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D'après le ministère du Travail colombien, environ 753 000 personnes travaillent comme domestiques dans le pays. Seulement 14% des employeurs paient un salaire correspondant, et les prestations sociales qu'obligent la loi. En mars dernier, la Cour constitutionnelle a donc établi de nouvelles règles et sanctions quant aux non acquittement de ces obligations. D'après la loi, les employées de maison ne peuvent recevoir moins qu'un salaire minimum d'environ 213 euros mensuels. Cela représente une rémunération journalière d'environ 25 000 pesos soit 7,35 euros. De même, les employeurs doivent également s'assurer que les journées ne dépassent pas les 10 heures de travail ou payer en heures supplémentaires le surplus. Toutes ces règles restent un rêve pour la majorité des domestiques. La constitution du premier syndicat afro des employées de maison Une grande partie des employées de maison est d'origine afro. Ce sont des femmes venues des villes et villages touchés par le conflit armé avec les FARC, les forces révolutionnaires de Colombie, telles Uraba ou Apartado.
Fatiguées d'attendre la mise en place des sanctions ou d'une action concrète pour faire valoir leurs droits, en 2013, à Medellin, un groupe de 28 femmes a décidé de créer le premier syndicat de domestiques afro-colombiennes. Il se nomme la Unión de Trabajadoras Afrocolombianas del Servicio Doméstico (UTRASD),- l'Union des travailleuses afro-colombiennes du service domestique. Aujourd'hui, il regroupe 150 femmes actives. Caché derrière les jupons de sa mère, un petit garçon d'environ 5 ans observe les yeux grands ouverts les membres du syndicat réunis au centre de langue " Colombo Americano ". La mère du petit garçon s'appelle Flora. Foulard dans les cheveux, souriante et énergique, elle raconte son histoire sans une pointe de tristesse. La force a pris le dessus. Chaque vendredi elle sort de chez elle à 4 heures du matin pour installer son stand de fritures dans son quartier San Javier à Medellin, une activité qu'elle combine avec son travail d'employée de maison. Cette quadragénaire mère célibataire est arrivée à Medellin en espérant trouver la sécurité et de l'aide. Elle a dû faire face à l'hostilité de la ville et l'adversité. Sans diplôme en poche, Flora a commencé à travailler dans la rue puis dans les maisons. Existence d'une loi En Colombie, quasi un million de femmes Afros sont des employées domestiques. La majorité fait partie des catégories sociales les plus vulnérables du pays. Les études de la Corporation Carabantu et de l'Ecole nationale syndicale révèlent que 182 employées de maison d'origine afro travaillent à Medellin. Les chiffres officiels ne reflètent qu'une partie de la réalité car de nombreuses afro-colombiennes ne sont pas déclarées. Plus de 85% des contrats sont verbaux et les employées méconnaissent leurs droits.
Outre la décision de la Cour constitutionnelle, en 2016, une nouvelle loi a été votée : la 1788 ou " la loi de la prime ". Cette dernière obligeait déjà les employeurs à payer une partie des prestations sociales (soit 30 jours de travail par an ou proportionnel à la durée totale de travail). Cette loi stipule également que d'autres charges comme le transport, la sécurité sociale, les vacances, l'assurance vieillesse et les risques professionnels, doivent être payées par les employeurs. D'après les statistiques de la mairie, 10% de la population de Medellin est afro-colombienne soit plus de 236 000 afro-descendants. Plus de 40% d'entre eux ont déclaré se sentir discriminer. Entre mars et juin, de multiples activités sociales et culturelles ont été programmées : conférences et ateliers- une stratégie pour " éradiquer le racisme dans la ville ".
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