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Brooklyn: le film qui sort le cinéma français de son entre-soi bourgeois - Critique et avis par Les Inrocks

  Culture & Loisirs, #

Le cinéma français reste-t-il trop cantonné dans son entre-soi bourgeois blanc, devant et derrière la caméra?? Sans doute, mais les choses bougent.

Après Bande de filles de Céline Sciamma, après des films "guérilla" comme Donoma de Djinn Carrenard ou Rengaine de Rachid Djaïdani, voici le percutant Brooklyn, où Pascal Tessaud filme à l'arrache, avec les (petits) moyens du bord, le peuple des quartiers populaires, ses composantes noire et arabe.

On y emboîte le pas syncopé de Coralie, nom de scène Brooklyn, rappeuse suisse et métisse, venue tenter sa chance à Saint-Denis. Elle trouve un job dans une assoce de rappeurs et conquiert petit à petit sa place dans ce nouvel environnement en dégainant son flow incendiaire dans des battles de slam. Il faut préciser que Coralie est jouée par la rappeuse KT Gorique, championne du monde d'impro rap.

Un fantastique vivier d'énergies et de talents

Pascal Tessaud fait la différence en se choisissant une héroïne féminine dans un univers plus volontiers masculin. Brooklyn est avant tout un sensible et complexe portrait de femme, aussi fine et cultivée à la ville que pugnace et guerrière micro en main.

 

Lui-même originaire de Saint-Denis, Tessaud porte le même regard complexe et empathique sur les personnages secondaires, bien épaulé par ses comédiens, du craquant Rafal Uchiwa à la gouailleuse Liliane Rovère, en passant par l'impressionnant Jalil Naciri, au jeu tranchant comme une lame.

L'ambition de Tessaud est de montrer que les quartiers dits difficiles ne sont pas réductibles aux faits divers et gros titres, qu'y bouillonne un fantastique vivier d'énergies et de talents, qu'à côté de sa veine bling-bling ou gangsta, le rap peut aussi être une culture socialement et politiquement consciente, enracinée dans le bitume de son environnement populaire, la voix et la voie de ceux qui ne trouvent pas leur place dans le centre de la société.

Une alternative formelle et politique

Formé aux arts graphiques, Tessaud n'oublie pas d'inventer sa forme, synchrone de son fond, avec un montage elliptique et tranchant, un rythme à la fois languide et syncopé, un flow filmique qui tiendrait à la fois de l'impro jazz et des scratches du rap.

 

Il est intéressant que Brooklyn voisine avec Straight Outta Compton : à côté de l'académisme d'un biopic hollywoodien pro domo qui héroïse ses protagonistes en arrondissant les angles, Tessaud propose une véritable alternative formelle et politique, qui doit plus à Cassavetes ou aux premiers Spike Lee qu'à une légende artificiellement dorée sur tranche.

Compton, c'est le rap digéré par le système. Brooklyn, c'est le ciné-rap alternatif au système, ancré dans le local et qui voit l'Amérique comme un lointain horizon utopique.



Source : www.lesinrocks.com


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Hawa
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