Victorin Lurel semble particulièrement remonté face " aux chiffres fantaisistes et démagogiques avancés ici et là sur le coût de la construction du Mémorial ACTe " . Après avoir remis les pendules à l'heure, le week-end dernier, à l'occasion d'une visite de chantier du bâtiment, le président de Région a encore apporté des précisions, lors de la plénière. À en croire Victorin Lurel, " la facture finale ne dépassera pas les 83 millions d'euros. " Et comme Europe et État français ont décidé de mettre la main au portefeuille, " la charge supportée par le conseil régional s'élève à 37 millions d'euros. "

Suffisant pour calmer " les polémiques insistantes " ? En tout cas, après avoir " réaffirmé " que le coût de l'inauguration " où ont été conviés de nombreux chefs d'État et de gouvernement d'Afrique et de la Caraïbe " n'excèdera pas " 680 000 euros pour les quatre journées de cet événement " , le président de Région a tenu à mettre en parallèle de ces dépenses " les 300 emplois directs générés depuis 24 mois " pour un chantier " réalisé par des sociétés locales " . Conclusion : " Oui " , le Mémorial, " c'est du béton. Mais du béton culturel qui a une âme. (...) Nous prenons des risques, mais le pays le mérite. Nos ancêtres esclaves aussi. "

Loin de paraître isolé sur ce sujet sensible, Victorin Lurel a d'ailleurs pu compter, à l'issue de cette mise au point, sur le soutien du député-maire des Abymes, invité à assister à cette plénière avec d'autres. Ce dernier a expliqué " qu'aucun musée au monde, même au États-Unis, ne dégageait de bénéfices! "

CYCLOTRON : C'EST COMME SI C'ÉTAIT FAIT

Autre sujet cristallisant actuellement les crispations entre la Métropole, notre archipel et la Martinique, sur lequel Victorin Lurel n'a pas maché ses mots : celui du centre médical d'imagerie qui devrait, entre autres choses, accueillir un TepScan. Sur ce point, c'est clair, net et précis : en la matière, le président de Région ne lâchera rien. " Les experts désignés par le gouvernement ont fait leur travail. Nous avons été auditionnés au même titre que nos homologues de Martinique. Maintenant, et par courtoisie, nous avons décidé d'attendre la décision de l'État, qui, dans tous les cas, ne sera qu'un avis. Mais je vous le dis déjà avec détermination et confiance : nous avons pris notre décision, la Guadeloupe aura son cyclotron. Nous avons déjà lancé nos marchés en ce sens. "

Quant à la Martinique, " libre à elle de faire du lobbying à Paris pour un autre modèle plus lourd, plus onéreux et qui, au final, sera déficiataire. " Letchimy devrait apprécier.

De 80 à 100 millions d'euros

Exit l'emploi du mot " consensus " , accusé de trop faire penser à Jacques Gillot! Désormais, pour évoquer la nouvelle collaboration entre Département et Région, Josette Borel-Lincertin a dit préférer l'expression de " coopération renforcée " . Une " charte de bonne gouvernance et d'entente cordiale " , présentée aux deux assemblées a même été imaginée, afin de sceller " une nouvelle synergie autour de quatre sujets prioritaires " (l'eau, la gestion des déchets, l'insertion et l'internet à très haut débit). Ce qui est certain, c'est que la dot mise dans la corbeille des mariés par le Département pèsera son poids : alors que Victorin Lurel a rappelé dans son discours introductif que 100 à 150 millions d'euros étaient nécessaires " pour financer les investissements pour la mise à niveau du réseau d'alimentation en eau " , Josette Borelle-Lincertin, en fin de plénière, a annoncé que le Département était disposé à contracter " un prêt entre 80 et 100 millions d'euros. " Non sans le justifier : " Comme il y a urgence sur ce dossier, il faut donner un signal fort aux Guadeloupéens. "