politique de clubs ". Chacun dans son club pour le meilleur... et pour le pire : l'apartheid en Afrique du Sud. Les Français ont toujours une attitude paternaliste à l'égard de l'Afrique et des Africains. De ce fait, les Français n'assurent toujours la promotion que des Africains qui leur ressemblent. Si un Africain veut se faire aimer de la tour Eiffel, il a intérêt à être aussi francophile que francophone... Vous continuez à observer les différentes personnalités, entités et autorités françaises (économiques et politiques) qui interviennent en Afrique, y a-t-il des raisons d'espérer que les leçons du passé ont été retenues ? J'ai été surpris de l'honnêteté et de la justesse de tous les rapports des parlementaires français qui ont été publiés depuis 2015 (Lorgeoux/Bockel au Sénat, Baumel/Guibal à l'Assemblée nationale, rapport Védrine-Zinsou pour l'Élysée, Attali pour la francophonie...). Interviewés " off ", les militaires français qui opèrent sur l'Afrique sont aussi beaucoup plus lucides que certains politiques. Parmi les universitaires et les diplomates, une nouvelle génération est aussi beaucoup plus au fait des réalités de l'Afrique d'aujourd'hui que leurs grands-parents qui sont restés scotchés à une Afrique de la guerre froide...
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