Devenez publicateur / Créez votre blog


 

Diaspora - Khaled Igué : un symbole de la nouvelle Afrique

  Business, #, #TDI

 

Formé au Bénin, en France et aux États-Unis avant d'aller faire ses classes chez Areva, Khaled Igué est président du think tank Club 2030 Afrique qui veut " apporter des réponses africaines aux défis du continent ". Mais pas que. En effet, en plus de sa casquette de think tanker, il est aujourd'hui le directeur des partenariats publics et institutionnels de la jeune OCP Africa, filiale du leader marocain et mondial des phosphates, OCP, dédiée au continent. Cotonou, Dakar, Brazza, Kinshasa... À cheval entre Paris et Rabat, Khaled Igué multiplie les déplacements sur le continent. Sa mission est à la hauteur des nouvelles ambitions continentales de l'OCP : créer une quinzaine de filiales sur le continent d'ici à fin 2016. Et Khaled Igué est bien l'homme de la situation. La direction d'OCP ne s'est pas trompée en allant débaucher ce Béninois de 33 ans jusque-là manager chez Eurogroup Consulting France.

Un pur produit de l'Afrique qui veut donner à l'Afrique

Ingénieur de formation, Khaled Igué, qui a fait ses classes en Afrique et en Europe, se revendique pur produit africain. " Je suis né et j'ai grandi au Bénin jusqu'à l'âge de 18 ans avant de partir étudier l'anglais au Ghana ", raconte-t-il avec calme et concision. Tenté par l'aventure américaine, il se retrouve, " par un concours de circonstances ", à Paris où il intègre une école préparatoire puis une école d'ingénieur, dont il sort diplômé en 2008-2009. " Pour la dernière année, je suis allé à Illinois Institute of Technology à Chicago, enfin le rêve américain ! " dit-il. Et de souligner : " Avoir l'opportunité d'étudier dans deux cultures différentes aura été fondamental dans mon parcours. " Un parcours avec un objectif dont il ne se détournera pas : se former à l'international afin de rentrer, armé, au pays, ou du moins sur le continent, et d'apporter sa graine au développement africain. Une idée fixe chez ce fils d'agronome qui, très jeune, a été confronté à l'insuffisance d'infrastructures, d'énergie, d'eau potable. " Même si j'ai eu la chance de grandir à Cotonou, j'ai suivi mon père dans ses déplacements dans les villages à travers le Bénin. J'ai donc été confronté aux questions de développement et je voulais y trouver des réponses, bâtir de nouveaux modèles. "

Une réflexion forte autour de nouveaux modèles pour l'Afrique

De " nouveaux modèles ", il va y " penser " alors qu'il opère au sein d'Areva où il entre en 2009. " Une expérience formatrice ", admet-il. " J'ai travaillé sur de grands projets, dans le domaine de l'énergie, des centrales nucléaires, sur le développement de partenariats stratégiques... J'étais au cœur du problème. " Entre-temps, il poursuit " sa formation ", un double diplôme MBA et Master en économie. " Il ne s'agissait pas seulement de construire, mais de comprendre les impacts économiques dans les environnements où les projets sont réalisés. " Après un poste en Finlande, où il va travailler sur un projet de construction d'une centrale à eau pressurisée de troisième génération, il demande à être envoyé au Niger. L'homme n'a toujours pas oublié ses objectifs : l'Afrique. " Je me sentais plus utile au Niger qu'en Finlande. " Le Niger, quintessence du paradoxe d'un pays extrêmement riche en uranium par son sous-sol, mais pauvre par sa population.

