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Attentat à Charlie Hebdo: la presse satirique africaine révulsée

  Société, #

En Algérie, l'émotion est vive à la Maison de la presse dans ce pays qui a vécu la terreur lors des années de plomb. Les chaînes de télévision françaises tournaient en boucle dans ses rédactions ce mercredi après-midi, et les salariés se réunissaient devant les écrans, dans les bureaux, mais aussi dans le café, assez silencieux.

Plusieurs journalistes étaient plutôt choqués et ont eu une réaction similaire, celle de se dire que finalement, cela arrive même en France, dans une démocratie, et qu'aucun journaliste n'est à l'abri.

L'un des caricaturistes qui travaillent dans ces bâtiments qui regroupent plusieurs rédactions expliquait qu'il ne comprenait pas qu'en 2015 on risque de mourir pour un dessin, pour une opinion. Et puis, bien sûr, pour beaucoup d'entre eux, ce qui s'est passé ravive les mauvais souvenirs de la décennie noire.

Au cours des années 1990, 117 journalistes et employés de la presse ont été assassinés en Algérie. Il y a eu deux attaques spectaculaires contre les médias nationaux. D'abord, en 1994, un groupe armé était entré dans la rédaction de l'Hebdo Libéré et avait tiré sur le personnel, tuant deux personnes. Et puis en 1996, une voiture piégée a explosé derrière la Maison de la presse d'Alger. L'explosion a soufflé la rédaction du Soir d'Algérie et fait dix neuf morts.

Joint par RFI, Hichem, caricaturiste algérien du journal El Watan, qui exerce le métier depuis seize ans, avait eu l'occasion de rencontrer Charb et Wolinski de Charlie Hebdo :

" Bien entendu, ça été une onde de choc terrible. Quand j'ai appris que c'était dans une salle de rédaction, au siège de Charlie Hebdo et pendant la réunion de rédaction, j'ai tout de suite visualisé ça. Cet horrible massacre et ce drame qui surviennent comme ça, c'est terrible, c'est dramatique.

" Je pense que d'ici quelques jours, tous les journalistes, tous les dessinateurs, tous les dessinateurs, tous les républicains, tous les démocrates, tous ceux qui sont épris de liberté et de justice vont se ressaisir et vont comprendre que justement, il ne faudrait pas baisser les bras, il ne faut pas céder à tous les conséquences qui pourraient découler de cet acte, c'est-à-dire des amalgames, des actes de vengeance. Au contraire, il faut se ressaisir et je sais que cela va se faire ".

Indignation en Mauritanie

En République islamique de Mauritanie, beaucoup de journalistes sont indignés et disent leur colère, ce mercredi. Joint par RFI, Moussa Ould Samba Sy, président du Regroupement de la presse privée mauritanienne, craint l'amalgame et dénonce ceux qui cautionnent ce qui s'est passé :

 

" Ma première réaction, en tant que journaliste, en tant que musulman, en tant que Mauritanien, c'est d'abord d'exprimer mon horreur totale pour cet acte absolument inqualifiable qui vient de frapper des journalistes, qui vient de frapper la liberté d'expression et surtout des journalistes en pleine rédaction. Nous pensons que là, c'est une attaque non seulement contre ces journalistes mais contre les journalistes du monde entier. Rien ne peut justifier ce qui s'est passé, absolument rien.

Désormais, nous faisons un métier qui est dangereux où que l'on soit. Cela veut dire que le seul moyen de lutter, c'est de continuer à ne pas céder ; de continuer à défendre ce droit de tout le monde à s'exprimer et à exprimer ce qu'il pense ".

" Un crime odieux ", pour l'ONG Journalistes en danger

Les organisations non gouvernementales (ONG) de défense des droits de l'homme et des journalistes sont également choquées par l'attentat. A Kinshasa, en RDC, l'ONG Journalistes en danger (JED) se bat depuis de longues années pour la liberté d'expression, non seulement en RDC mais aussi dans huit pays voisins d'Afrique centrale. Joint par RFI, son secrétaire général, Tshivis Tshivuadi, dénonce un crime odieux :

 

" Je voudrais d'abord avoir une pensée pleine d'émotion pour toutes les personnes et toutes les victimes de cette attaque barbare et lâche parmi lesquelles se trouvent évidemment des journalistes. Il n'y a aucun doute que Charlie Hebdo a été attaqué pour ce qu'il est, c'est-à-dire un journal qui dérange par les informations qu'il diffuse et par les critiques qu'il émet. Il s'agit là donc d'un crime odieux perpétré en plein Paris, c'est-à-dire dans un pays qui est considéré comme un modèle de démocratie, de liberté et de tolérance. Je pense que c'est le moment de devoir nous mobiliser contre cette intolérance ; contre cette attaque qui est aussi menée contre la démocratie et contre les valeurs fondamentales de liberté dans une société ".

Côte d'Ivoire : " C'est comme si on nous demandait de reculer de dix siècles en arrière "

En Côte d'Ivoire, Antoine Tiemoko Assal, directeur général du bi-hebdomadaire L'Eléphant déchaîné, lui-même victime d'une tentative d'assassinat il y a quelques jours, condamne lui aussi ce qui s'est passé ce mercredi matin à Paris.

 

Le P'tit railleur sénégalais bien résolu à rester " bête et méchant "

Au Sénégal, RFI est allée à la rencontre des confrères du mensuel le P'tit railleur sénégalais, le seul journal satirique du pays. Là, on se place dans la droite ligne du journal français Canard enchaîné et l'on se veut " bête et méchant " comme à Charlie Hebdo. C'est Odia qui dessine les caricatures. Il se dit dévasté, surtout par la mort de son modèle, le dessinateur Cabu :

 

" C'est quelqu'un qui m'a toujours subjugué par rapport à ses dessins, ses idées, son trait, son humour. C'est génial. Je rigole toujours de ses dessins. C'est quelqu'un de fabuleux, de fantastique. Je ne peux pas comprendre qu'il puisse partir comme ça, par la force des armes, à cause de ses idées. Tout le monde connait Cabu. Il a la plume alerte et la plume libre. C'est absolument triste pour moi.

C'est terrible. Nous en sommes à un monde où on peut te buter pour rien du tout. Un dessin. Cela est devenu général, c'est-à-dire que maintenant, les gens s'accrochent à leur manière de voir le monde, à leur manière de penser leur religion au point que c'est devenu une question de vie ou de mort. C'est la cruauté humaine qui prend le dessus et qui, aujourd'hui, est en train de triompher et cela ne va pas se calmer ".

D'où l'importance de continuer pour Tiokk Baram, le rédacteur en chef, plus résolu que jamais à être " bête et méchant ".


rfi.fr


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