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Boureïma Doumbia : la saga d'un maître du condiment

  Business, #

Unanimement apprécié par la gent féminine du continent, le bouillon est l'un des condiments indispensables pour la sublimation des plats. Sur le marché africain, la marque suisse Maggi et son rival espagnol Jumbo ont longtemps dominé le marché. Au Mali, un homme a décidé de changer la donne. Son nom : Boureïma Doumbia.

Ce Malien d'une trentaine d'années est à la tête depuis 2008 de la société Aminata Konaté (SAK), qui produit des bouillons sous la marque Bara Musso. Ce qui signifie " la femme préférée ", " la femme travailleuse ". Pour cet autodidacte, la réussite du Bara Musso prend racine sur son expérience de douze ans sur le marché de Lafiabougou. C'est là qu'en tant que vendeur de produits alimentaires, en se basant sur les observations de son vécu, il a eu l'idée de se mettre à son compte et de produire ce bouillon si prisé. Aujourd'hui, la marque Bara Musso compte 23 produits, dont le piment en poudre et en sauce, le poivre, le vinaigre et même le soumbala.

Un univers exclusivement féminin

Après avoir vécu au Sénégal durant sa jeunesse, Boureïma Doumbia met le cap sur le marché de Lafiabougou, un quartier de Bamako. C'est ici, au sein de cet espace, que va commencer son parcours. Avant de s'attaquer aux condiments, le jeune commerçant fait ses débuts en vendant des produits oléagineux. Au fil des ans, il se diversifie en proposant des condiments à sa clientèle. " Si l'on remarque bien, en Afrique, les marchés sont dominés par les femmes, surtout pour la vente des condiments ", précise Boureïma Doumbia. Selon lui, la parité homme-femme au sein des marchés est plus que primordiale, car " les marchés ne peuvent pas se développer si les hommes ne sont pas intégrés ". " Il faut que les femmes et les hommes se donnent la main pour industrialiser nos épices. " Pourtant, certaines de ses consoeurs du marché ne le voyaient pas d'un très bon œil. " Les femmes du marché me chahutaient à propos de mon projet de nadjini Bara Musso, mais, en faisant abstraction de tout cela, j'ai pu continuer à développer mon projet ", se souvient-il. Désormais la roue a tourné en sa faveur.

Boureïma Doumbia est à la tête de sa petite entreprise depuis 2008. © DR

Au départ, c'est l'incompréhension

Lorsque sa sœur aînée revient s'établir au Mali, elle décide de travailler avec Boureïma Doumbia au marché. " Là, je me suis demandé comment faire pour se développer si on est plusieurs dans la boutique. Donc l'idée de créer une marque de condiments est venue ", explique-t-il. Et l'envie certaine de voler de ses propres ailes. " Mais ce n'est pas possible, on ne peut pas industrialiser au Mali. Et en plus tu n'as pas fait l'école ! " lui répétait-on à l'envi notamment dans son cercle familial. Ayant foi en son projet d'entreprise, monsieur Doumbia rétorque que " ce n'était pas une question d'école, mais de confiance en soi ". Malgré cela, c'est vers sa famille, et plus précisément vers sa mère, que le novice en affaires se tourne pour le nom de sa marque. " Au moment où j'ai commencé à fabriquer le bouillon, il me manquait le nom de la marque. Ma mère m'a suggéré le nom Bara Musso avec ses bénédictions. " Pour la remercier et lui rendre hommage, " j'ai donné son nom à ma société : Aminata Konaté, et la boutique de Lafiabougou est entièrement à ma grande sœur qui m'a prêté 120 000 francs CFA (environ 180 euros) pour le lancement de mon projet ". Une autre personne de sa famille, son épouse, a joué et joue toujours un rôle important. " Tous les produits que je fabrique sont d'abord testés par ma famille, notamment ma femme et moi-même, avant d'arriver sur le marché ", assure le chef d'entreprise.

Un chemin semé d'embûches

Croyant fermement en son projet de création d'entreprise, Boureïma Doumbia a dû affronter plusieurs obstacles, dont l'industrialisation et l'expérience entrepreneuriale n'étaient pas les moindres... avant les rumeurs autour du bouillon. " En Afrique, beaucoup de rumeurs entourent ce condiment, par exemple que cela diminue la fertilité des hommes ", dit-il. Il y a aussi l'aspect financier. " Depuis 2008 jusqu'à maintenant, aucune institution ne m'a accompagné sur le plan financier, administratif ou autre ", indique-t-il. Boureïma Doumbia s'appuie, encore aujourd'hui, sur ses propres fonds pour parvenir à la fabrication de ses produits.

Sain, malien et halal

" On développe un pays avec son savoir-faire, c'est la raison pour laquelle je me suis lancé dans la production de condiments et pas autre chose, puisque c'est la seule chose que je connais ", déclare B. Doumbia. Avec plus d'une décennie de connaissances accumulées à son actif, il a pu comprendre les habitudes alimentaires des Maliens. " Avec mon entreprise, j'aspire à ce que le consommateur malien cherche avant tout la qualité, car notre santé en dépend. Comme je le dis régulièrement, le ventre ne se lave pas. " L'entreprise Aminata Konaté garantit des produits exclusivement du Mali. " Nous utilisons des produits agricoles locaux : le maïs, l'oignon, les légumes, l'ail, des épices et, bien sûr, le poulet garanti halal. Tous nos produits sont d'origine malienne, hormis le sel iodé et nos emballages qui proviennent du Sénégal. "

Industrialisation et création d'emplois

À la tête d'une société qui a créé environ 300 emplois directs et plus de 500 indirects, Boureïma contribue à augmenter le nombre d'actifs dans le pays. L'unité de production se situe à Sébénicoro. Pour ce qui est de l'expansion de la société, l'ancien commerçant ne se contente pas du marché local. " Actuellement, nous exportons au Sénégal, au Burkina Faso, en Guinée-Conakry et même au Congo-Brazzaville. Des commerçants prennent nos produits pour les vendre dans d'autres pays, par exemple en Arabie saoudite, à La Mecque, en France et même aux États-Unis. Ces commerçants sont des Maliens qui répondent à la demande les différentes diasporas maliennes ", explique-t-il.

La reconnaissance

Tous les deux ans, au Mali, une édition d'un concours organisé par l'UEMOA décerne un " prix de la qualité " pour les entreprises agroalimentaires. Les gagnants de chaque pays de l'UEMOA se retrouvent à Ouagadougou pour le " prix d'excellence ". " Nous avons gagné deux trophées, le prix d'engagement, en 2012, ainsi que le Prix d'encouragement, en 2014. Nous avons reçu ces prix de la part du ministère de l'Industrie et du Commerce. " De quoi poser une première pierre solide pour " soulever le drapeau et le label malien " vers une démarche d'autosuffisance alimentaire.



Source : Le Point Afrique


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