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Sonko, un homme contre un Empire

  Politique

Sonko : un homme contre un Empire

Depuis l’arrivée de Sonko sur la scène politique sénégalaise, on note une certaine rupture sur la manière même de faire la politique. La politique était considérée comme l’affaire des « autres » (le politicien), comme un « réseautage » (combines, magouilles, et corruption) incarnant le mal le plus absolu où l’éthique, et la morale étaient reléguées au second plan. Dès lors, la façon de faire la politique au Sénégal renvoie ici à : « la discrimination de l’ami ou de l’ennemi » (Carl Schmitt) où le désordre et le mensonge constituent  même les principes directeurs de la société. Dans cette perspective, la transhumance apparait comme une pratique opportuniste où les plus grands détourneurs de deniers publics assurent au président Macky Sall l’assise et la pérennité du pouvoir dans son Empire, qui en retour leur garantit la protection contre les poursuites judiciaires au détriment de la volonté générale. S’il en est ainsi, c’est parce que nous dit Karl Marx: « l’argent est cette puissance de perversion qui transforme la fidélité en infidélité ». Dans ce rapport de clientélisme politique, non pas entre fort et faible, mais entre faible et faible, c’est le peuple sénégalais qui est  pris en otage. Et l’État n’est pas une forme d’organisation du pouvoir politique mais plutôt une vache à lait à intérêt mirobolant, où le pillage à huis clos prépare le peuple à vivre courbé et non debout, à être intellectuellement muet et moralement infirme et à faire de la jeunesse inéluctablement les futurs ramasseurs de poubelles de la société internationale.

 

L’arrivée de Sonko sur la scène politique marque l’ère d’un renouveau, d’un militantisme politique progressiste et une repolitisation démocratique chez la jeunesse, qui pourtant manifestait un sentiment de désaffection, et de désamour  à l’égard de la politique. Ses sorties médiatiques, son discours cohérent, et son projet pour un Sénégal prospère lui ont valu une crédibilité incontestable. C’est d’ailleurs par-là que son nom reste à jamais inscrit dans l’histoire politique du Sénégal.

L’arrivée de Sonko sur la scène politique prend une forme de révolution et d’une rupture par le haut et par le bas contre les pratiques anciennes. Cette révolution n’est pas synonyme de violence protestataire dans la rue, mais au sens où Tocqueville la considère comme: « l’objet de la curiosité universelle; partout elle fait naître dans l’esprit des peuples une sorte de notion indistincte que des temps nouveaux se préparent, des vagues espérances de changements et de réformes ». Il s’agit d’un renouveau qui marque une maturité citoyenne. Le projet politique de Sonko est une rupture dans une vision réformiste pour trois raisons. D’abord, Sonko incarne « la révolution tranquille » dans une nouvelle dynamique citoyenne, ensuite sa vision est au cœur des questions de la bonne gouvernance, condition sine qua non de l’épanouissement moral et intellectuel, enfin son projet conduit le Sénégal inéluctablement vers un développement autocentré, opérant ainsi une rupture avec le néocolonialisme.

D’abord cette repolitisation démocratique fait ressortir le goût même du retour à la politique, qui étymologiquement renvoie à l’art d’organiser la cité en vue du bien commun. S’il est vrai qu’on est destiné à vivre en société, on devrait alors organiser cette cité du mieux que l’on peut où le sentiment de bonheur et de fierté anime l’esprit de tout le peuple. C’est pourquoi, la politique dans cette conception aristotélicienne est ici la «praxis », c’est-à-dire la science immanente des choses dans la conduite collective, englobant  la morale en tant qu’art ou la science de la conduite individuelle. La finalité de l’action politique ne saurait alors se réduire à la conquête du bonheur personnel et de l'enrichissement illicite, mais la recherche de la vertu collective qui prolonge la vertu individuelle. C’est pourquoi la quête  de l’intérêt général et du sacrifice public doit être au fondement de l’organisation de notre société pour garantir l’égalité et la justice. Dès lors, il ne saurait y exister une séparation entre la politique et l’éthique. L’homme politique doit apparaitre comme un homme digne et vertueux pour permettre aux citoyens de vivre heureux et d’atteindre l’excellence citoyenne. S’il en est ainsi, c’est parce que nous dit Michel Onfray : « La politique c’est de l’éthique et l’éthique c’est de la politique ». Tel est le renouveau dont incarne Sonko pour une repolitisation démocratique dans une nouvelle dynamique citoyenne.

