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Chimamanda Ngozi Adichie ? " Nigériane, féministe, noire, Igbo et plus encore "

  Société, #

Dans une autre vie, Chimamanda Ngozi Adichie aurait pu être mannequin et poser, talons hauts et gloss aux lèvres, pour le magazine Vogue. A dire vrai, elle l'a fait - pas plus tard qu'au printemps dernier ! L'auteure d'Americanah (Gallimard, traduction Anne Damour, 2015) ne cache pas sa passion pour les souliers " importables " à talons vertigineux, ni pour les coiffures raffinées et les turbans qui donnent du chic. Simone de Beauvoir, qui aimait, entre autres, les turbans et les femmes, aurait à coup sûr apprécié cette élégance sans faille.

Arrive-t-il à Chimamanda Ngozi Adichie de se balader en jean et sweet informe dans les rues du Maryland ? Pour qui l'a rencontrée, ne serait-ce qu'une fois, dans les salons des éditions Gallimard (son éditeur français) ou sur un plateau de conférence, il est permis d'en douter. Le négligé n'est pas son truc. A bientôt 40 ans (elle les fêtera en 2017), Chimamanda Ngozi Adichie s'habille comme elle écrit : du classique, rien que du classique, mais allégé, précis, aérien, une forme qu'elle utilise pour raconter la vie moderne - dans l'Amérique de Barak Obama, comme dans son Nigeria natal, où elle retourne régulièrement voir sa famille et ses amis, animer des ateliers d'écriture et faire du shopping, bien sûr.

 

" Je suis nigériane, féministe, noire, Igbo et plus encore ", s'amuse la romancière, dans l'une des innombrables interviews rassemblées sur son site Web. La plupart de ces entretiens ont été accordés à la presse américaine et britannique. Normal, puisque Chimamanda Ngozi Adichie, couronnée des prix littéraires anglo-saxons les plus prestigieux, passe le plus clair de son temps aux Etats-Unis, aux côtés de son époux, le médecin Ivara Esege. C'est là qu'elle écrit, là qu'elle a construit sa solitude, livre après livre. Car cette dingue de la mode est tout sauf frivole.

Une enfance heureuse

Lectrice précoce, elle s'est mise très tôt (vers l'âge de 7 ans) à écrire des histoires, illustrées à la main. Des histoires qui ressemblent à celles des livres (anglais surtout) qu'elle dévore alors : tous ses personnages sont " des Blancs aux yeux bleus ", qui jouent dans la neige, mangent des pommes et parlent beaucoup de météo, se réjouissant d'avance du retour du beau temps. Le " ginger beer " qu'ils boivent fera longtemps rêver la petite Chimamanda, grandie sous l'immuable soleil de l' Afrique de l'ouest.

Ce n'est que plus tard, en découvrant l'œuvre du Nigérian Chinua Achebe (1930-2013) ou du Guinéen Camara Laye (1928-1980), que sa conception de la littérature change : en lisant Le Monde s'effondre ou L'Enfant noir, elle comprend que l'univers romanesque, comme la vie même, reste foncièrement multiple. " J'ai été sauvée de la croyance en une histoire unique ", dit-elle, lors d'une conférence à Oxford (filmée et diffusée par TED), en juillet 2009. Elle ne déteste rien moins que les étiquettes auxquelles, trop souvent, les humains sont réduits.

 

La cité universitaire où Chimamanda Ngozi Adichie a grandi, à Nsukka, dans le sud-est du Nigeria, aux côtés de ses cinq frères et sœurs, est le berceau d'une enfance heureuse, " pleine de rires et d'affection ". Mère et père travaillent à l'université. Plusieurs domestiques veillent sur la maison. Issue de ce milieu traditionnel de la classe moyenne dite supérieure, Chimamanda Ngozi Adichie part, presque naturellement, à l'âge de 19 ans, parfaire ses études aux Etats-Unis. " Pour ma génération, comme pour celle de mon père, partir à l'étranger n'est pas un événement. C'est un privilège, certes. Mais, dans les milieux aisés, cela se fait couramment ", confiait-elle au Monde des livres, il y a un an, à l'occasion de la publication d' Americanah (Le Monde du 5 février 2015).

Connaître la notoriété

Son recueil de nouvelles, Autour de ton cou (Gallimard, traduction Mona de Pracontal, 2014), admirablement écrit, en témoigne, qui est composé de récits situés, pour moitié au Nigeria, pour moitié aux Etats-Unis. Désormais devenue une célébrité, Chimamanda Ngozi Adichie aime à rappeler comment son premier livre, L'Hibiscus pourpre (Anne Carrière, traduction Mona de Pracontal, 2004), resta longtemps sans éditeur, les agents littéraires étant persuadés que le Nigeria - où se déroule le roman - n'intéresserait personne... Il lui faudra attendre 2006, année de publication de L'Autre moitié du soleil (Gallimard, traduction Mona de Pracontal, 2008), formidable récit sur la guerre du Biafra - le livre est dédié à ses deux grands-pères, morts dans des camps de réfugiés - pour connaître la notoriété et recevoir le très envié Orange Prize For Fiction.

Guerre du Biafra mise à part, les Nigérians vivent aujourd'hui " le moment le plus violent " de leur histoire, relevait-elle, l'an dernier, évoquant les massacres perpétrés par la secte Boko Haram. Terre de culture, le Nigeria - dont est natif le prix Nobel de littérature, Wole Soyinka - n'est pas plus à l'abri que d'autres des périls terroristes. Pour résister, il faut se battre - avec les mots et les moyens du bord. Inventer de nouveaux récits, capables, comme le dit Chimamanda Ngozi Adichie, de " réparer la dignité brisée ".



Source : Le Monde.fr


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