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Congo : Brazzaville a-t-il bradé son pétrole à une société suisse inconnue ?

  Politique, #

Le 30 mai 2013, la Congolaise de raffinage (CORAF) signe avec l'entreprise suisse Philia SA un contrat lui octroyant la totalité du fioul destiné à l'exportation du 1er juin au 31 décembre 2013, renouvelable pour une année " après une évaluation en janvier 2014 ". A priori, rien d'extraordinaire, sauf que Philia est inconnue dans le monde du négoce du pétrole. Elle a été créée le 26 octobre 2012, avec un modeste capital de 100 000 francs suisses (91 000 euros). Et que le contrat a tout de même été signé par Denis Christel Sassou Nguesso, le fils du président. Il est vrai qu'il est administrateur général de la Coraf et directeur général adjoint de la Société nationale des pétroles congolais (SNPC), dont dépend à 100 % la Coraf. Quant à Jean-Philippe Amvame Ndong, un ancien enseignant, d'origine gabonaise, l'actionnaire unique de la société Philia, il n'avait jamais fait parler de lui auparavant.

Achat et revente le même jour

Tout irait pour le mieux si des documents internes de la société Philia n'étaient pas parvenus entre les mains de la Déclaration de Berne, une ONG helvétique réputée pour sa pugnacité. Elle constate que " ce juteux contrat n'a pas été obtenu par la société de négoce au terme d'une procédure d'appel d'offres ". Plus ennuyeux, du moins moralement, " la société genevoise revend en effet systématiquement les cargaisons obtenues de la Coraf, notamment à d'autres négociants helvétiques (Mercuria, Mocoh et AOT Trading), et ce, aux mêmes conditions contractuelles, à l'exception du prix ". En d'autres termes, Philia se contente d'acheter et de revendre immédiatement en empochant chaque fois une belle plus-value.

Un simple échange de paperasse

Un exemple ? Le 15 octobre 2013, Philia achète 43 981 tonnes de fioul à la Congolaise de raffinage (CRAF). Le jour même, Philia refourgue le fioul à AOT Trading AG, domiciliée dans le canton de Zoug. C'est AOT Trading AG qui se charge de livrer la cargaison à un client aux États-Unis. Le 24 octobre 2013, AOT trading AG verse 29 361 692 dollars à Philia, sur un compte ouvert à Londres à la Zenith Bank, un groupe nigérian. Le 14 décembre, Philia verse à son tour 29 070 460 dollars à la Congolaise de raffinage. Entre-temps, la société genevoise a encaissé presque 300 000 dollars (291 232) pour un " simple échange de paperasse ". C'est ce que révèle, dans un dossier intitulé " Un contrat raffiné ", l'ONG la Déclaration de Berne.

Philia dément les accusations

Démenti catégorique de Philia, qui a répondu par mail aux questions du Point Afrique. La société de négoce assure qu'elle a obtenu ce contrat d'enlèvement " après un appel d'offres international en bonne et due forme, pour une cargaison spot, et ce, sur la base du meilleur prix et de conditions contractuelles standard. C'est à la suite du succès de cet appel d'offres et compte tenu des conditions contractuelles de marchés plus favorables proposées par Philia à la Coraf que celle-ci a exercé son droit de signer un contrat à terme ". Concernant l'activité de l'entreprise genevoise, qui se limiterait à de simples jeux d'écriture, Philia dément " revendre immédiatement à des tiers ". Elle affirme que " la majorité des cargaisons est vendue par Philia directement à de grandes sociétés de raffinage de pétrole au meilleur prix possible sur le marché ".

Un site de la CORAF. © DR

L'ONG attaque le régime congolais

Si le dossier préparé par la Déclaration de Berne cible Philia, il s'en prend encore davantage au régime congolais, l'accusant d'être l'un des plus corrompus de la planète. L'ONG suisse rappelle que Denis Christel Sassou Nguesso est connu pour ses dépenses importantes, révélées par l'affaire des " biens mal acquis ". Il aurait ainsi investi huit millions d'euros dans la rénovation d'un appartement à Paris et un hôtel particulier à Neuilly. L'un des chapitres s'intitule " Philia : au cœur d'un détournement ? ". Toutefois, l'ONG reconnaît qu'elle n'a " rien pu déceler d'illégal dans les transactions impliquant Philia ".

Des avantages à un agent public étranger

En revanche, les accusations portées le 17 janvier par Le Matin dimanche de Lausanne, si elles étaient confirmées, pourraient s'avérer embarrassantes. Sous le titre " Pour le clan Nguesso, le pétrole vaut bien une suite de luxe à Genève ", l'hebdomadaire raconte que Philia a déboursé 4 271 francs suisses [3 890 euros] pour des séjours à La Réserve, un cinq-étoiles genevois, le 4 décembre 2012, le 28 janvier et le 29 mars 2013. " L'invité logé dans ce luxueux établissement aux frais de Philia, deux mois avant la signature du contrat : Jean-Jacques Makaya, le directeur financier de la Congolaise de raffinage. " Une autre facture de 18 084 euros, datant d'août 2013, correspondant à un séjour dans un palace à Ramatuelle. Jean-Jacques Makaya y aurait rencontré Jean-Philippe Amvame Ndong, l'actionnaire unique de cette entreprise de trading. Or, " en droit suisse, un privé ou une entreprise a l'interdiction d'octroyer des avantages à un agent public étranger ".

Pas d'accointance avec des personnes exposées

Une fois encore, la société de négoce genevoise s'indigne face à de telles accusations : " Philia n'a aucune accointance d'affaires avec des personnes exposées politiquement, que ce soit en République du Congo ou ailleurs. Philia est un établissement sérieux et professionnel et mène toutes ses affaires dans le respect scrupuleux des lois des pays dans lesquels elle opère. Philia n'a jamais eu de pratiques ne correspondant pas aux pratiques commerciales établies et aux règles juridiques ", a répondu par mail la société au Point Afrique.



Source : afrique.lepoint.fr


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