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Référendum - Congo - Bowao : "Nous nous inspirerons de la situation burkinabè"

  Politique

 

Le bilan de la journée de mardi où l'opposition avait appelé à une grande manifestation contre le projet de référendum constitutionnel est lourd : trois morts à Brazzaville et un à Pointe-Noire, dans le sud du pays. À l'origine des violences qui ont entraîné ces décès, la répression à la suite de l'interdiction par les autorités. La tension, déjà vive à l'approche du référendum, est donc montée d'un cran ce mardi où des affrontements ont eu lieu entre plusieurs manifestants et les forces de l'ordre. Alors que partout dans la ville de Brazzaville, la quasi-totalité des magasins, des écoles et des administrations sont restés fermés, des jeunes sont sortis dans la rue en incendiant des pneus à Makélékélé et Bacongo - deux quartiers du sud de la capitale réputés proches de l'opposition - ainsi que dans des quartiers ouest. La police a ouvert le feu à plusieurs reprises. Bilan provisoire : quatre morts. Dans le même temps, selon l'AFP, dans le nord et au centre de la ville, des partisans du oui et du référendum se sont réunis pour manifester. Le gouvernement, après avoir interdit les marches de l'opposition, dément tout usage de la force sous son ordre. Il a appelé au calme jusqu'au vote de dimanche. Du côté des opposants, le dernier mot n'est pas dit. Il s'agit pour eux de rester en alerte. Parmi eux, Charles Zacharie Bowao. Ancien membre du bureau politique du PCT, le Parti congolais du travail de Denis Sassou Nguesso, ancien ministre de la Défense nationale et ex-ministre de la Coopération, de l'Action humanitaire et de la Solidarité, Charles Z. Bowao est aujourd'hui membre fondateur de l'Initiative pour la démocratie au Congo (IDC). Le 25 septembre dernier, à la suite de l'annonce du référendum par le président Denis Sassou Nguesso, il a démissionné avec fracas du parti présidentiel.

Le Point Afrique : Le dialogue semble impossible quant à ce référendum constitutionnel. L'impasse est-elle inéluctable ?

Charles Zacharie Bowao : Nous sommes en train de travailler pour faire front ensemble et pacifiquement à ce qu'il n'y ait pas de référendum. Notre position est claire et ne changera pas, le référendum est illégal et, par conséquent, ne peut avoir lieu. Ce qui vient de se passer le 20 octobre est la preuve que la population se prononce massivement contre ce référendum illégal, sur fond d'une situation économiquement alarmante et socialement explosive. Dans les conditions actuelles, nous pouvons parler d'un état de siège de fait dans la ville de Brazzaville et d'une crise de la gouvernance dans l'ensemble du pays.

Si oui, jusqu'à quel point l'opposition est-elle prête à aller pour empêcher sa tenue ou refuser ses résultats ?

Deux scénarios se dessinent aujourd'hui bien que le premier soit de moins en moins envisageable compte tenu des dernières décisions prises par le pouvoir en place :

- Scénario 1 : le président Denis Sassou Nguesso devant la pression populaire retire son projet machiavélique et fait " preuve de sagesse " comme le général Mokoko l'y a invité. Il met en place sans délai une commission indépendante électorale pour organiser les prochaines élections de manière apaisée avec en parallèle un nouveau gouvernement sinon de transition, du moins d'ouverture.

- Scénario 2 : le président s'entête dans sa volonté de se maintenir au pouvoir et la population a la capacité aujourd'hui d'obtenir sa destitution de fait avec la mise en place d'un gouvernement de transition pour ramener le calme et organiser les futures élections.

Quel scénario vous paraît en vue : un à la burkinabée, à la burundaise ou, carrément, une déflagration irréversible ?

Les Congolais ne souhaitent pas retourner aux années sombres de leur histoire. Ils aspirent à la paix et à l'alternance démocratique. Nous ferons donc tout et l'opposition est unie autour de cette idée de tout faire pour éviter une situation à la burundaise, ou une situation comme vous l'appelez de " déflagration irréversible ". Nous travaillons conjointement au sein de la nouvelle majorité républicaine pour allier nos efforts (ceux du Frocad et ceux de l'IDC) pour maîtriser la volonté populaire de faire échec au coup d'État anticonstitutionnel en cours et puiser dans le génie des Congolais pour sortir de cette crise. Nous nous inspirerons de la situation burkinabè en tirant les leçons de ce qui s'y est passé pour nous diriger vers des élections démocratiques dans un contexte apaisé, de cohésion nationale.

Sur quelles crédibilité et popularité une frange de l'opposition qui a travaillé pendant de très longues années avec et dans le système Sassou Nguesso peut-elle compter ?

Je suis un des membres fondateurs de l'Initiative pour la démocratie au Congo (IDC) qui réunit aujourd'hui ceux qui justement assument ce choix. Si le Frocad rassemble les opposants traditionnels au Parti congolais du travail et au pouvoir en place, l'IDC rassemble ceux qui au sein de la majorité présidentielle refusent aujourd'hui le changement de la Constitution du 20 janvier 2002. Nous nous sommes battus pour que cette Constitution voie le jour, une Constitution sur laquelle, je vous le rappelle, le président a prêté serment par deux fois. Nous avons travaillé avec le président Denis Sassou Nguesso sur la base d'un certain nombre de valeurs communes que nous considérions comme fondamentales : le retour à la paix dans le pays et la réconciliation nationale, et la mise en place d'un état de droit démocratique avec le retour d'un ordre constitutionnel répondant aux attentes des Congolais. Notre objectif était en parallèle de crédibiliser la République du Congo sur le plan international. Le président Denis Sassou Nguesso a joué le rôle de médiateur que nous connaissons. Il a eu l'honneur et le privilège de présider deux fois l'Union africaine. C'est lui qui a œuvré pour la mise en place du Pacte panafricain de non-agression en Afrique en 2003, c'est également lui qui a fédéré les nations africaines autour la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance. Dès lors que tout ceci est rappelé, nous ne pouvons pas regretter d'avoir accompagné le président Denis Sassou Nguesso et d'avoir servi notre pays dans ce sens. Ce sont des acquis auxquels nous avons contribué et dont nous sommes fiers.

Maintenant qu'au lieu de consolider ces acquis et de sortir par la grande porte, le président Denis Sassou Nguesso renoue avec les démons du passé, qu'il affiche une volonté claire de se maintenir au pouvoir en bafouant l'ordre constitutionnel, nous avons dit NON. Nous nous sommes démarqués comme je l'ai fait avec les deux lettres ouvertes que j'ai adressées au président Denis Sassou Nguesso au cours de l'année. Nous sommes en phase tant avec les attentes des Congolais d'hier qu'avec celles des Congolais d'aujourd'hui. Le peuple ne peut nous reprocher de défendre le respect d'un ordre constitutionnel. Maintenant, quand il faudra solliciter des suffrages, nous serons amenés à en débattre avec les Congolais et nous le ferons en toute responsabilité, en privilégiant toujours l'intérêt national.

 



Source : afrique.lepoint.fr


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