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Carole Da Silva : Franco-Béninoise, heureuse et fière d'être femme, noire et ambitieuse ...

  Société, #

Charismatique (adjectif, variable) : se dit d'une personnalité dotée d'un prestige et d'un pouvoir de séduction exceptionnels, capables d'inspirer et d'influencer les autres.

Synonymes : solaire, captivant-e, brillant-e, radieux-se.


Exemple : Carole Da Silva, fondatrice et directrice de l'AFIP (Association pour Favoriser l'Intégration Professionnelle).

C'est notre femme de réseau(x), ex-Sage et toujours force d'excellentes propositions Catherine Thibaux qui nous a recommandé de contacter Carole Da Silva.

Elle nous a prévenu-es : " Au cas où Carole ne vous le raconterait pas, je vous dis comment je l'ai rencontrée. C'était en 2004, dans un colloque organisé par IMS-Entreprendre pour la cité sur le thème de la diversité. Les interventions s'enchaînent puis on donne la parole à la salle. Une jeune femme noire se lève et dit en substance : "Pardon messieurs, vous parlez tous très bien de la diversité, je vous félicite. Mais sur scène, que nous donnez-vous à voir? Un bel aréopage d'hommes blancs bien nés et bien diplômés d'environ 50 ans. Elle est où, la diversité, là tout de suite, maintenant?" . J'ai été bluffée par son culot, poursuit Catherine Thibaux , je suis allée la voir à la pause et nous avons immédiatement décidé de bâtir ensemble une formation sur les stéréotypes à destination des recruteurs."

C'est un double luxe dont elle jouit sans retenue. A la tête de Ce temps est révolu, elle a l'âge où on l'écoute et celui où l'on transmet. l'AFIP qu'elle a fondée il y a 11 ans, elle oeuvre à l'intégration professionnelle des jeunes diplômés issus de l'immigration qui se confrontent à des difficultés pour trouver un emploi et faire évoluer leur carrière.

Elle-même, a-t-elle été victime de discrimination à l'embauche dans son histoire professionnelle? Elle dit n'avoir pas rencontré de difficultés pour entrer sur le marché du travail ou ne pas les avoir analysées, à l'époque.

En revanche, elle reste marquée par le souvenir d'une perspective de progression qui lui a échappé alors qu'elle ne s'y attendait absolument pas. " Je travaillais dans une collectivité, comme adjointe du directeur général. En son absence, j'ai assuré l'intérim pendant 6 mois. Tout le monde était content de mon travail. J'avais la connaissance des dossiers, l'expérience du terrain, la confiance du personnel. Mais quand il s'est trouvé que le directeur ne reviendrait pas et alors que je m'attendais naturellement à prendre sa place, on m'a dit "Carole, franchement, nous, on est très satisfait de ton travail, il n'y a aucun problème du côté des compétences mais stratégiquement, ce n'est pas possible. Nos élus ne comprendraient pas, ils ne sont pas prêts." "

Qu'a-t-elle ressenti alors? De la peine? Un douloureux sentiment d'injustice? De la rage? Du découragement? Rien de tout ça : " Très honnêtement, ça peut paraître arrogant, mais j'ai ressenti surtout du mépris. Je me suis dit "Que ces gens sont petits". Se priver d'une collaboratrice fiable, capable, expérimentée parce qu'on n'a peur d'un regard qu'on suppose par avance hostile, c'est médiocre plus qu'autre chose. Moi, j'avais confiance en moi et la certitude que du boulot, j'en retrouverais. Et la certitude aussi que je n'avais plus rien à faire parmi ces gens à l'esprit étriqué."

