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150 ans plus tard

  Culture & Loisirs, #

Ça semble si loin et, dans un sens, insignifiant. Notre monde fou, qui se transforme à chaque nouvelle idée qui sort des laboratoires d'Apple, n'a plus envie de regarder derrière. Et pourtant, l'histoire américaine a hoqueté au cours des derniers jours, rappelant à tout le monde que le temps passe et que certains problèmes restent.

Il y a 150 ans, jeudi dernier, le commandant des forces confédérées, le général Robert E. Lee, jetait les armes. La fin de l'épouvantable guerre de Sécession était sonnée. Six cent vingt mille morts plus tard, l'Union triomphait et l'esclavage était aboli. La réalité, on le sait, est pas mal moins glorieuse: des décennies de ségrégation et d'injustice ont suivi.

On a tout de même cru que les choses s'amélioraient un peu. Barack Obama, un premier président noir, a accédé à la Maison-Blanche, et ce n'est pas rien. Voilà pour la "big picture". Au quotidien toutefois, les Noirs américains ont le sentiment qu'ils stagnent, qu'on les cherche et qu'on les trouve plus souvent qu'autrement. C'est ce qu'on disait à Ferguson, à Staten Island, à Cleveland. Et c'est ce qu'on dit maintenant à North Charleston.

L'enquête finira peut-être par préciser si le policier blanc Michael Slager a agi par racisme en abattant Walter Scott, un homme noir qui ne posait aucune menace et s'enfuyait à grandes enjambées. Ce que cet incident tragique montre une fois de plus, toutefois, pour paraphraser un slogan qui circule présentement, "Black lives don't seem to matter the same way": la vie d'un Noir ne vaut pas celle d'un Blanc.

En Caroline du Sud, puisqu'on s'y trouve, Slager est le troisième policier au cours de la dernière année à abattre un Noir non armé. Selon les plus récentes données du FBI, analysées par USA Today, entre 2005 et 2012, deux fois par semaine, un policier blanc tuait un Noir. Ça ne rejoint pas la statistique souvent entendue, mais erronée, qu'"un Noir non armé est abattu toutes les 28 heures par un policier blanc". C'est tout de même beaucoup trop.

Et de manière encore plus large, le fameux rêve américain, plus illusoire encore depuis la récession de 2008-2009, s'avère inaccessible pour une majorité de Noirs. L'institut de recherche Brookings a trouvé que la moitié des Noirs (51 %) nés dans la pauvreté allaient y rester, comparativement à 23 % chez les Blancs. Et alors que tout le monde se plaint de l'enrichissement constant du 1 % des plus fortunés, la richesse médiane des familles blanches reste 13 fois plus grande que celle des familles noires.

J'écrivais plus tôt que l'histoire américaine hoquetait ces temps-ci et je ne rigole pas: les huit coups de feu tirés par ce policier blanc en direction d'un homme noir en fuite l'ont été à moins de cinq kilomètres d'où les tout premiers tirs de la guerre de Sécession sont survenus. Le 9 janvier 1861, des cadets sécessionnistes attaquaient le Star of the West, un navire unioniste entrant dans le port de Charleston, en Caroline du Sud.

Coïncidence, certainement, que ces deux événements, à plus d'un siècle et demi d'écart, aient eu lieu si près l'un de l'autre. N'empêche qu'une guerre pour mettre fin à l'esclavage et des dizaines de batailles pour les droits civiques des Noirs plus tard, on a l'impression de n'avoir effectivement fait que quelques kilomètres sur le long chemin de l'égalité raciale.



Source : www.journaldemontreal.com


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joanie
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