Ensuite, son engagement patriotique pour le Sénégal ne fait plus l’objet de débat. Il est le symbole d’un panafricanisme vivant à l’image de Fanon à travers cette introspection: « Je me découvre un jour dans un monde où les choses font mal; un monde où l’on réclame que je me batte; un monde où il est toujours question d’anéantissement ou de victoire». Ce combat, il le consacre sur les questions de la bonne gouvernance qui vont de l’assainissement des finances publiques, à la gestion transparente des ressources naturelles (pétrole, gaz, zircon), d’une justice équitable et une réforme de toute l’administration publique et de l’appareil étatique. Le combat patriotique opère une rupture avec la politisation du juridique et la judiciarisation du politique qui sont d’ailleurs deux formes de dictature. La politisation du droit est une dictature par le bas tandis que la judiciarisation du politique est une forme de dictature par le haut. Le Sénégal vit sous l’ère des deux avec l’acharnement politique contre Khalifa Sall et Karim Wade comme futurs adversaires capable de nuire à l’Empereur.

Enfin le projet de Sonko pose les bases pour un développement autocentré. Dans cette perspective, il faut lutter contre la servitude monétaire et les APE. Quand on comprend que l’ordre géopolitique enferme le continent africain dans le principe ancien de la division internationale du travail dont son rôle sur la scène internationale ne se réduit qu’à fournir des matières premières aux puissances étrangères. Quand on comprend que les pays de l’OTAN et de l’OCDE ont perdu la compétition économique face aux pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) et que leur survie ne dépend que sur une mainmise dans les anciennes colonies qui passe nécessairement par le néocolonialisme. Quand on comprend que la mondialisation néolibérale se joue à l’envers, car l’occident veut l’Afrique sans les africains c’est-à-dire l’Afrique des ressources. Quand on comprend que les chefs d’États africains, eux-mêmes ne sont pas porteurs d’espoir; il faut alors la «déconnexion pour sortir du système mondial » (Samir Amin) et adopter notre propre modèle de développement économique.

Dans ce contexte de bouillonnement politico-social grâce à l’élection présidentielle qui se pointe à l’horizon, on note la  détention des cartes d'électeur, le flou du fichier électoral (la privatisation du droit de vote), le refus d’une élection organisée par une autorité indépendante au détriment d’un ministre partisan, les tentatives de fraudes et de confiscation du verdict des urnes qui autoproclament l’Empereur vainqueur, ne sont que les germes d’une dictature rampante. Pourtant, la totalité des conflits et guerres civiles en Afrique est née d’un contentieux électoral.

Pour faire face, le peuple est appelé à faire un choix entre la rupture qui trouve son fondement dans le réformisme incarné par Sonko ou le changement dans  la continuité de l’Empire (faye-Sall). Il n’est pas seulement question de faire un choix aux yeux fermés, mais de faire un bon choix car il est évident et nettement admis que : « Celui qui reste neutre devant l’injustice a choisi le camp de l’oppresseur », nous rappelle avec prophétie Desmond Tutu.Dès lors, le peuple est appelé à aller voter massivement pour éviter ce que  le politologue français Jean-Luc Parodi appelle : « le degré zéro de participation politique » car l’histoire du Sénégal est réécrire et chacun a son mot à dire. Et c’est aux prix de notre engagement qu’elle  se fera tout en méditant sur les convictions de Fanon : « Je me découvre un jour dans le monde un seul droit: celui d’exiger de l’autre un comportement humain.?Un seul devoir. Celui de ne pas renier ma liberté au travers de mes choix.?(…) Je ne suis pas l’esclave de l’Esclavage qui déshumanisa mes pères».

 

Moussa KEBE & Kamite le Pharaon.

Science PO/UQAM

Moussakebe62@gmail.com


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