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Brésil 2014: l'Afrique au moins en demi-finale?

  Sport, #

Europe: dix victoires. Amérique du sud: neuf. Reste du monde: zéro... La Coupe du monde porte mal son nom. Sur le plan du palmarès au moins. Mais y-a-t-il un autre point de vue? Il y a belle lurette que l'important n'est pas de participer. Seule la victoire compte: telle est l'unique vérité du football.

La "Coupe intercontinentale des nations", puisque telle est sa vraie nature, connaitra sa vingtième édition au Brésil, du 12 juin au 13 juillet. Le tableau d'honneur prouve à quel point les deux continents-phares du jeu préservent jalousement leur dialogue exclusif.

De 1930 à 2010, un examen poussé des résultats de l'épreuve, édition par édition, démontre combien le monde footballistique est à l'image du monde politique: bipolaire plus que pluriel, censitaire plus que démocratique. En toute logique mathématique, les dix-neuf éditions précédentes du Mondial ont généré:

_ 19 vainqueurs: 53% pour l'Europe, 47% pour l'Amsud.
_ 38 finalistes ou assimilés*: 66% pour l'Europe, 34% pour l'Amsud.
_ 76 demi-finalistes ou assimilés*: 71% pour l'Europe, 26% pour l'Amsud, 3% pour le reste du monde (USA 1930, Corée du Sud 2002).

L'Afrique dans tout ça? 0%. Jusqu'à présent, les quarts-de-finale de la Coupe du monde ont agi comme un plafond de verre pour le continent. Le Cameroun en 1990, battu (2-3 après prolongation) par l'Angleterre. Le Sénégal en 2002 éliminé (0-1 au but en or) par la Turquie. Le Ghana en 2010, crucifié (1-1, 2-4 aux tirs-aux-buts) par l'Uruguay.

Johannesbourg, 2 juillet 2010: la main du diable Suarez au bout des prolongations, le pénalty raté par Asamoah... Le coming out est-il pour cette année? On a le droit d'y croire.

Comme cause de la tyrannie du réel, rappeler le rôle primordial de l'histoire
: pour cause de décolonisation tardive, l'Afrique (à l'exception de l'Égypte en 1934) dut attendre la première édition mexicaine de l'épreuve, en 1970, pour se voir royalement octroyer un siège de plein droit en phase finale! Bien mieux que l'hypothèse spécieuse du talent inégal, la thèse de l'injustice historique ayant engendré une représentativité imparfaite explique mieux que tout cette distorsion des résultats.

Découpé selon l'évolution de sa représentation, voici le biorythme de l'Afrique au Mondial de 1970 à 2010:
1/1970/1978: un représentant sur seize élus en phase finale. 6,2% des participants, 0% des quart-de-finalistes ou assimilés.**
2/1982/1994: deux (trois en 1994) sur vingt-quatre. 9,3% des participants, 3,1% des quarts-de finaliste ou assimilés.***
3/1998/2010: cinq sur trente-deux. 16,4% des participants, 6,2% des quarts-de-finalistes.****

Résumé: en toute logique, la courbe de performance de l'Afrique en Coupe du monde progresse en fonction de son indice de représentativité. Lentement mais sûrement. On notera que la CAF (confédération africaine) qualifie moins de 10% de ses membres pour la phase finale du Mondial quand la Conmebol (confédération sud-américaine) en propulse 50%, et même 60% en 2014!

Au regard du poids réel de l'Afrique (esclavage, colonisation, immigration, expatriation) dans la démographie mondiale et subséquemment dans le football, cette représentation est obsolète. Elle empêche toute évolution significative du football de sélection et de ses résultats.

Dans un monde idéal, un Mondial équitable possèderait:

_ 8 qualifiés américains (nord et sud).
_ 8 qualifiés africains.
_ 10 qualifiés européens. C'est déjà beaucoup pour un continent qui représente au mieux 12% de la population mondiale et 55% du contingent historique de la compétition!
_ 6 qualifiés asiatiques et océaniens.

En attendant une révolution, que la corruption et l'opacité du système FIFA rendent à tout le moins hypothétique, reposons la question: y aura-t-il enfin un pays africain en demi-finale de la Coupe du monde?

Pour ma part, j'ai envie d'y croire, pour au moins trois raisons.
_ La fréquence des quarts s'accélère: douze ans d'attente de 1990 à 2002; huit, de 2002 à 2010... quatre, de 2010 à 2014?
_ Le coup passe de plus en plus près: élimination en prolongations en 1990; au but en or en 2002; aux tirs aux buts en 2010... victoire en 2014?
_ Le contexte historique et la proximité géographique. Pour les pays d'Afrique de l'Ouest, le Brésil est la continuité de soi, même douloureuse, la rive d'en face, même éloignée. Le rôle fondateur du Ghana, a fortiori du Nigeria, dans l'édification de l'identité brésilienne (génétique et spirituelle) n'est plus à démontrer.

Ghana (Allemagne, Portugal, USA) et Cameroun (Brésil, Croatie, Mexique) ont hérité de rivaux redoutables; l'Algérie est issue d'un tout autre héritage socio-historique. Dès lors, je mise, pour ma part, sur un duo Côte d'Ivoire (vice-champion d'Afrique 2012) / Nigeria (champion 2013) pour accomplir le grand bon en avant.Avec une préférence, quand même, pour les Super Eagles menés par le héros local Stephen Keshi, huitièmes de finaliste en 1994 contre l'Italie.

Pourquoi le Nigeria?

1/Parce qu'il est un peu l'Allemagne de l'Afrique. Au niveau de la CAdN, s'il ne gagne pas toujours (trois victoires contre sept pour l'Égypte), il possède le record de présence en demi-finale (quatorze en vingt-neuf éditions)!
2/Parce qu'il a l'expérience du Mondial: cinq participations sur les six dernières phases finales depuis 1994; seule l'édition 2006 en Allemagne lui a échappé, éliminé par l'Angola à la différence de buts particulière!
3/Parce qu'il a déjà réussi l'épreuve des poules à deux reprises, en 1994 (passant à deux minutes d'éliminer l'Italie en 1/8e) et 1998 (séché par le Danemark au même niveau).
4/Parce qu'on l'a vu, ils sera un peu chez eux au Brésil, à la manière des Pays-Bas en Afrique du Sud, en 2010.

A la condition raisonnable d'écarter le novice bosnien et le comparse iranien
, le Nigeria peut voir lourd: France, Suisse ou Équateur en huitièmes de finales et le cas échant, Allemagne en quarts. Au-delà, c'est l'inconnu... La perspective n'effraie pas le paratonnerre lillois Vincent Enyeama(31 ans, 88 sélections) fort de vingt-et-un "clean sheets" cette saison, un record dans les championnats majeurs en Europe:

"Nous irons loin. Nous sommes complètement concentrés et bien déterminés à ce que toute l'Afrique soit fière de nous. Le Ghana a failli atteindre les demi-finales il y a quatre ans. Nous allons faire mieux et être la première équipe africaine demi-finaliste d'une Coupe du Monde".

Amen...

 

*Ni demi-finale ni finale en 1950 (tournoi final à quatre); pas de demi-finale en 1974 et 1978.
**Pas de quart-de-finale à élimination directe en 1974 et 1978, mais un deuxième tour de poules qualifiant respectivement le vainqueur et son dauphin pour les grande et petite finales.
***Pas de quart-de-finale à élimination directe en 1982, mais un deuxième tour de poules qualifiant directement le vainqueur pour les demi-finales.
****L'Afrique du Sud, organisatrice, s'était ajoutée au contingent africain.

 



Source : blog.lefigaro.fr


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