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Brazzaville, un hub aérien de haut vol : l'ambition de F. Beyina-Moussa, DG d' Ecair-ENTRETIEN - Afrique Inside Un média 100% numérique

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ECAir poursuit l'expansion de son réseau de 11 destinations. Après Libreville, la compagnie aérienne nationale du Congo, vient d'inaugurer la ligne Brazzaville-Dakar via Bamako le 19 mars dernier.

Ces deux nouvelles destinations complètent l'offre d'Equatorial Congo Airlines dont l'avionneur est Boeing. La nouvelle desserte Brazzaville-Dakar via Bamako offre de nouvelles opportunités aux voyageurs d'affaires et de loisirs du Sénégal et du Mali à partir de la capitale congolaise pour rejoindre Paris, Dubaï, Kinshasa, Cotonou.

Brazzaville, un hub en marche dont le CEO d'Ecair, Me Fatima Beyina-Moussa nous dévoile les ambitions dans cet entretien. Afrique Inside : Vous êtes l'une des rares femmes à diriger une compagnie aérienne sur le continent, qu'est-ce qui vous a amené à prendre les rennes d'Ecair?

En tant que conseiller du ministre des Finances du Congo, j'ai géré le projet de compagnie aérienne avec des consultants internationaux et lorsque le projet a aboutit, les autorités ont pensé que j'étais la bonne personne pour diriger cette compagnie.

 

Afrique Inside : Aviez-vous l'ambition de diriger Ecair?

Pas du tout honnêtement! J'apportais mon expertise en matière de financement, de gestion de portefeuille public de l'état. Mais je me prise au jeu. C'était un projet très enthousiasmant mais je ne pensais pas travailler au sein de la compagnie.

 

Afrique Inside : On imagine la pression autour de votre fonction de CEO dont la mission est de lancer une toute nouvelle compagnie, une tâche difficile?

C'est une rôle difficile, il faut bien l'avouer comme tout poste de responsabilité mais il y a beaucoup de satisfactions. J'avoue que le fait d'avoir fait naître la compagnie et la faire grandir, c'est satisfaisant. Nous avons maintenant 7 avions et nous travaillons pour en acquérir d'autres. D'ici la fin de l'année, nous voulons 17 avions. Voir les choses se concrétiser, se matérialiser procurent énormément de satisfaction. Nous faisons quelque chose de nouveau. C'est un secteur très diversifié; nous travaillons avec les pouvoirs publics nationaux et internationaux, des professionnels de tout horizon, des opérationnels sur les avions, des commerciaux, nous travaillons également sur les menus et les tenues vestimentaires du personnel navigant. C'est un métier passionnant.

 

Afrique Inside : Pour revenir à l'historique d'Ecair, comment l'aventure est née au niveau des pouvoirs publics congolais?

Depuis une dizaine d'année, le gouvernement du Congo a décidé d'investir dans les infrastructures aéroportuaires du pays. A partir du moment où le projet de construction d'un aéroport aussi moderne que celui de Maya-Maya a été décidé et au sein duquel beaucoup de gens ont envie de voyager, il n'était pas concevable de ne pas accompagner et compléter ce projet avec la naissance d'une compagnie aérienne nationale. Il fallait donner du sens au trafic concret dans cet aéroport. Une compagnie aérienne fait vivre l'aéroport et crée de l'emploi et du trafic. Sans cette compagnie aérienne, les investissements réalisés à Brazzaville et Pointe-Noire auraient été un peu vains. C'est la raison pour laquelle que l'aboutissement des investissements dans le domaine de l'aéroportuaire était la création d'Ecair.

 

Afrique Inside : Equatorial Congo Airlines a été crée il y a 4 ans, quel bilan faites-vous de votre action à la tête de la compagnie?