Elle propose alors un deal à ses supérieurs : elle partira sans faire de vagues en échange du financement de sa formation en "Ingénierie du développement local et intégration en Europe." "Le titre est pompeux, mais pour faire simple, c'est de la gestion des politiques urbaines et de l'engagement sociétal. "

Elle consacre son mémoire à "l'intégration professionnelle des jeunes diplômés noirs de France" et prend conscience de tous les mécanismes aveugles et sourds qui sont à l'oeuvre dans le racisme ordinaire. " Ce n'est pas quand on vous traite de "sale noir" que ça se joue, ça, c'est la caricature. Ce qu'il faut analyser et combattre, ce sont tous les stéréotypes qui font obstacle, notamment dans le travail et malgré la sincère bonne volonté des recruteurs et des managers, à la progression professionnelle des personnes qui n'ont pas un nom franco-français ou le type caucasien."

" A mon fils, je ne pourrai pas assumer de dire "je n'ai pas essayé" d'oeuvrer en faveur de l'égalité"

Exemple frappant de la persistance des préjugés mâtinés de bonne conscience caractérisée : quand son fils nait en 2001, elle montre une photo à ses collègues, l'une d'elles s'exclame "Mais il n'est pas métisse?" . Eh non, il est noir : "Tu sais, quand deux personnes noires s'accouplent, l'enfant est souvent noir, lui aussi." rappelle patiemment Carole Da Silva à la consoeur maladroite. , s'enfonce l'autre. "Mais Carole, tu es tellement intégrée, moi j'étais persuadée que tu vivais avec un Blanc" Se dégotter un conjoint blanc, signe ultime d'ascension sociale? Là, Carole avoue : " C'était pas fait pour être méchant, mais ça fait mal."

La naissance de son fils, c'est justement un déclic pour Carole Da Silva. " Je me dis qu'il faut que je fasse quelque chose, que j'agisse pour que mon enfant, même pas métisse (rire) , grandisse et vive dans une société où cette question n'en sera plus une. La société ne sera plus jamais monocolore, alors il faut que l'égalité devienne une réalité. La promesse que je fais en moi-même à mon fils, en 2001, le jour où je décide de créer l'AFIP, c'est d'essayer. Je ne peux pas dire qu'en une génération, je vais réussir à effacer tous les stéréotypes, mais je ne pourrai pas assumer de dire dans 20 ans à mon enfant "Oui, je savais, mais j'ai rien fait"."

Février 2002, les statuts de l'Association pour Favoriser l'Intégration Professionnelle sont déposés en préfecture.

Elle écrit à Jean-Louis Borloo, coeur à nu, pour lui expliquer sa démarche et faire appel à son soutien. Coup de fil du secrétariat du Ministre de l'Emploi, du Travail et de la Cohésion Sociale le surlendemain. Rendez-vous fixé dans la semaine.

Elle contacte la presse. Arrivée à la Maison Ronde pour une simple rencontre avec Benson Diakité de RFI, elle se retrouve illico en studio : " Il me dit "on peut enregistrer maintenant tout de suite, si vous voulez." Je lui réponds que je n'ai jamais parlé sur les ondes. On fait un essai, c'est dans la boîte. Il s'exclame "vous alors, vous êtes une bonne cliente!" et le reportage tourne pendant un mois. " L'effet boule de neige est en marche : le serveur téléphonique de l'AFIP menace d'implosion : on veut en savoir plus, rejoindre le réseau de "parrains", inviter Carole Da Silva en plateau pour parler de l'intégration professionnelle, témoigner de son soutien, proposer de l'aide...

Pour organiser le premier colloque de l'AFIP, Carole Da Silva obtient la mise à disposition des salons de l'UNESCO, rien que ça. Plus de 200 personnes assistent aux débats. L'enthousiasme est au rendez-vous. " Je me rends compte que cette fois-ci, une partie de la société est prête! Le sujet intéresse, la conviction qu'il faut agir pour l'intégration professionnelle des jeunes issus de l'immigration est là, mais personne ne sait encore comment s'y prendre."

Comment s'y prendre? Carole a sa petite idée : elle renforce son réseau de "parrains" et "marraines" qu'elle met en relations avec de jeunes diplômés brillants et motivés.

