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Au début, la combinaison est inhabituelle. La culture noire américaine s'écarte des sonorités qu'on lui associe pour s'attacher à un mouvement porté par des hommes et des femmes tenant des guitares cabossées, à la voix souvent déchirée, aux looks déstructurés, revendicateurs d'une liberté individuelle. Afro-Punk a pour point de départ le documentaire Afropunk : the Rock'n'Roll Nigger Expérience paru en 2003 qui mettait en lumière une présence noire dans la scène punk américaine. Devant la résonnance du long-métrage auprès des artistes punks, noir, métis et blancs, le producteur Matthew Morgan et le réalisateur James Spooner s'associent pour lancer la première édition du Festival Afropunk. Deux ans plus tard, l'événement se tient au mythique Brooklyn Academy of Music, et, cette année, dorénavant associé avec la productrice Jocelyn Cooper, entend rassembler 90 000 personnes avec une programmation particulièrement pointue qui a dépassé les frontières du punk. En tête d'affiche, on retrouvera ce week-end nuls autres que Lenny Kravitz, Lauryn Hill, Grace Jones ou encore Gary Clark Jr, récipiendaire de deux Blues Music Awards. Cette année, notre dévolu se jette sur Petit Noir. Artiste de 25 ans né à Bruxelles de parents angolais et congolais (il a tourné son dernier vidéoclip dans les rues de Lubumbashi), le jeune homme s'est accompli en Afrique du Sud et explore les recoins de la new wave. Son premier album La vie est belle / Life is beautiful est attendu pour le 11 septembre et c'est une affaire à suivre. L'histoire derrière le festival Afropunk est le résultat, ou plutôt la suite concrète, d'un documentaire, mais aussi des explorations intérieures d'un homme : James Spooner. Dans un article consacré au festival et paru dans Le Monde Afrique, la journaliste Prisca Munkeni Monnier retrace l'histoire d' Afropunk : the Rock'n'Roll Nigger Experience avec les grands questionnements qui ont sous tendu cette réalisation. James Spooner est issu d'une famille américano-caribéenne et grand amateur de punck-rock, un genre qui n'est pas couramment au goût de ses semblables, mais surtout un univers que lui-même dissocie inévitablement de sa couleur de peau et de sa culture.
Deux épisodes dans sa vie de jeune adulte seront déterminants dans sa construction. À l'âge de 14 ans, il s'installe à New York avec sa famille et découvre un microcosme d'artistes punks noirs et métis. Il adopte le style, le mode de vie et se lisse les cheveux. À l'âge de 21 ans, il rencontre son père à Sainte-Lucie et la question identitaire vient tout chambouler. De retour chez lui, il rompt avec sa petite amie blanche, laisse ses cheveux évoluer de manière naturelle et part sillonner le pays caméra à la main à la rencontre de la scène punk noir et de son public. Ainsi est né, de façon presque psychothérapique, ce documentaire porte-parole pour une génération de mélomanes sentis à cheval entre deux cultures. C'est dans ce champ de réflexion que s'est positionné le Festival Afro-Punk, avec la volonté de mettre en lumière et donner la parole et une scène à des artistes émergents. Le concept s'est développé et a fait des petits : un Afropunk à Paris en juin dernier (la deuxième édition est déjà annoncée), l'autre à Atlanta en octobre prochain. Les envies d'extension sont bien présentes, comme le confie Jocelyn Cooper : " Après Paris, nous pensons au Brésil, mais surtout au continent Africain ! ".
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