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Avec plusieurs années de retard, le conglomérat nigérian inaugure enfin deux cimenteries, au Sénégal et au Cameroun. Mais la guerre des prix n'aura pas lieu... Enfin, seraient tentées de dire les mauvaises langues. Avec deux à trois ans de retard sur l'agenda prévu, Dangote a démarré ses activités au Sénégal et au Cameroun. Le groupe nigérian, qui prévoyait d'ouvrir une cimenterie sénégalaise en 2012 et, quelques mois plus tard, une unité au Cameroun, aura connu bien des difficultés. Au premier rang d'entre elles, la question du foncier. À Pout, à l'est de Dakar, l'ouverture de la cimenterie a longtemps été retardée par un conflit avec les héritiers de l'ancien calife général des mourides, Serigne Saliou Mbacké. Et, à Douala, les problèmes de fourniture d'électricité et de viabilisation de la voie d'accès à la cimenterie ont entraîné un nouveau report mi-2014. Disparu Des embûches auxquelles le géant nigérian, largement dominant sur son marché domestique, a également dû faire face dans d'autres pays du continent. En Côte d'Ivoire, face à la bronca des acteurs présents, Dangote tarde à lancer son usine de broyage de clinker (importé du Nigeria) de 1,5 million de tonnes. Initialement prévue pour le début de l'année 2013, elle est désormais attendue pour fin 2016. Et ses usines au Liberia et en Sierra Leone ont été de nouveau retardées, officiellement par le virus Ebola. Quant à ses projets gabonais, ils semblent avoir purement et simplement disparu. Finalement, avec une capacité d'une trentaine de millions de tonnes par an en Afrique subsaharienne, le conglomérat est aujourd'hui bien loin d'atteindre l'objectif claironné en mai 2012 par son patron, Aliko Dangote : 60 millions de tonnes de ciment à l'horizon 2016.
Sans surprise Mais les Ciments du Sahel n'ont "pas peur de Dangote" et affirment même que son arrivée n'a pas perturbé le marché. D'ailleurs, pour le conglomérat nigérian, se lancer au Sénégal pourrait ne pas être une si bonne affaire, l'offre étant nettement supérieure à la demande. Alors que les capacités de production des Ciments du Sahel et de la Sococim, autre géant local, représentent au total 6 millions de tonnes de ciment, et que Dangote en affiche 1,5 million de tonnes, la demande intérieure est estimée à seulement 2,5 millions de tonnes par an.
Dominée par Cimencam et Cimaf, l'offre nationale s'est élevée à 5,2 millions de tonnes en 2014, pour une demande supérieure à 9 millions de tonnes, en croissance de 8 % par an. L'entreprise envisage également d'exporter 30 % de sa production en Afrique centrale, notamment au Tchad, où les prix sont bien plus élevés, mais aussi en Centrafrique, en Guinée équatoriale et au Gabon. "Nous avons effectué des études dans ces pays et sommes convaincus qu'il y a de la place. Forts de nos produits et de nos prix, nous sommes sûrs d'être compétitifs", assure Abdullahi Baba. Dangote Cement Cameroon entend ainsi atteindre 30 % de part de marché en 2015, avec une production de 950 000 tonnes, pour une capacité théorique de 1,5 million de tonnes. Surveillés À Dakar comme à Douala, le succès ou les échecs de Dangote seront en tout cas surveillés de près. Et malgré les retards et les difficultés, le groupe maintient le cap, fort d'une rentabilité toujours parmi les plus élevées en Afrique : l'année dernière, sa marge d'Ebitda a en effet atteint 57 %, soit à peu près le niveau des sociétés de télécoms les plus rentables. Après avoir concentré toute son énergie sur le Nigeria, où il a ouvert en 2014 l'équivalent de 9 millions de tonnes de nouvelles capacités, le groupe annonce l'ouverture des sites zambien, éthiopien et tanzanien en 2015. Et le redimensionnement de ses projets kényans à la hausse, avec une capacité visée de 3 millions de tonnes, contre 1,5 million auparavant. Une multitude de projets pour rattraper le temps perdu. | |||
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