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Bénin : les Pays-Bas ont arreté un programme sur l'eau potable pour cause de corruption... Que fait Lionel Zinsou ?

  Politique, #

Les rues inondées de Cotonou. Les Pays-Bas aidaient justement le Bénin à gérer les problèmes hydrauliques, inondations comprises, quand leur aide s'est brusquement interrompue parce que de hauts-responsables béninois ont détourné de l'argent. Crédits : Serge Michel

À l'ambassade du royaume des Pays-Bas à Cotonou, on attend. Un audit doit établir les responsabilités quant aux détournements de l'aide publique hollandaise au Bénin. Les résultats ? " Courant juillet ", affirme-t-on dans les locaux, sans plus de précisions. L'audit est mené par un consortium de trois cabinets internationaux dont l'américain Kroll, leader dans le renseignement économique.

Le 9 juillet, Liliane Ploumen, la ministre néerlandaise du commerce extérieur et de la coopération au développement, est venue à Cotonou répéter les conditions posées par les Pays-Bas pour reprendre la coopération.

" Le Premier Ministre Lionel Zinsou et le président de la République Thomas Boni Yayi m'ont convaincu que des mesures seront prises pour que les fraudes ne se reproduisent plus à l'avenir. Nous sommes déjà satisfaits des mesures qui ont été prises par le gouvernement, dont l'audit indépendant d'investigation ", a affirmé Liliane Ploumen dans une conférence de presse.

La question est évidemment de savoir si les Pays-Bas vont exiger la traduction en justice des hauts responsables que l'audit pourrait désigner, et aussi de comment procéder si ces responsables devaient bénéficier d'une immunité en raison de leurs fonctions, parlementaires par exemple. Mais de cela, personne ne veut parler pour l'instant.

C'est elle, Liliane Ploumen, qui a pris la décision, le 6 mai dernier, de suspendre la coopération bilatérale directe entre les Pays-Bas et le gouvernement béninois, après le constat que 4 millions d'euros de l'ensemble de son aide publique au développement avaient disparu.

Les fonds étaient alloués au profit de la deuxième phase d'un programme pluriannuel d'appui au secteur eau et assainissement (PPEA II) d'une valeur de 66 millions d'euros, pour financer l'accès à l'eau potable en milieu rural et urbain sur une période de trois ans.

" Cela a été une décision très difficile. Je suis vraiment navrée pour les populations qui bénéficiaient de ce programme d'approvisionnement en eau potable. Mais il fallait prendre cette décision pour s'assurer de la bonne gestion des ressources du contribuable néerlandais ", a déclaré la ministre.

Un moratoire a été accordé jusqu'au 1er août pour que le gouvernement béninois prenne des mesures concrètes et rectifie le tir. " L'audit international établira les responsabilités et les Pays-Bas aviseront sur l'avenir de la coopération en se basant sur l'évaluation du dossier ", affirme sans vouloir spéculer l'ambassade.

Au ministère de l'énergie et de l'eau, qui a bénéficié de près de 40 % des fonds alloués, les questions irritent les cadres et les langues se délient difficilement : " Avec la situation tendue qui prévaut, je ne veux même pas parler, fulmine avec arrogance un cadre du ministère. Vous voyez un peu partout les blancs dans la maison ?

- Quels blancs ? (aucun étranger n'est visible ce jour-là au ministère)

- Je ne sais pas ", lâche-t-il avant de refermer la porte.

" La Direction Générale de l'eau avait la charge d'affecter les ressources financières dans les 77 communes du Bénin selon le plan budgétaire de chacune et leurs besoins, explique Ségla Lihoussou, chef division de la section eau et assainissement à l'Association Nationale des Communes du Bénin. C'est à ces dernières que revenait la maîtrise d'ouvrage pour la réalisation des infrastructures. "

51 % des ressources extérieures sont néerlandaises

Les Pays-Bas sont de loin le premier contributeur financier du Bénin dans le domaine de l'aménagement hydraulique, crucial pour le pays. Cotonou a donc intérêt à résoudre cette crise le plus rapidement possible.