Globalement en toute modestie, les résultats sont positifs. Ce qui est difficile lorsqu'il s'agit de créer une compagnie aérienne, c'est de mobiliser les financements pour constituer une flotte qui correspond à nos ambitions. La flotte que nous avons réussi à constituer nous permet de faire des vols aussi bien domestiques que régionaux mais aussi des vols intercontinentaux, c'est une victoire car nous aurions pu avoir des avions mal adaptés aux besoins des destinations que nous visons. Nous avons des avions qui nous permettent de réaliser nos ambitions mais nous devons atteindre encore la taille critique de 10 avions et ensuite passer à une quinzaine d'avions, là nous aurons la taille critique nécessaire pour constituer un hub de bon niveau, c'est-à-dire que les passagers seront bien desservis en terme de destinations mais aussi en terme de fréquence. Nous souhaitons offrir à nos passager la flexibilité nécessaire pour voyager à leur guise. Nos destinations sont d'ailleurs desservies au moins trois fois par semaine. Donc le bilan sur la flotte, je crois qu'il est positif, maintenant sur les destinations, nous sommes à mi-chemin.

 

" Les capitales d'Afrique centrale doivent être reliées....Ecair peut servir de pont entre l'Afrique centrale et l'Afrique de l'ouest. " Afrique Inside : Vous prévoyez huit nouvelles destinations dans les six prochains mois pour la plupart africaines, vous adoptez une stratégie résolument africaine dans le but de conquérir un marché très ouvert?

Nous souhaitons faciliter déjà la circulation en Afrique centrale, ce n'est pas gagné! Il y a des capitales d'Afrique centrale de la sous-région CEMAC (Communauté Économique et Monétaire des Etats de l'Afrique Centrale) qui ne sont pas desservies. Nous pensons que c'est scandaleux. Par exemple, la liaison Brazzaville- Yaoundé n'existe pas, cette destination doit exister. Les capitales d'Afrique centrale doivent être reliées. Nous pensons également qu' Ecair peut servir de pont entre l'Afrique centrale et l'Afrique de l'ouest. A partir de l'aéroport de Brazzaville, nous souhaitons que les passagers de l'Afrique centrale puissent accéder facilement à Abidjan, Cotonou, Bamako et Dakar. Et plus tard quand nous pourrons rajouter de nouvelles destinations, on le fera, mais déjà commençons par ces villes importantes.

 

Afrique Inside : La nouvelle liaison Brazzaville-Dakar via Bamako marque un tournant historique dans le secteur de l'aviation civile africaine, quelles sont vos ambitions pour cette nouvelle desserte?

Avec notre vol qui se fait trois fois par semaine, Brazzaville-Bamako-Dakar, nous souhaitons faciliter les migrations de population. Nous avons des populations importantes d'Afrique de l'ouest qui sont installées à Brazzaville mais aussi à Kinshasa en République Démocratique du Congo. Donc nous souhaitons que ces personnes circulent facilement entre les Congo et le Sénégal et le Mali. Nous souhaitons inciter les citoyens maliens et sénégalais à venir à Brazzaville pour utiliser Brazzaville comme hub vers leurs destinations finales, par exemple Dubaï que nous desservons quotidiennement.

 

" ...Brazzaville sera alors connecté à Libreville, Yaoundé, Kinshasa, Luanda, Douala, Cotonou, Abidjan, Bamako, Dakar en plus de Beyrouth, Dubaï et Paris...Donc cette année, le hub sera une réalité " Afrique Inside : Ecair entend ainsi sur l'intégration et le commerce intra-africain, deux vecteurs du développement durable et inclusif sur le continent?

Nous voulons apporter notre contribution pour développer en Afrique un nouveau hub, une nouvelle plateforme dans laquelle les passagers du monde pourront circuler, pourront de Dubaï avoir leur porte d'accès en Afrique à Brazzaville et de là se déployer partout en Afrique. Nous nous battons pour faire en sorte que cela devienne une réalité.

 

Afrique Inside : Le pôle aéroportuaire évolue à Brazzaville déjà doté d'un aéroport moderne, du siège d'Ecair, d'un hôtel, à quelle échéance ce hub va se concrétiser?

