Société, # |
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Texte de Juliette Sméralda, sociologue martiniquaise, qui parle de l'accusation de xénophobie et racisme lancée à l'encontre de ceux qui remettent en cause les inégalités martiniquais/métropolitains en Martinique. A la Réunion aussi nous connaissons bien cette accusation hypocrite, quand nous militons pour la " préférence régionale ". DISCRIMINATIONIl est devenu courant d'entendre dire dans nos médias que les Martiniquais sont xénophobes. Il nous semble qu'il n'est pas bon de laisser se répandre une telle opinion. A ceux qui semblent ignorer les véritables conséquences du racisme, c'est à dire l'exclusion, nous renvoyons à celui d'en face pour rappeler qu'en matière de xénophobie, nous avons encore beaucoup à apprendre de nos compatriotes métropolitains mais il ne s'agit pas ici de se perdre dans de vaines polémiques, non plus que de rivaliser de racisme avec ceux-ci ou ceux-là... Les opinions faussement libérales en vogue à la Martinique ne manqueront pas de nous opposer que toute l'agitation observée autour de ce problème est manipulation alarmiste et propagande politique, comme si le corps de métropolitains qui est installé dans notre région était un corps inerte, inactif, sans projet, sans initiative, fragile, à protéger donc, contre la méchanceté et le racisme des gens d'ici, qui s'exciteraient sans motif valable... Que font nos politiquesEn fait de racisme, c'est en réalité une situation ressentie comme injuste qui est interrogée par eux... Deux critères servent en effet à tester l'intégration d'un groupe exogène dans une société : son accès à l'emploi et au logement : qui dira que les métropolitains sont discriminés à la Martinique? Par ailleurs, que savons nous des énormes discriminations que subissent nos enfants dans l'Hexagone? Auto-AveuglementLa politique de substitution de personnel à laquelle la métropole procède de manière de plus en plus systématique est déjà ancienne. Pourquoi alors faisons-nous semblant de découvrir ce problème à chaque nouvelle rentrée scolaire ? Pourquoi, faisons-nous semblant d ignorer que la France gère très librement, sans aucune contrainte, le placement et déplacement de ses enfants, alors qu'elle est très parcimonieuse sur les déplacements des ressortissants de nos régions ultrapériphériques : la notion de distance et d'étrangeté étant à sens unique, puisque aucun personnel métropolitain n'est considéré comme " étranger" ou éloigné de la mère patrie dans quelque DOM-TOM qu'il se retrouve. Ce qui n'est pas le cas des Antillais en France. Pourquoi faisons-nous semblant de traiter de xénophobes ceux qui posent le problème de l'embauche à la Martinique ? Pourquoi faisons nous semblant de croire que seule une poignée d'excités s'emparent du problème pour troubler l'ordre social? Cet ordre social est-il encore ce pour quoi il se donne d'ailleurs ? Qu'est-ce qui a déjà changé et que notre conduite d'auto-aveuglement légendaire nous empêche de voir? Arrêtons la démagogieIl nous faut donc arrêter de faire cadrer la réalité avec nos vues souvent trop courtes et démagogiques. Il nous faut comparer la situation des métropolitains des Antilles à celles des Antillais de France (...). Pour sortir des sentiers battus et nous émanciper de certains des malaises psychophysiques qui s'emparent de nous, lorsque le thème du suremploi de métropolitains est évoqué, acceptons de considérer que s'il y a malaise, c'est parce que nous sommes rattrapés par les contradictions générées par certains de nos choix politiques. Comment concilier en effet notre désir de " rester dans la République " et l'action de pure politique qui consisterait à négocier ce que nous appelons le blanchissement des personnels publics? Ces contradictions expliquent sans doute en partie la politique d'évitement adoptée face à cette problématique. Juliette Sméralda - sociologue. Sources du texte :
www.hello-caribbean.com/hello40/presse_genocide_discrimination.htm (lien mort) www.grioo.com/forum/viewtopic.php Propos authentifiés par moi-même auprès de l'auteure.
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