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Au Rwanda, une nouvelle administration 2.0

  Business, #


Pour Clément Uwajeneza, l'administration rwandaise ne fait qu'anticiper la révolution numérique pour ne pas avoir à la subir dans les dix prochaines années. Avec sa société RwandaOnline, il a été mandaté en 2014 par le gouvernement dirigé par Paul Kagamé pour digitaliser la totalité des services publics de l'Etat en créant Irembo. Un service de e-gouvernement pouvant réduire l'écart entre les 11,8 millions de citoyens rwandais et l'administration, en quelques clics.

" Dans la langue kinyarwanda, Irembo signifie porte ou portail, assure Clément Uwajeneza. Nous avons rendu possible un accès direct et permanent entre les citoyens rwandais et toutes les administrations locales et nationales. Les Rwandais peuvent, par exemple, renouveler leur passeport, demander une nouvelle carte d'identité, obtenir une copie de leur casier judiciaire, d'un certificat de mariage... La croissance est exponentielle : près de 2 000 Rwandais ont consulté leurs documents en ligne la semaine dernière. Ils étaient moins d'une trentaine il y a trois mois. "

D'autres services comme le transfert de titres de propriété sont également proposés, en utilisant simplement un téléphone mobile. Le paiement des frais de gestion liés à l'utilisation de la plate-forme se faisant presque exclusivement via le " mobile payment ", grâce notamment à un partenariat noué avec l'opérateur télécom Tigo, ou sinon par carte de crédit. Il n'y a plus vraiment de place pour les paiements en cash dans la nouvelle administration 2.0 qui se dessine à Kigali...

 

D'ici 2018, Irembo digitalisera plus de 100 services administratifs en ligne, des services de police à ceux de l'état civil en passant par les services dédiés aux Rwandais de la diaspora. " Notre ambition ultime est de digitaliser le plus grand nombre de services publics à l'horizon 2020, soit près de 400 services au total ", espère Clément Uwajeneza.

C'est pour accélérer la numérisation de l'ensemble des services de l'administration rwandaise que l'équipe du projet Irembo ainsi que le gouvernement travailleront main dans main avec les communautés de start-up et de développeurs, dans une logique collaborative dite d'innovation ouverte.

" A partir de 2016, nous allons favoriser l'éclosion d'un nouvel écosystème de start-up et de développeurs autour des enjeux de l'e-gouvernement. Si un développeur bien formé met au point une solution, par exemple une API qui permet aux Rwandais d'avoir un meilleur accès à un service administratif spécifique sur Internet, et bien nous le testerons, explique Clément Uwajeneza. Nous sommes très ouverts : si le résultat est probant en termes de qualité du service rendu aux citoyens, il sera pleinement intégré à l'offre de service globale Irembo. "

 

Mais qu'en est-il de la sécurité de toutes ces données personnelles à l'heure de l'explosion des cyberattaques et des nombreux enjeux éthiques liés au Big Data ? Clément Uwajeneza se veut rassurant : " Nous ne sommes propriétaires d'aucunes données. Elles sont et resteront propriété intégrale de l'Etat et de ses institutions. Notre service ne fait que l'aller-retour entre les données demandées par le citoyen sur la plate-forme et le service administratif concerné. Nous ne conservons que les reçus de paiement. Par ailleurs, nous allons opérer ce service durant vingt-cinq ans : nous sommes donc dans l'obligation constante de garantir la sécurité maximale de cette plate-forme contre les vols de données. "

Pour amplifier la mutation numérique de sa propre administration, l'Etat rwandais a opté pour un modèle de concession à durée limitée dans le temps, dit " Build, Operate, Transfer " : si la société privée RwandaOnline est bien en charge de la création de toute l'infrastructure puis de l'exploitation du portail Irembo pendant vingt-cinq ans, c'est l'Etat qui au final récupérera l'inté gralité du service pour en être le seul opérateur.

 

Pour faire le choix du meilleur modèle économique, le Rwanda s'est donné le temps d'observer puis de comparer ce qui se faisait de mieux ailleurs avoue Clément Uwajeneza : " Notamment du côté de l'Europe avec l'Estonie, mais aussi et surtout du côté de l'Asie avec Singapour, qui nous a le plus inspiré. D'ailleurs, nous avons des partenaires venus de Singapour qui nous aident dans la mise en œuvre du projet. "

Une mutation qui inspire déjà plusieurs pays d' Afrique parmi lesquels le Ghana, l' Ouganda ou encore le Bénin qui suivraient de près les résultats de l'expérience Irembo.

Samir Abdelkrim, entrepreneur et consultant avec StartupBRICS. com, un blog sur l'innovation dans les pays émergents, est chroniqueur Tech pour " Le Monde Afrique ". Depuis 2014, il vit au cœur des écosystèmes start-up africains avec #TECHAfrique : 15 pays d'Afrique explorés et des centaines d'entrepreneurs rencontrés.



Source : www.lemonde.fr


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