Si à l'horizon de l'été 2015, nous finissons d'ouvrir les destinations que nous avions pour ambition d'ouvrir cette année, Brazzaville sera alors connecté à Libreville, Yaoundé, Kinshasa, Luanda, Douala, Cotonou, Abidjan, Bamako, Dakar en plus de Beyrouth, Dubaï et Paris. Là, le hub sera une réalité car nous travaillons pour faire en sorte que toutes ces destinations se fassent de manière coordonnée et logique. Donc cette année, le hub sera une réalité en même temps que le village aéroportuaire se développe autour de l'aéroport de Maya-Maya. Citons le siège d'Ecair, l'hôtel de l'aéroport qui va ouvrir très prochainement et d'autres constructions qui commencent pour faire de Maya-Maya village un véritable pôle d'activité pour la sous-région.

 

Afrique Inside : Parmi les ambitions du Congo pour l'aviation civile, il faut citer la formation aux métiers du secteur, où en êtes-vous?

Depuis la disparition d'Air Afrique, il n'y a plus d'expertise en matière d'aviation civile et commerciale, du moins dans notre pays , cette expertise avait disparu. Nous étions dans une situation où nous pouvions faire appel complètement à l'expertise étrangère ou nous mettre dans un mode de pensée beaucoup plus constructif en faisant appel à l'expertise internationale pour aider à former une main d'oeuvre congolaise à la hauteur des ambitions d'Ecair. Nous savions que cette option serait plus difficile mais c'est le choix que nous avons fait. C'était la seule option possible pour construire sur le long terme. En trois ans et demi, nous sommes assez contents. nous avons des jeunes qui sont devenus de bons personnels navigant et commerciaux. C'est gratifiant. Nous n'hésitons pas à les envoyer à l'étranger pour se former et même les former sur place.

 

Afrique Inside : Est-ce qu'on peut imaginer une école à Brazzaville pour former les jeunes aux métiers de l'aviation civile?

Nous avons monté un centre de formation. Nous formons des personnes internes qu'Ecair recrute mais nous avons aussi un module nouveau et nous avons sélectionné des personnes extérieures sur concours. Il s'agit d' un module relatif aux métiers de la distribution commerciale et technique. Ce centre peut se développer et devenir un centre de formation qui s'adresse aux jeunes congolais qui travaillent chez Ecair ou pas, mais aussi à tous les jeunes africains qui souhaitent travailler dans le domaine de l'aviation civile.

 

" Maintenant qu'Ecair a commencé, nos pairs des compagnies africaines aériennes savent qu'au Congo il existe une compagnie aérienne qui se hisse aux standards internationaux " Afrique Inside : Me Beyina-Moussa, vous présidez l'AFRAA( Association du transport aérien en Afrique). Brazzaville se prépare à accueillir la 47e Assemblée générale de l'AFRAA à l'automne prochain, dans quelle mesure l'AFRAA agit efficacement au niveau du ciel africain? " Pas d'argent, pas de compagnie aérienne! " Afrique Inside : Lesquelles?

Nous sommes fier d'organiser cet événement, c'est la première fois que l'AFRAA l'organise au Congo depuis 47 ans, c'est dire si nous étions absents de l'aviation civile. Maintenant qu'Ecair a commencé, nos pairs des compagnies africaines aériennes savent qu'au Congo il existe une compagnie aérienne qui se hisse aux standards internationaux et que se développe un nouveau hub à l'intérieur de l'Afrique centrale, c'est pourquoi ils ont donné leur accord pour venir à Brazzaville cette année. Nous allons recevoir 400 professionnels de l'aviation qui viennent de tous les secteurs, aussi bien des compagnies aériennes que des avionneurs comme Boeing et Airbus. Ces professionnels viendront du monde entier de tous les métiers de l'aviation. Donc c'est un honneur pour nous au Congo de recevoir tout ce monde et c'est aussi l'occasion de montrer ce que nous avons réalisé en quatre ans, de montrer l'aéroport de Brazzaville, de montrer qu'il y a un pays africain qui s'est intéressé à l'aviation civile commerciale et qui est en train de se battre pour innover dans ce domaine. Voilà pour les avantages au niveau du Congo. Mais l'événement constitue aussi une grande rencontre africaine. Ce sera l'occasion pour nous professionnels du secteur en Afrique de réfléchir aux problématiques du secteur sur le continent.

