Un gel des autorisations de sortie décidé en 2013 au Congo, c'est la mesure qui empêche un peu plus de trois cents enfants adoptés légalement par des Français de rejoindre leur nouvelle famille. RDC Adoption, un collectif de parents concernés par le blocage, espère " une grande mobilisation de la classe politique française pour libérer tous les enfants ". En effet, seuls dix-neuf d'entre eux ont pu quitter le territoire depuis 2013.

Samantha et David Barbe, 38 et 42 ans, vivent à Fruges dans le Pas-de-Calais. En 2013, le couple a adopté une petite fille en RDC, Maëly. " C'est le prénom qu'on lui a donné. Elle a eu 4 ans le 30 juin ", confie Mme Barbe d'une voix digne.

- Quand l'attribution de votre petite fille a-t-elle eu lieu ?

C'était en mars 2013. Mais dès septembre 2013, le processus a été bloqué. Nous effectuons des démarches depuis 2012 avec l'association RDC Adoption car Maëly est en réalité la troisième petite fille qui nous est attribuée...

En juillet 2012, nous avions adopté une première petite fille qui est décédée 6 mois plus tard. En janvier 2013, on nous a attribué une deuxième petite fille mais celle-ci avait en fait encore une famille : son grand-père est venu la récupérer à l'orphelinat. Aujourd'hui, le dossier concernant Maëly est ficelé. Le jugement est signé. Il ne manque plus que les autorisations de sortie du Congo.

- Quels contacts avez-vous avec Maëly ?

On envoie des petits colis, des jouets etc. Nos seuls contacts se font par photos. Jamais par téléphone. Les seuls que nous avons au bout du fil sont les membres de l'Organisme français d'adoption agréé par l'État et situé en France.

- Que savez-vous de ses conditions de vie sur place ?

On sait que Maëly va bien. Elle apprend un peu le français mais, comme ses camarades d'orphelinat, elle n'est plus scolarisée. Les enfants espèrent, à chaque visite de la présidente d'RDC adoption, qu'elle leur annonce que leur papa et leur maman vont venir les chercher pour les ramener en France...

- Comment analysez-vous la décision de 2013 ?

Le Congo ne respecte pas du tout sa propre justice en empêchant des enfants orphelins et légalement adoptés de partir. Certains se sont vu attribuer des parents adoptifs dès 2011. Cela veut dire que parents et enfants attendent depuis quatre ans. Dans certains orphelinats saturés, même si ce n'est pas le cas du nôtre, les conditions sanitaires restent précaires. Beaucoup d'enfants adoptés y sont morts dans une indifférence totale.

- Quelles avancées constatez-vous ?

Grâce au collectif qui se démène, nous avons des informations tous les mois. Une pétition lancée en 2013 par les associations a recueilli plus de 10 000 signatures. L'an dernier, le président François Hollande, a remis une lettre au président Kabila et huit enfants ont pu sortir du Congo. Depuis, plus rien.

- Ce vendredi, un conseil des ministres doit avoir lieu en RDC. La situation devrait se débloquer pour certaines familles. Vous y croyez ?

C'est très difficile à vivre mais on espère quand même. On voudrait que notre projet aboutisse enfin, que notre petite arrive en France, vive avec nous et son petit frère qui l'attend impatiemment. C'est également un enfant adopté, il est arrivé de Djibouti à 18 mois. Il a maintenant 8 ans.

Repères

> 1 300 dossiers sont concernés à l'international ( les familles adoptantes sont principalement françaises, américaines, canadiennes, italiennes, néerlandaises et belges)

> Tous les enfants retenus par les autorités du Congo portent déjà le nom de leurs parents adoptifs

> La Direction générale des migrations de la RDC, à l'origine de la suspension des sorties de territoire pour les enfants adoptés par des étrangers, avance comme argument que des enfants congolais adoptés auraient été " maltraités " ou " transférés à des couples homosexuels "