Le socle de l'AFIP, c'est cet esprit de partenariat. Carole Da Silva y tient beaucoup : " C'est un échange gagnant-gagnant. Le jeune diplômé prend des engagements : avant tout, celui d'être investi dans sa propre recherche d'emploi, de respecter les rendez-vous, d'être réactif aux propositions qu'on lui fait, de se tenir à l'écoute des conseils de son parrain. Le parrain, lui, y voit une chance de prendre du recul par rapport à son quotidien professionnel, il s'interroge sur ses pratiques, il s'ouvre à d'autres perspectives. Nous veillons à ce que le suivi du filleul soit une réalité mais sans que ce soit une lourde contrainte. Nous sommes en perman ence en lien avec nos parrains et marraines pour nous assurer que tout se passe bien et pour aménager éventuellement l'organisation de la mission de parrainage en fonction des conditions de chacun."

Et ça marche! Parrains/marraines et filleul-es sont enchanté-es. Les un-es embarquent leurs collègues, voire leur entreprise tout entière dans le projet. Les autres se passent le mot : si tu as besoin de développer ton réseau, de rendre plus efficace ta recherche d'emploi et de prendre confiance en toi, va à l'AFIP ; non seulement tu y trouveras des contacts mais en plus on t'aidera à refaire ton CV et à préparer tes entretiens, à travailler sur ton image professionnelle, à comprendre les codes du monde du travail et à renforcer ton estime de soi. Visites d'entreprises, ateliers de coaching, mentoring, networking, conseils personnalisés, l'AFIP actionne tous les leviers de l'intégration professionnelle.

A l'heure actuelle, l'AFIP c'est 300 parrains/marraines et 300 jeunes diplômé-es en suivi. 3000 candiats font chaque année la demande d'adhésion à l'AFIP.

Comment les sélectionner ? " D'abord, certaines personnes ne rentrent pas dans les critères. Pour être adhérent de l'AFIP, il faut avoir moins de 35 ans et au minimum un bac +4. Mais toutes les personnes qui contactent l'AFIP, même si elles ne sont pas éligibles au programme de suivi, sont reçues au moins une fois en entretien. Ensuite, parmi celles qui répondent aux critères, nous mesurons assez facilement la motivation : certaines personnes ne sont attirées que par le réseau de contacts et ne veulent pas jouer le jeu, pas prendre les engagements que nous attendons d'elles. Nous ne portons pas de jugement sur cette attitude, mais nous expliquons que la démarche de l'AFIP est globale et qu'elle implique une vraie participation des candidats à l'ensemble des actions de l'association."

A mille lieux de discours de victimisation, Carole Da Silva rend à chacun-e la possibilité d'être acteur ou actrice de son destin.

" Travailler, c'est la première étape de l'intégration à la société, le tout premier lieu de fierté d'être soi, de légitimité d'exister et de construction de ses projets. On ne peut empêcher personne de vouloir travailler. Mais qui a envie de collaborer avec quelqu'un qui inspire de la pitié? C'est de l'envie qu'il faut inspirer. Ca s'apprend, ça s'entretient, ça se transmet. Moi, je suis heureuse d'être noire, d'être femme, d'être mère, d'avoir 40 ans... Tout ça, c'est ma force. Rien de ce que je suis ne m'entrave. Se regarder, s'aimer et s'estimer soi-même, c'est permettre aux autres d'en faire autant et faire tomber une à une les barrières des préjugés ."

Charismatique : personne solaire et inspirante. Exemple : Carole Da Silva, dont on quitte le bureau du 22è étage de la Tour Essor avec la tête pleine de réflexions stimulantes, le coeur empli de courage et d'énergie et plus que tout le désir d'être comme elle, oui, d'être une personne qui ose être soi pour pouvoir agir.

Tour Essor 93 - 22ème étage

14, rue Scandicci
93500 PANTIN

e-mail : accueil@afip-asso.org
Tél.: 01 48 96 27 30 - accueil téléphonique du lundi au vendredi de 9 heures 30 à 12 heures 30 et de 14 heures à 18 heures
Entretiens sur rendez-vous


Source : www.eveleblog.com


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