Voilà une dizaine de jours qu'on n'entend plus Fred Muvunyi, le président de la jeune Commission rwandaise des médias (Rwanda Media Commission - RMC), organe d'autorégulation indépendant. Le concerné a démissionné de ses fonctions. Du moins, si l'on s'en tient au message posté sur son compte Twitter le 12 mai 2015.

" J'ai démissionné de mon poste de président de la RMC. Amis journalistes, je vous remercie pour votre confiance et votre soutien " , pouvait-on lire. Fred Muvunyi était alors injoignable, même sur son téléphone portable. Depuis, plus rien. Puis la RMC a confirmé la démission de son président, sans pourtant en donner les raisons.

Mais au Rwanda, les médias locaux croient savoir que Fred Muvunyi était victime des pressions à cause de son indépendance d'esprit. En mars dernier, il avait dénoncé l'arrêté du Premier ministre qui accorde de nouvelles attributions à la RURA, organe gouvernementale traditionnellement chargé d'attribuer des fréquences aux médias audiovisuels.

Désormais, la RURA a la mission de " protéger les intérêts de tous les consommateurs contre des diffusions relatives à la pornographie, la pédophilie, la violence, la discrimination, le divisionnisme ainsi que celles portant atteinte à l'intégrité nationale " . Il s'agit là d'une compétence de la RMC, s'était indigné Fred Muvunyi qui craignait pour la survie de cet organe d'autorégulation obtenu de haute lutte par les journalistes et qui a toujours revendiqué son indépendance. La RMC avait condamné la suspension, en octobre 2014, des programmes de la BBC au Rwanda en représailles de la diffusion du documentaire , (Rwanda : le non-dit). Cette production mettait en cause le régime du président Paul Kagamé dans le génocide rwandais de 1994.