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Ce sketch de Canal + qui n'amuse pas du tout les Rwandais

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A la veille de la 20 e commémoration du génocide rwandais, au cours duquel ont été massacrées un million de personnes pour le simple fait d'être nées tutsis, Canal + a diffusé, le 20 décembre 2013, un sketch intitulé " Rendez-vous en parenthèse inconnue " dont le génocide apparaissait en toile de fond.

Un des personnages, relatant ses démarches pour adopter un enfant rwandais, regrettait que la famille de ce dernier ait été retrouvée, l'obligeant ainsi à " en choisir un autre " et à demander " à voir la carte du village rasé, pour être sûr que tout le monde y était resté ". Le comédien est même allé jusqu'à s'écrier : " On te dit génocide, génocide... Moi je trouve qu'il y en a encore un paquet en pleine forme ! "

Un autre personnage interprétait une chanson présentée comme étant de tradition rwandaise. Elle s'inspirait de la comptine Fais Dodo Colas mon petit frère, mais les paroles étaient : " Dors mon enfant car les autres sont morts. Maman est en haut, coupée en morceaux... Papa est en bas, il lui manque les bras ", faisant ainsi une référence explicite au corps des victimes décédées et aux survivants mutilés.

 

Alors que le monde entier s'apprêtait à rendre hommage aux victimes, Canal + a donc trouvé une façon infamante de commémorer le génocide commis contre les Tutsis en diffusant ce sketch qui tourne en dérision les crimes perpétrés et les souffrances vécues par les victimes. La chaîne a incité le spectateur à en rire et à porter un jugement de valeur favorable sur ces crimes, effaçant la réprobation morale qui, de par la loi, s'attache à ces mêmes crimes.

Ce sketch a fait l'objet d'une mise en demeure du Conseil supérieur de l'audiovisuel qui a considéré que " certains propos portaient atteinte à la dignité de la personne humaine, en dépit du genre humoristique auquel elle entendait être rattachée, et étaient en eux-mêmes et quel que soit leur contexte, attentatoires aux personnes frappées par un génocide. " Malgré l'indignation et l'interpellation de plus de 20 000 citoyens et de nombreuses organisations, Canal + - qui a regretté " la différence d'appréciation dans le domaine de l'humour " mais ne s'est pas excusé - a rediffusé ce sketch les 31 décembre 2013 et le 1 er janvier 2014.

Une plainte avec constitution de partie civile a alors été déposée devant le juge d'instruction auprès du tribunal de grande instance de Paris, sur la base des dispositions de la loi du 29 juillet 1881 relatives à la liberté de la presse qui prévoient et punissent les infractions d'apologie de crimes contre l'humanité et d'injures publiques envers un groupe de personnes en raison de leur origine ou de leur appartenance à une ethnie. Celui-ci n'a pas autorisé un débat judiciaire sur le fond et a déclaré cette action irrecevable, estimant que les victimes des crimes commis contre les Tutsis ne peuvent pas se prévaloir de cette loi.

 

Cette question vient d'être examinée mardi 23 juin par la Cour de cassation dans le cadre d'une procédure de question prioritaire de constitutionnalité qui lui a été transmise par la cour d'appel de Paris, consistant, entre autres, à savoir si l'exclusion des victimes tutsis de l'application de la loi du 29 juillet 1881 relatives à la liberté de la presse est notamment compatible avec l'article 6 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, selon laquelle la loi " doit être la même pour tous, qu'elle protège ou qu'elle punisse ".

Sa décision sera rendue le 8 juillet. A nos yeux, les propos tenus dans ce sketch insultent la mémoire des victimes et rouvrent les blessures des survivants marqués à jamais. L'histoire des victimes de la Shoah et du génocide des Arméniens nous donne suffisamment de recul pour dire avec certitude que le déni, sous toutes ses formes, tue lorsqu'il est toléré. C'est pourquoi nous en appelons à la justice afin qu'elle protège la mémoire des victimes du génocide des Tutsis et la dignité des survivants, de la même façon qu'elle le fait pour les autres victimes dans le cadre de la loi du 29 juillet 1881 relative à la liberté de la presse.

Les associations " Communauté Rwandaise de France " et " Ibuka ".



Source : www.lemonde.fr


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