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Politique, # |
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Devant un hangar de l'aéroport d'Antananarivo, Herinirina attend le corps de sa femme qui arrive d'Arabie saoudite. Elle faisait partie des nombreuses domestiques malgaches qui disent avoir été réduites en esclavage dans le Golfe. " Madagascar est un exemple parmi d'autres en Afrique ", note le porte-parole de l'Organisation internationale du travail à Genève, Hans von Rohland. " Un rapport récent de l'OIT sur l'Éthiopie montre que le trafic d'Éthiopiens vers le Moyen-Orient et le Soudan est un phénomène important ", ajoute-t-il. Plus largement, le Bangladesh, l'Indonésie, le Sri Lanka, les Philippines ou le Népal fournissent des milliers d'ouvriers ou d'employés de maison aux pays du Golfe. Et les organisations de défense des droits de l'homme dénoncent régulièrement les mauvais traitements et même les tortures. Du Clorox... De ce fait, le gouvernement malgache a décidé l'an dernier de suspendre l'envoi de travailleurs migrants dans les pays " à risque ", mais un réseau d'agences de recrutement continue d'envoyer des domestiques en toute impunité. Moins massivement. À titre d'exemple, le responsable de l'une des agences propose de faire travailler des femmes au Liban, un pays interdit depuis 2011 car de nombreux cas de mauvais traitements ont été enregistrés. Il assure sous le couvert de l'anonymat que " les patrons sont gentils " et demande aux candidates au départ de " donner à la police de l'aéroport " entre 100 000 et 120 000 ariarys (30 à 37 euros). De son côté, le ministère du Travail dénonce un trafic international. " C'est de la traite " Dans un pays où plus de neuf habitants sur dix vivent sous le seuil de pauvreté, les autorités ont du mal à enrayer ce trafic juteux. En effet, une famille dans le Golfe débourse environ 2 500 euros pour embaucher une domestique, qui ne touchera qu'un salaire d'environ 150 euros, et l'agence de placement malgache peut toucher jusqu'à 1 400 euros de commission, selon Norotiana Jeannoda, présidente du syndicat professionnel des travailleurs diplômés en travail social (SPDTS). " On peut estimer que les travailleurs domestiques en situation de travail forcé reçoivent en moyenne 40 % du salaire qu'ils devraient recevoir ", relève Hans von Rohland, de l'OIT. " Les ménages privés qui emploient des travailleurs domestiques dans des conditions de travail forcé économisent annuellement environ 8 milliards de dollars en ne payant pas ou pas assez leurs travailleurs. " De son côté, l'Arabie saoudite a adopté l'an dernier de nouvelles règles pour protéger les domestiques, leur accordant un jour de congé hebdomadaire et garantissant le paiement de leur salaire. | |||
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