Politique, # |
|||
L'ONU a dénoncé vendredi l'existence de massacres ethniques, de charniers avec une centaine de cadavres et de viols collectifs commis par les forces de sécurité au Burundi, pays plongé depuis fin avril dans une grave crise politique. Des allégations jusque-là difficiles à vérifier. Alors qu'un mémo confidentiel de l'ONU avait fuité lundi, prévoyant un "scénario du pire" pour le Burund i dans les mois à venir, l'organisation internationale a affirmé vendredi que "tous les signaux d'alarme, y compris celui d'une dimension de plus en plus ethnique de la crise, sont en train de virer au rouge". Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a ajouté :
Multiplication des exactions, des informations difficiles à vérifierCes informations sont difficiles à vérifier indépendamment pour deux raisons : d'abord, la plupart des médias du pays ont été détruits en mai dernier lors d'une tentative de putsch avortée, et beaucoup de journalistes n'ont plus les moyens de travailler. Ensuite, une partie des reporters d'investigation, craignant pour leur sécurité, sont en exil, tout comme la plupart des membres de la société civile ou d'ONG de défense des droits de l'homme. Difficile dans ce contexte d'avoir d'autres sources d'informations crédibles. Cependant, l'ONU persiste et signe : le nombre croissant de disparitions forcées, ainsi que les allégations sur l'existence de lieux de détention secrets et de charniers, serait "extrêmement alarmant". Disposant de moyens importants, comme "des images satellites" permettant de localiser les endroits exacts de fosses communes, ou un pouvoir de protection des témoins, parfois effrayés à l'idée de parler, les Nations Unies disposent d'un temps d'avance. Malgré cela, les autorités burundaises avancent régulièrement cet argument du "manque de preuve". Ils affirment que la situation est "exagérée" par des membres de l'opposition politique au président Nkurunziza, réélu en juillet dernier pour un troisième mandat malgré d'importantes manifestations populaires.
L'impuissance de l'ONUAvec ces déclarations, le Haut-Commissaire lance l'alerte, probablement pour mieux gagner du temps. Selon la note confidentielle rédigée par le chef du département des opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, l'ONU reconnaît qu'il faudrait au minimum 28 jours pour déployer des casques bleus au Burundi dans le cas où la situation venait à se détériorer. Un temps relativement long, qui laisserait un large champ pour d'autres exactions. Par ailleurs, si le Conseil de sécurité de l'ONU donne son accord pour le déploiement d'une force d'interposition au Burundi, rien n'indique que le gouvernement de Pierre Nkurunziza donnera son aval. La médiation de l'Union africaine, gérée par l'Ouganda depuis le mois de décembre, n'est jamais parvenue à déployer des soldats à Bujumbura, les autorités burundaises estimant qu'il s'agirait d'une "intrusion". Or, le temps presse. Selon ONU, au moins 439 personnes ont trouvé la mort entre le 26 avril 2015 et le 14 janvier 2016, dont environ 200 morts juste après le 11 décembre. Ce jour-là, l'attaque coordonnée de camps militaires par des groupes armés avait entrainé une répression dans les quartiers jugés contestataires.
| |||
PARTAGEZ UN LIEN OU ECRIVEZ UN ARTICLE |
Pas d'article dans la liste.