Le nouveau premier ministre, Lionel Zinsou, en a d'ailleurs fait une de ses priorités, dès le lendemain de sa prise de fonction en juin. " En ces périodes de perturbations climatiques qui engendrent beaucoup d'inondations, nous devons absolument résoudre le problème avec les Pays-Bas ", avait-il confié au Monde Afrique en marge d'un entretien.

De sources diplomatiques, les ressources extérieures mobilisées sur la période 2003-2014, uniquement pour le sous-secteur de l'accès à l'eau potable en milieu rural ont été de l'ordre de 240 millions d'euros (environ 156 milliards de Francs Cfa). Les Pays-Bas, à eux seuls, ont apporté la moitié : 120 millions d'euros.

" Les Pays-Bas financent de moitié l'accès à l'eau potable au Bénin depuis la rédaction en 2002 d'un document stratégique pour la réduction de la pauvreté dans lequel le Bénin a défini, comme priorité nationale, l'accès des populations les plus défavorisées à l'eau potable ", explique un coopérant béninois.

Ces sommes importantes ont permis de financer de vastes programmes pluriannuels. Les principaux sont la première phase du PPEA (2007-2012), qui pèse 61 millions d'euros dont 7 millions en provenance du Danemark, qui a lui aussi arrêté sa coopération avec le Bénin en 2013 en raison de mauvaise gestion des ressources, et la seconde phase du PPEA (2013-2015), pour 66 millions d'euros, aujourd'hui en souffrance en raison de la décision néerlandaise.

" En ce qui concerne l'eau potable, le Bénin a atteint ses objectifs de développement du millénaire (OMD) grâce aux Pays-Bas ", affirme un spécialiste.

" Ces différents projets ont contribué à la réalisation de plus de 5 300 points d'eau dans les zones défavorisées du pays : bornes-fontaines, systèmes d'adduction d'eau villageoise et forages pour les milieux urbains. C'est aussi la réalisation de plus de 5 100 latrines dans les lieux publics et l'élaboration de plan directeur d'assainissement ", explique Sègla Lihoussou.

Ces travaux ont créé des milliers d'emplois et ont été utiles à des millions de personnes. " Les populations allaient s'approvisionner dans les rivières, les fleuves ou les lacs, poursuit Sègla Lihoussou. Des sources d'eau dans lesquelles ils faisaient aussi leurs besoins. "

" La coopération pourrait en prendre un coup "

En 2003, moins de 3 millions de Béninois avaient accès à l'eau potable. Les programmes d'aménagement hydraulique ont porté ce chiffre à près de 7 millions. Le taux de desserte au 31 décembre 2014 était de plus de 68 %. " En ce qui concerne l'eau potable, le Bénin a atteint ses objectifs de développement du millénaire (OMD) grâce aux Pays-Bas, affirme un spécialiste. Mais il faut continuer parce qu'il reste d'énormes problèmes à résoudre et des disparités entre les communes. "

À l'ambassade néerlandaise, les diplomates espèrent que le gouvernement béninois fera ce qu'il faut pour relancer les programmes. En attendant, " l'aide fournie par l'intermédiaire des organisations multilatérales et les ONG sur d'autres secteurs continue ", a indiqué Jos Van Aggelen, l'ambassadeur.

C'est ainsi que l'Association Béninoise pour le Marketing Social (ABMS), qui s'occupe de la santé de la reproduction et des droits sexuels, a bénéficié récemment d'un financement de quatre millions d'euros de la part des Pays-Bas. " La coopération pourrait en prendre un coup mais tout dépendra de l'évolution du dossier et des résultats de l'audit ", a indiqué la ministre néerlandaise Liliane Ploumen.

Sur la période 2014-2017, les Pays-Bas prévoyaient d'injecter plus de 145 millions d'euros, dont 74 millions pour l'accès à l'eau potable et l'assainissement et 50 millions pour la sécurité alimentaire. De quoi motiver Cotonou à lutter avec fermeté contre la corruption.


Source : www.lemonde.fr


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