Pour la première fois, la prestigieuse école Polytechnique de Paris a organisé sur le sol africain un examen d'entrée. Le concours s'est déroulé en mai 2015. Le centre situé à Dakar, au Sénégal, est le quinzième ouvert dans le monde. Le but de cette délocalisation entre dans le cadre de la stratégie de développement à l'international de l'école surnommée l'X. Mais, pour les cerveaux situés loin de France, africains notamment, cette initiative qui leur offre une chance d'intégrer l'école de leur rêve, en passant l'examen d'entrée dans leur propre pays, ou du moins un pays pas trop pas loin et où ils pourront se rendre facilement.

L'exploit du Sénégal

Pour l'actuelle promotion qui a démarré les cours ce mois de janvier, ils sont douze à avoir réussi au concours organisé simultanément dans les quinze centres internationaux situés en Europe, Asie, Amérique, et donc maintenant l'Afrique.

Parmi ces douze heureux lauréats internationaux, figurent deux étudiants sénégalais en licence de Mathématiques. Le centre de Dakar a ainsi frappé fort dès son inauguration en plaçant deux lauréats sur cette liste très restreinte. Le Sénégal est d'ailleurs le seul pays à avoir deux lauréats. Un exploit.

"j'avais un défi à relever"

Les heureux élus sont Papa Séga Wade de l'université Assane Seck de Ziguinchor, et Abou Coura Ndiaye de l'universitaire Cheikh Anta Diop de Dakar.

Papa Séga Wade (25 ans) s'est classé 5 ^e sur 12 admis, alors qu'Abdou Coura Ndiaye (23 ans) s'est hissé à la 9 e place.

" Ce concours était un défi que nous a lancés le doyen de notre faculté quand il nous a sélectionnés pour représenter notre université. En face de nous il y avait des étudiants venus d'autres universités. A partir de ce moment donc je me suis dis qu'il fallait que je relève ce défi. ", a confié à Afrique Connection Abou Coura Ndiaye.

"la fierté d'avoir honoré ma famille"

" C'est une fierté pour moi parce que je viens d'une famille qui n'a pas de moyens. Mais c'est surtout une fierté d'avoir honoré ma famille et tous les gens qui m'ont soutenu dans mes études et pour que je réussisse à ce concours. ", a-t -il ajouté.

Papa Séga Wade abonde dans le même sens. " C'est un grand sentiment de joie qui m'a animé après avoir été reçu à ce concours. A Polytechnique, je représente non seulement l'université Assane Seck de Ziguinchor mais aussi ma famille, mon pays, le Sénégal, et l'Afrique. C'est une fierté pour moi d'être là. "

Le ministre de l'Enseignement supérieur du Sénégal, Mary Tew Niane, s'est réjoui de cette performance en soulignant la qualité de formation dispensée à ses ouailles.

" C'est la preuve que nous dispensons au Sénégal une formation de qualité parce qu'il n'est donné à aucun pays, autre que le Sénégal, dans le concours international de l'école Polytechnique de Paris, d'avoir deux admis sur les douze en compétissant avec des Brésiliens, des Russes, des Anglais, des Chinois, des Asiatiques... ", s'est félicité le ministre.

Et d'ajouter : " Cela vous montre que nous sommes dans le chemin de l'excellence. Et ce chemin a un coût. Et c'est ce cout-là qu'il faut payer pour pouvoir récolter demain les fruits. L'université Assane Seck de Ziguinchor, quelques soient les conditions de travail que nous y avons, elle nous a produit un jeune qui a réussi au concours international. Ce qui montre que le département de Maths de l'université Assane Seck est un département de qualité. Le département de Maths de l'université Cheikh Anata Diop de Dakar est un département de qualité. Tous nos départements de Maths sont de qualité. L'effort que l'Etat est en train de faire nous permettra dans quelques années d'avoir énormément de satisfaction pour les jeunes qui pourront porter le projet économique et de le réaliser au même niveau qu'au niveau international. "

Un engagement écrit de rentrer après la formation

Papa Séga Wade et Abdou Coura Ndiaye ont débarqué à Paris le 11 janvier. Ils se sont aussitôt mis à la tâche, avec l'ambition de réussir avec brio leur intense formation qui va durer quatre ans.

Ces deux jeunes cracks vont-ils suivre les pas de tous ces cerveaux africains qui, une fois après leur formation, vont servir dans les plus grandes multinationales ou laboratoires du monde ?

En tout cas, avant de quitter le Sénégal, tous les deux ont signé un engagement écrit qui stipule qu'ils vont rentrer servir leur pays à la fin de leur cursus.

Thierno DIALLO pour afriqueconnection.com