 

" La politique " d'open skies " n'est pas une réalité en Afrique " Afrique Inside : Il faut citer également les problèmes de gestion?

L'aviation civile africaine fait face à de nombreux problèmes, l'un des plus importants reste le financement. Pas d'argent, pas de compagnie aérienne! C'est valable en Afrique comme dans le monde entier. C'est une industrie dévoreuse de capital. Une compagnie aérienne ne peut pas exister sans avoir un financement durable et stable. C'est ce que beaucoup de compagnies aériennes ont du mal à obtenir, c'est pour cela que beaucoup d'entre elles ont disparu.

 

La rédaction Les onze destinations d'Ecair depuis Brazzaville:

Il y a des problèmes de gestion, c'est vrai comme partout ailleurs dans le monde, mais le problème fondamentale c'est la constitution solide et durable du capital qui permet de tenir sur la longueur. Une compagnie aérienne est budgétivore et n'est rentable qu'au bout d'un certain nombre d'années. Si les gouvernements ou les promoteurs n'ont pas la patience nécessaire pour réaliser les investissements nécessaires et attendre un retour, les compagnies aériennes vont démarrer et s'arrêter rapidement. L'autre problème concerne le manque d'ouverture des ciels africains. La politique " d'open skies " n'est pas une réalité en Afrique. Les compagnies ne devraient pas avoir besoin d'autorisations spéciales pour effectuer des vols vers d'autres pays africains. Elles doivent encore demander des autorisations d'exploitation et cela ne facilite pas la vie aux compagnies aériennes. Il faut savoir que dans d'autres parties monde, le ciel est ouvert, vous décidez d'exploiter, il suffit d'informer les autorités des pays concernés mais vous ne passez pas par tout un système d'audit, d'inspection pour faire ces destinations là. Cela porte préjudice aux compagnies africaines qui peinent à desservir d'autres pays africains. Et cela porte également préjudice aux passagers qui ont du mal à circuler à l'intérieur de l'Afrique. C'est l'une des problématiques dont nous parlons au sein de l'AFRAA pour favoriser cette politique " d'open skies ". Autre problématique, le manque de coopération entre les compagnies aériennes elles-mêmes. Les passagers sont parfois découragés d'arriver dans des aéroports sans pouvoir effectuer la liaison vers leurs destinations finales parce que les compagnies n'ont pas coordonné leurs vols, leurs horaires. La coopération est essentielle et ce n'est pas encore une réalité. Dans le reste du monde les compagnies coopèrent, il y a des alliances pour partager les codes, pour cumuler les points de fidélité, les horaires etc. En Afrique, cette coopération est encore timide. Et l'AFRAA constitue un outils utile pour travailler sur ces problématiques. D'ailleurs au sein de l'AFRAA, nous avons un comité pour faciliter le " route network coordination ", un autre comité pour baisser les prix du carburants. L'AFRAA nous aide à nous retrouver et à trouver des solutions ensemble. Il est évident que si nous continuons à avancer de façon dispersé, ce sera difficile de trouver des réponses durables à toutes nos problématiques.

 

_ Réseau domestique : Pointe-Noire et Ollombo.

_ Réseau régional : Kinshasa (navette fluviale), Libreville, Douala, Cotonou, Bamako, Dakar.

_ Réseau international : Paris, Dubaï, Bruxelles (en continuation depuis Paris).



Source : afriqueinside.com


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louis
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