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5 leçons de sagesse maasaï

  Culture & Loisirs, #

Le terme  maasaï dérive du mot Ilmao (Les Jumeaux) qui fait référence à leur Spiritualité fondée sur l'expérience que toutes choses sont reliées à d'autres pour former des paires d'éléments complémentaires. La Spiritualité  maasaï se situe entre l'action inventive, fabricatrice de l'Occident et la méditation de l'Orient, et fait de l'Homme un Co-créateur.

Elle est très concrète à l'image de leur Déesse-Mère Enk'Aï, Réalité qui donne la vie à tout ce qui est, et non pas un concept philosophique ni une autorité céleste abstraite. Pour les  maasaï, hommes ou femmes, que j'ai appris à connaître et à aimer durant toutes ces années, seul compte le fait de s'harmoniser intérieurement et intimement à un quotidien qui est multiple dans ses aspects et manifestations.

Seul leur importe de coller au plus près à leur expression la plus sacrée de l'accomplissement individuel : " avoir le regard clair et la démarche alerte ! " reflétant l'extraordinaire liberté qui habite chacun et, avec elle, une attitude indépendante, franche et directe vis-à-vis des autres et du monde en général. D'où le fait que leur société se vive comme une réelle démocratie sans chef, à l'opposé de tout système de domination où prédominent les relations de commandement-obéissance.

Peuple en permanence relié à la Terre nourricière entretenue et reproduite en permanence par la Déesse Enk'Aï, ils ne reconnaissent de statut supérieur qu'à leurs Iloïboni Kitok, à la fois grands prêtres, médiateurs divins, prophètes et hommes-médecine de très grande renommée. Car, même si ces derniers ne peuvent décider à la place des femmes et des hommes accomplis, leur grand prestige et le respect supérieur qu'ils inspirent proviennent de leur pouvoir de prier Enk'Aï au nom de tous.


Chaque homme, et chaque femme, a son propre chemin à suivre, mais afin de le connaître et ainsi ne pas empiéter sur celui de quelqu'un d'autre pour être complémentaire avec lui, il convient d'accomplir dans sa vie et en neuf étapes deux grands cycles initiatiques d'une durée respective de 25-30 ans. Le premier est celui de l'école de la Vie qui permet de découvrir son chemin, faire l'apprentissage intérieur de la dualité, et finalement trouver l'harmonie et le bonheur sans avoir eu à les rechercher artificiellement ; le second est celui de la transmission sans coercition, dans la mesure où avec l'âge et la maturité, l'on est naturellement devenu l'exemple vivant de la façon dont les jeunes générations doivent se comporter.

J'ai mis beaucoup de temps à comprendre, mais je crois pouvoir dire qu'aujourd'hui j'ai au moins une idée plus précise de ce qu'être  maasaï veut dire. C'est surtout à force de manquer de l'Essentiel à chaque retour en France que j'ai fini par réaliser qu'être  maasaï signifiait tout simplement être Humain.

Que me manque-t-il en effet de si fondamental à chaque fois que je reviens dans le pays qui est pourtant censé être le mien ? Avant tout la chaleur humaine, dont je perçois l'absence comme résultant du déséquilibre et de la dualité ; la générosité et l'art de l'attention à l'autre, dont j'attribue le manque à la montée des peurs ; le sens de l'humour, distanciation par rapport à l'ego, dont la perte signale selon moi la rupture du lien sacré avec les énergies cosmiques ; d'une façon générale, le bien-être auquel tend à se substituer la maladie généralisée.

L'éthique orale maasaï que j'ai faite mienne continue quant à elle, malgré l'encerclement négatif qui les menace outrageusement, d'être fondée sur la Présence divine et l'amour de la Vérité.

La Spiritualité qui nourrit chaque  maasaï leur inspire toujours aussi profondément le dégoût pour le mensonge, le faux témoignage et la convoitise, mais aussi le respect dû aux parents et aux anciens, l'hommage quotidien à la Beauté de la nature et à son enchantement, et enfin le constant remerciement individuel à Enk'Aï pour les bienfaits autant que pour les épreuves personnelles sur terre.