Areva, un passage marquant

Homme de raison, Khaled, avec le recul, partage les torts. " Je porte un regard différent parce que j'étais effectivement au cœur des négociations. Si on parle autant d'Areva, les écologistes notamment, c'est parce qu'elle exploite de l'uranium, ce qui n'est pas pire que d'autres minerais, c'est plus une question d'image. " Et de rappeler : " Areva, c'est une entreprise, et à ce titre, est là pour faire du business, même s'il n'est pas exclu de participer au développement socio-économique. Ce que l'entreprise a fait, employant près de 4 000 personnes, construisant des écoles et des hôpitaux, drainant de l'activité, dans ce qui n'était " qu'un désert... " Et de questionner : " Est-ce que Areva aurait pu faire plus ? Sans doute. En matière de transfert de compétence, de formation... Les entreprises ont intérêt à aller dans le sens du local content ", avant d'interpeller : " Si Areva n'avait pas été une société française mais chinoise par exemple, aurait-on eu les mêmes résultats après cinquante années de collaboration ? "

Khaled Igué est convaincu que la diaspora africaine peut jouer un très grand rôle dans l'accompagnement du Continent vers un futur meilleur. © KI

Club 2030 Afrique, sa boîte à réflexions et idées...

Des réflexions qui l'ont conduit à " s'engager " pour l'Afrique ", selon le slogan du think tank qu'il a créé en 2012, Club 2030 Afrique. " Nos modèles africains sont parfois calqués sur des concepts occidentaux qui ne correspondent pas forcément aux réalités locales. Après avoir quitté Areva, pour rejoindre Eurogroup, j'ai réfléchi à la manière de participer au débat, sans faire de la politique. Par exemple, s'il y a une famine dans un pays africain, si on envoie des sacs de riz, cela ne réglera le problème qu'à court terme. La réflexion doit porter sur les moyens de l'éviter, tel est le rôle du think tank Club 2030 Afrique en accompagnant les décideurs africains et les institutions dans la production d'idées innovantes.

Pourquoi 2030 ? C'est un cap, beaucoup de pays africains parlent d'émergence. Aujourd'hui, ça ne marche pas, parce qu'un projet doit avoir des objectifs donc un cap, des moyens, un plan de déploiement et doit être validé par un consensus. Pour être émergent, il faut mettre en place les politiques de base (éducation, santé), de bonne gouvernance, etc. "

... qui a fait des recommandations à l'issue de la COP21

Ainsi, en marge de la COP21, le think tank a publié un rapport dans lequel il porte une série de recommandations. Un débat qui reste d'actualité, à la vieille de la COP22, la COP " africaine ", selon certains, qui se tiendra en novembre prochain à Marrakech. Pour Khaled Igué, " si aujourd'hui tout le monde converge en disant que l'Afrique est le prochain relais de croissance, 50 % du Fonds vert climat des Nations unies devrait aller en direction de l'Afrique. Le problème de l'accord de Paris à la suite de la COP21, qui est une réussite diplomatique, est qu'il ressemble plus à une victoire à la Pyrrhus. Parce que quand le protocole va entrer en vigueur, en 2020, chaque pays, sur simple notification, pourra se retirer au bout de trois ans. Il faut donc poursuivre les négociations. La COP21 n'est pas une fin en soi, mais le début de l'aventure. Il faut que les pays africains s'expriment, notamment les économies les plus fortes, comme le Nigeria. "

