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Chant raciste dans une université américaine

  Société, #

Des membres de la confrérie Sygma Alpha Epsilon de ­l'Université d'Oklahoma ont entonné des chansons incitant à la haine raciale, séquence diffusée sur les réseaux sociaux.

 

Le mea culpa orchestré à grands frais par une agence de relations publiques n'aura pas suffi à excuser, et encore moins à comprendre, le comportement de Levi Pettit. Avec son air de premier de la classe, cet étudiant de l'Université d'Oklahoma a acquis une notoriété nationale en entonnant, micro à la main, un chant raciste repris à l'unisson par ses camarades dans un bus qui les ramenait d'une sortie universitaire.

Pour son malheur, cette séquence, où il est question de " lyncher des Noirs ", a été filmée et divulguée sur les réseaux sociaux début mars. Les jeunes gens, mem­bres de la fraternité étudiante Sygma Alpha Epsilon (SAE), y apparaissent en costume noir et nœud papillon. Sitôt la vidéo connue, le jeune Pettit a été exclu de l'université?; de même que l'autre meneur du groupe, qui chantait avec tout autant de conviction qu'il n'y aurait " jamais de Nègres à la SAE ".

 

" Chasse aux Noirs "

Quelques semaines après les faits, sur les conseils d'experts en communication engagés par ses parents, Levi Pettit a tenu une conférence de presse, flanqué de responsables de la communauté noire de la ville d'Oklahoma City. Mais ses efforts pour convaincre de sa bonne foi - " Je ne savais pas à quel point ce n'était pas bien " - ont laissé une question en suspens?: où et quand ces étudiants de la prestigieuse fraternité Sygma Alpha Epsilon ont-ils appris ce chant haineux, au point d'en faire une sorte de cri de ralliement??

Ce mystère a jeté le discrédit sur l'ensemble de la fraternité, soupçonnée d'avoir instillé ce goût de l'exclusion lors de séances de formation organisées pour les impétrants. Créée en Alabama en 1856, la SAE ne cache pas son attachement à son héritage sudiste, mais dément toute forme de discrimination. A plusieurs reprises, elle a pourtant été impliquée dans des affaires qui dégradaient l'image de la population afro-américaine?: mise en scène de " chasse aux Noirs " ou, en décembre 2014, parodie de " gangs " afro-américains. Cette dernière provocation sur un campus de Caroline du Sud a, le 6 avril, entraîné la suspension de la section locale de la fraternité jusqu'en 2017.

 

La SAE n'en est pas à son premier coup de semonce?: bizutages abusifs, soirées alcoolisées ayant entraîné le décès de plusieurs étudiants au fil des ans, trafics de drogue, agressions sexuelles, attaque d'une fraternité juive..., la liste des méfaits qui ont entaché cette fraternité, l'une des plus grandes des campus américains, est impressionnante.

15?000 membres actifs

En 2006, les parents d'un membre de la SAE du Texas, victime d'une chute mortelle après avoir dû ingurgiter des litres d'alcool, ont poursuivi la fraternité en justice et obtenu plusieurs millions de dollars de dédommagement, espérant que leur action empêche d'autres bizutages dramatiques. La SAE compte aujourd'hui quelque 15?000 membres actifs.

L'affaire de l'Oklahoma a aussi relancé le débat, récurrent, sur les pratiques de ces organisations qui utilisent des lettres grecques pour se nommer et aux droits d'entrée sélectifs, qui demeurent d'incontournables institutions sur les campus américains. Au cours des dernières semaines, cinq sections relevant de fraternités différentes ont été fermées dans le pays pour harcèlement sexuel, découverte de photos pornographiques, bizutage mortel ou trafic de stupéfiants... Kappa Delta Rho en Pennsylvanie, Pi Kappa Alpha et Sygma Alpha Epsilon en Caroline du Sud, Alpha Tau Omega et Pi Kappa Phi en Caroline du Nord, ont un peu plus alimenté les inquiétudes des parents, déjà alarmés par la pratique du " binge drinking ", en vogue sur les campus.

L'Institut national de l'abus d'alcool estime ainsi à 1?800 le nombre annuel de décès d'étudiants directement liés à la consommation d'alcool. Des responsables de fraternités et d'universités s'engagent régulièrement à mettre un terme à ces pratiques. Au total, plus de 400?000 jeunes Américains appartiennent à l'une des centaines de fraternités et sororités du pays, dont les chartes mettent en avant " le respect ", " la tolérance " et " l'honneur ".

" Un dangereux mode de pensée conformiste "

Attirés par la vie sociale et l'entraide qu'offrent ces confréries sur les campus, ils y viennent aussi pour le réseau professionnel qu'une adhésion permet de se constituer pour la vie auprès des anciens membres. Pour demeurer membre, l'étudiant(e) doit faire preuve d'une grande disponibilité et participer à de nombreux événements philanthropiques ou sportifs.

Au-delà de ces organisations traditionnellement non mixtes, on trouve une myriade d'associations communautaires qui favorisent l'entre-soi. " Le processus de sélection des fraternités empêche la diversité et promeut un dangereux mode de pensée conformiste ", expliquait récemment Alan D. DeSantis, enseignant et spécialiste des fraternités, dans le Washington Post. Selon lui, l'emprise des anciens sur les nouveaux empêche tout esprit de contradiction : " Personne ne se lèvera jamais pour dire?: on ne devrait sans doute pas faire ça. " La loi du silence, cependant, craque de plus en plus. ­Téléphones portables et réseaux sociaux sont désormais des témoins implacables.

Quoique moins exposées, les sororités ne sont pas non plus à l'abri de dérapages lors de certains bizutages (théoriquement interdits) où le mauvais goût le dispute à la brutalité. Ce climat malsain donne prise à toutes les suspicions, justifiées ou non. Récemment, la police a indiqué que les accusations de viol collectif proférées par une jeune femme à l'encontre de membres d'une fraternité de l'Université de Virginie n'étaient pas avérées.

 

Révélée en novembre 2014 par le magazine ­ Rolling Stone, cette affaire avait relancé une campagne contre les agressions sexuelles sur les campus. Le 5 avril, la rédaction du magazine culturel a publié un rapport détaillant les manquements commis lors de cette enquête et supprimé l'article incriminé de son site. Tout en insistant?: " Les agressions sexuelles demeurent un sérieux problème sur les campus des universités. "



Source : www.lemonde.fr


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