Accepterez-vous de faire un pas, un tout petit pas, pour vous transformer à votre tour et quitter l'ère des poissons nageant en sens inverse, symboles de la dualité ? Dans la confiance totale et la joie d'Être relié, je vous livre ci-dessous quelques clés maasaï toutes simples pour y parvenir.(1)


1. ILMAO : Accepter la dualité

Le terme "Massaï" provient du mot ilmao ( " les jumeaux "), qui exprime la croyance selon laquelle toutes les choses sont reliées à d'autres pour former des pairs d'éléments complémentaires. Comme dans le tao avec sa figure du Yin et Yang, les contraires existent, mais ils ne sont pas antagonistes. La dualité règne à l’extérieur, comme le jour et la nuit, la pluie et la sécheresse ; et à l’intérieur de soi, où s'entrechoquent les élans d’altruistes et égoïstes, la peur et le courage...La refuser est, pour les 
Massaïs, le meilleur moyen de souffrir et d'être en conflit avec les autres. D'où la nécessaire acceptation de la dualité du monde et des êtres.Une posture qui favorise la patience et la bienveillance.

La pratique : Identifiez vos jumeaux intérieurs.

Dressez la liste de vos qualités et corrélez chacune d'entre elles à un défaut et à des comportements qui ont pu vous conduire à des échecs ou à des conflits. Exemple : " généreux " peut aller de pair avec " inconséquent ", la générosité peut aussi devenir attente de réciprocité et être source de désaccord lorsqu'elle reste à sens unique. Le but est de poser sur soi et sur les autres un regard nuancé et indulgent.

Mettez en adéquation vos mots et vos actes pour éviter la dissonance et les antagonistes, sources de déséquilibre personnel et relationnel. Actes et mots doivent être jumeaux. Aucune différence entre le dire et le faire chez les Massaïs, qui savent par expérience que cette cohérence est la garantie de relations saines et durables.

  • 2. ENCIPAÏ : Être dans la joie

Pour les Massaïs, la joie n'est pas un but mais un point de départ. Elle est la manifestation du lien vivant qui les unit à la déesse-mère, source de toute vie. La gratitude nourrit la joie, qui, à son tour, renforce le sentiment de gratitude. Gratitude d'être en vie, de pouvoir se nourrir, de pouvoir partager les épreuves et les réjouissances...Partager et se réjouir ensemble, mettre en lumière ce qui va bien, faire preuve d'humour sont autant de pratiques qui entretiennent chaque jour la joie de vivre. Être dans la joie est également une forme de politesse que l'on doit aux autres, elle génère un confort relationnel dont chacun profite. D'ailleurs, les Massaï ont l'habitude d'annoncer une mauvaise nouvelle en la " coinçant " entre bonnes. Cette formulation met du baume au cœur de celui qui la reçoit et allège le fardeau de celui qui la transmet.

La pratique :  Cultivez la gratitude au quotidien, en commençant par prendre conscience des dons, aussi minuscules soient-ils, que vous recevez. La porte que l'on vous tient, le sourire que l'on vous adresse, le repas que vous partagez...Donnez à votre tour, en conscience, du temps, des compliments, des conseils, toutes ces petites choses qui adoucissent et embellissent les journées de ceux qui vous entourent.

Positivez en " enserrant " une pensée ou un fait négatif entre deux pensées ou faits positifs, comme le font les Massaïs.

Reconnectez-vous à l'énergie de la nature. C'est elle qui nous fait sentir maillons de la grande chaine du vivant. Rien de tel que s'adosser à un arbre et de perdre son regard dans sa frondaison jusqu'à se sentir un avec lui pour retrouver sérénité et force intérieur. Deux éléments constitutifs du bonheur d'être.