L'autosuffisance alimentaire : l'autre grand défi

Déjà, à travers OCP Africa, Khaled Igué entend apporter des réponses à l'un des principaux défis du continent : l'autosuffisance alimentaire. " L'OCP s'est donné pour mission, sur la base des relations Sud-Sud prônées par le roi Mohammed VI, d'accompagner les pays africains dans le développement du secteur agricole ", rappelle-t-il. " Ce secteur est prioritaire, car il nourrit 70 % de la population africaine et attire plus de 40 % des exploitations. L'ambition de l'OCP est de relever le défi de la malnutrition alimentaire en Afrique en accompagnant les pays dans le développement de leur agriculture et en les aidant à mieux connaître le sol qu'ils exploitent. On y forme ainsi les cadres du secteur agricole qui vont accompagner cette transformation ", poursuit-il. Et c'est d'ailleurs chez Areva que Khaled Igué a croisé son futur patron, Tarik Choho, aujourd'hui à la tête d'OCP Africa. " En ce qui me concerne, je suis orienté plutôt réflexion. Il y a déjà beaucoup d'ONG qui sont en place dans les pays du Sud et qui apportent de l'aide alimentaire. En revanche, que ce soient les ONG ou les politiques, en cas de crise, ils ont tous, malheureusement, le nez dans le guidon. Pris dans le feu de l'action, ils n'ont pas le temps de prendre du recul. Il faudrait que des organisations les accompagnent dans des réflexions à plus long terme pour que ce genre de problème ne se reproduise plus. C'est pourquoi il y a trois ans, j'ai lancé le think tank Club Afrique 2030. "

" La diaspora est une partie de la solution "

Doté d'un pôle d'experts avec des représentants dans une douzaine de pays (Maroc, Tunisie, Bénin, le Congo Brazza, RD Congo, Togo, Côte d'Ivoire, Sénégal, Nigeria...), le Club mise notamment sur les expertises que comptent les diasporas africaines dans le monde. " Les dirigeants ont compris aujourd'hui que la diaspora est une partie de la solution. Ce qui fait que nous ne prenons pas pleinement conscience de la force économique et sociale que nous représentons, c'est que nous ignorons souvent l'impact que nous (diaspora) pouvons avoir collectivement sur le développement du continent africain ", professe-t-il. À ce titre, Khaled Igué travaille à la mobilisation de la diaspora béninoise, autour d'un projet commun par un modèle de solidarité : la création d'un fonds solidaire de la diaspora. Et il sait de quoi il parle. " Les envois de fonds enregistrés avoisinent 40 milliards de dollars en 2015. En réalité, leurs apports au développement de l'Afrique ne sont plus à démontrer. En effet, les transferts en direction du continent représenteraient 2,5 % du PIB et 2,5 fois l'aide publique au développement des pays (OCDE). S'agissant du Bénin, il compte 10 millions d'habitants sur son territoire et 2 millions en dehors. De plus, ces 2 millions de Béninois de la diaspora ont un pouvoir d'achat 100 fois supérieur en moyenne à ceux des Béninois qui vivent au pays. Il est temps de montrer de la solidarité envers nos compatriotes en contribuant à développer l'éducation, la santé, l'accès à l'énergie, l'agriculture et l'entrepreneuriat. Les États seuls ne peuvent résoudre à court ou moyen terme tous les problèmes socio-économiques. Et que d'autres forces et énergies seront nécessaires pour y remédier ", déclare Khaled Igué.

Vivement un fonds solidaire

L'idée est donc de mettre en place un fonds solidaire d'environ 100 à 150 millions d'euros alimenté par la diaspora (soit en moyenne entre 100 et 1 000 euros par personne sur une base d'un million de personnes). " Tous ceux qui y participeront seront propriétaires de ce fonds. De plus, les compétences qui composeront ce fonds seront des Béninois de la diaspora et des Béninois habitant au Bénin, ce qui permettra un transfert de compétences. Ce fonds pourra devenir un exemple à suivre par beaucoup d'autres diasporas. "

Voilà qui pose la détermination du personnage. Par son parcours et son implication, Khaled Igué mérite bien d'être considéré comme un symbole de la nouvelle Afrique et de son leadership.



Source : Le Point Afrique


PARTAGEZ UN LIEN OU ECRIVEZ UN ARTICLE

Pas de commentaire

Pas de commentaire
 
kasso
Partagé par : kasso@Brésil
VOIR SON BLOG 110 SUIVRE SES PUBLICATIONS LUI ECRIRE

SES STATS

110
Publications

10627
J'aime Facebook sur ses publications

450
Commentaires sur ses publications

Devenez publicateur

Dernières Actualités

Pas d'article dans la liste.