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En Afrique, le selfie s'attaque aux tas d'ordures

  Société, #

Faire un selfie avec un gros tas d'ordures derrière soi ? Il fallait y penser. Car nous voici d'emblée plutôt aux antipodes du "Je m'aime, ma vie est formidable" qui caractérise en général l'autoportrait via smartphone. Et pourtant, ce selfie trash semble connaître un petit succès, du moins en Afrique et sur les réseaux sociaux, grâce à l'initiative d'une jeune blogueuse guinéenne, qui fait désormais des émules en Mauritanie et en République démocratique du Congo (RDC). Sur Twitter est ainsi apparu un nouveau hashtag #Selfiedechets où les internautes se photographient devant des décharges sauvages, dont ils dénoncent ainsi l'existence.

Pour l'instant, ces selfies concernent essentiellement les résidents des grandes villes africaines, et en particulier Conakry, la capitale de la Guinée, où la blogueuse Fatoumata Cherif a été la première à utiliser l'autoportrait comme arme militante pour dénoncer l'invasion incontrôlée des déchets dans sa ville. On peut ainsi la voir s'indignant de la présence d'une décharge sauvage à quelques mètres d'un hôtel cinq étoiles, ou encore soulignant la toxicité des déchets qui brûlent à l'air libre.

Villes les plus sales au monde

Les décharges sauvages font hélas partie du paysage dans de nombreuses villes africaines qui manquent généralement de services publics adéquats pour collecter les ordures. C'est en partie ce qui vaut à 16 villes africaines de figurer parmi les 25 villes les plus sales au monde dans un classement établi par le magazine Forbes en 2015. Conakry en fait d'ailleurs partie. De même que Niamey (Niger), Bamako (Mali), Nouakchott (Mauritanie), Port Harcourt (Nigeria), Brazzaville (Congo) ou encore Addis Abeba (Ethiopie) qui figure à la cinquième place de ce palmarès peu enviable.

Tous ceux qui ont visité ces villes ont fait l'expérience de ces quartiers où une odeur insoutenable vous assaille soudain, avant même de découvrir ces montagnes de détritus fumants au milieu desquels broutent parfois des chèvres.

Des déchets qui peuvent être aussi toxiques et dangereux et dont la proximité représente toujours un risque, comme l'a montré l'incendie qui s'est déclaré le 8 septembre dans une décharge de Cotonou, la capitale du Bénin, provoquant le décès d'une vingtaine de personnes.

Nouvelles fleurs noires

En réalité même les campagnes ne sont pas épargnées : dans les zones rurales du Sénégal ou du Niger, de nouvelles fleurs noires envahissent désormais la savane, s'accrochant aux buissons comme aux arbres : les sacs plastiques, qui une fois ingurgités, tueraient près de 30% du cheptel au Sahel, selon des chiffres difficiles à vérifier.

Mais dans les villes, la multiplication de ces décharges à ciel ouvert est aussi le résultat de l'explosion démographique du continent africain, dont la croissance est aujourd'hui la plus rapide au monde. En 2050, l'Afrique comptera ainsi plus de 3 milliards d'habitants, ce qui devrait sacrément faire augmenter le mètre cube des ordures ménagères.

D'ores et déjà, certains pays ont tenté d'enrayer cette pollution en s'attaquant notamment aux aspects les plus nocifs, et notamment la prolifération des sacs plastiques. Lesquels sont désormais interdits dans certains pays africains comme le Rwanda, où l'on vous confisque vos sacs en plastique en échange de sacs en papier dès l'arrivée à l'aéroport.

Dans d'autres pays, des initiatives locales originales ont vu le jour. Comme au Cameroun où, avec l'aide de la fondation Cœur d'Afrique créée par l'ex-star du foot Roger Milla, un jeune entrepreneur de 26 ans, Robert Tedonfo, a ouvert un "laboratoire" dans le quartier de Essos à Yaoundé, où il transforme des sacs d'emballage et des bouteilles en plastique en pavés pour la construction de route.

Une goutte d'eau face à l'océan des 6 millions de tonnes d'ordures produites chaque jour au Cameroun, mais aussi une manière efficace de recycler les déchets plastiques, notoirement parmi les plus polluants et les plus durables.

Mais là où l'inertie et le fatalisme perdurent, la dénonciation reste encore la meilleure manière de mobiliser les citoyens. En commençant par les internautes. Selon Cherif Fatoumata, la publication d'un de ses selfies montrant l'ampleur des déchets près du palais des Nations à Conakry a réveillé les autorités qui ont promptement nettoyé les lieux.



Source : Libération.fr


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