  • 3. OSINA KISHON : Accueillir la " souffrance-don"

Sans souffrance, pas d'éveil. C'est la conviction profonde des Massaïs, qui voient, dans les épreuves envoyées par Enk'Aï, l'opportunité de grandir. Un de leurs proverbes sacrés en témoigne : " La chair qui n'est pas douloureuse ne ressent rien." Dans cette perspective, ils remercient la déesse-mère de placer  l’épreuve-opportunité sur leur chemin. Leur rituel collectif consiste alors à " nouer son cœur " en faisant huit nœuds ( représentant l’épreuve) sur une corde ( le coeur), qu'ils vont dénouer ( symbole de la résolution), montrant ainsi que, encore une fois, tout est duel et que l'on ne peut délier un problème qu'en le reconnaissant comme sien puis en affrontant la difficulté pour la résoudre.

La pratique : Procédez comme lesMassaïs, qui visualisent leurs émotions (peur, tristesse, colère, abattement, désir de vengeance...) après le rituel collectif de la corde, et les transportent vers le coeur pour les bruler et les transformer en vie énergie, à la manière de l'alchimiste qui, dans son athanor, transforme le plomb en or.

Interrogez ensuite votre épreuvecomme les Massaïs qui parlent à l'épreuve en ami. Que veux-tu me dire ? Quelle est ma responsabilité ? Dois-je attendre ou agir ? Quelle direction dois-je prendre ? 

Notez toutes les réponses qui vous viennent spontanément sans les censurer ni les juger.

  • 4.EUNOTO : Devenir un planteur.

A la posture du constructeur, les Massaïs préfèrent celle du planteur. Alors que le premier se concentre uniquement sur la réalisation de l'objet qu'il s'est fixé, la construction, le second plante son arbre, le soigne, mais accepte de faire avec ce qui lu échappe ( le rythme de croissance, les aléas de la météo...). Concrètement, être planteur c'est se mettre en phase avec le moment présent, s'adapter et se maintenir dans un état entre vigilance et confiance, volonté et humilité. Cette souplesse est facteur de sérénité, de patience et met à l'abri de la colère et de la déception. 
La pratique : Ancrez-vous, comme l'arbre, dans le moment présent. Les Massaïs disent " le passé est un pays où je n'habite plus." Ici et maintenant que ressentez-vous ? Comment pouvez-vous composez au mieux avec la situation et les personnes présentes ? Que charriez-vous d'inutile et de pesant du passé ? Quelles projections anxieuses vous empêchent  de gouter à la saveur du présent ?
Plantez un arbre, prenez soin d'une plante. Cela vous incitera à mettre momentanément les " je veux " sur la touche et vous aidera à faire simplement avec ce qui est.

 5. AINGORU ENKITOO : Rechercher le bon ordre
Être dans la justesse - dans ses mots, ses actions -, cela signifie pour les Massaïs être reliés à Enk'Aï. Une posture qui exprime " avoir l'expression claire et la démarche alerte ". La clarté du regard signifiant que la cohérence intérieure se voit à l’extérieur, et la démarche alerte témoignant d'un sentiment de légèreté et de sécurité dû à la certitude de marche sur son bon chemin. Troubles, conflits, agitation sont, en revanche, les signes que l'on s'est décentré et que l'on s'est éloigné de sa "mission." Car, pour les Massaïs, être en quête du bon ordre, c'est aussi chercher ce que l'on est vénu faire sur terre.
La pratique : Écoutez les messages de votre corps lorsque vous avez fait un choix, pris une décision. S'ils sont justes, sous les émotions superficielles ( appréhension, excitation), vous devez ressentir une vague de calme, une sensation de paix intérieure, qui peut se traduire en mots par " ce n'est pas facile mais c'est juste ". En revanche, interrogez-vous si vous ressentez des tiraillements, de l’inconfort, de l'agitation mentale et physique, et que ces sensations durent ou se manifestent chaque fois que vous pensez à votre choix ou à votre décision.(2)
Xavier Péron
Anthropologue, écrivain, conférencier


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