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Cinéma : Nollywood et Chinawood partagent l'affiche

  Culture & Loisirs, #

Le Nigeria est le troisième plus important partenaire commercial de la Chine sur le continent, et son deuxième marché d'exportation en Afrique.

Des relations qui dépassent le seul cadre de la construction d'infrastructures ou de l'exploitation des matières premières. Nollywood, contraction des mots Hollywood et Nigeria, s'intéresse en effet de plus en plus à la Chine. Les deux pays partagent un même amour du cinéma qui représente déjà un chiffre d'affaires cumulé de 6 milliards de dollars.

" L'industrie africaine du cinéma est une opportunité unique pour les investissements chinois sur le continent, explique le professeur Nusa Tukic qui étudie les relations culturelles entre la Chine et l'Afrique à l'université Stellenbosh en Afrique du Sud. Et il existe de plus en plus de films qui prennent la Chine comme décor. "

Prenez le succès de Kalybos in China. L' histoire d'un jeune Nigerian parti aux Etats-Unis pour gagner le cœur de sa belle et qui se retrouve finalement... en Chine. Tourné au Ghana, à Dubai et en Chine, avec un budget plus que modeste, le film sorti en avril 2015 est le dernier d'une série consacrée à la Chinafrique où les réalisateurs s'amusent des différences culturelles et surfent sur l'importante diaspora africaine en Chine.

Une étude de la BBC, en 2014, montrait que 85% des Nigerians ont une image positive de la Chine, ce qui en fait les premiers fans de l'empire du Milieu en Afrique. Beaucoup de Chinois vivent dans la région du Delta au Nigeria et beaucoup de Nigerians vivent dans le sud de la Chine.

En 2013, King of Guangzhou ( Le Roi de Guangzhou), du réalisateur Quester D. Hannah, fut le premier film africain à prendre Canton pour décor. Un drame sur fond d'émeutes raciales et qui raconte l'histoire d'un Nigerian sans papier marié à une Chinoise et obligé de se battre contre l'administration locale pour rester.

" L'importance de la communauté nigeriane à Canton explique cet intérêt pour les sujets qui se déroulent en Chine ", assure Nusa Tukic. A Canton, surnommée Chocolate City par les Chinois, vivent en effet entre 20 000 et 100 000 Africains, essentiellement des Nigerians de l'ethnie Igbos. Et plus d'un demi-million d'Africains s'y rendent chaque année pour y faire des affaires. Un creuset de cette Chinafrique transposé aujourd'hui sur grand écran.

Nollywood est le second plus important marché mondial du cinéma, derrière le Bollywood indien. Avec près de cinquante films tournés chaque semaine, le secteur pèse environ quatre milliards de dollars. " C'est un marché en pleine croissance, explique Nusa Tukic. D'abord parce que les films sont tournés en anglais et s'exportent dans toute l'Afrique de l'Est. Ensuite parce que les producteurs tournent avec des acteurs aussi bien kényans que ghanéens et génèrent donc un intérêt régional. Enfin, ils s'intéressent à des sujets de la vie quotidienne, comme ces relations avec l'Afrique. "

Reste un problème de fond : le financement. Chaque film vend environ 50 000 copies en DVD. A deux dollars pièces et avec un marché noir important, les budgets restent insuffisants pour financer de grosses productions, d'autant que le continent ne compte qu'une salle de cinéma pour un million de personnes.

 

" C'est un marché potentiel important pour les producteurs chinois ", estime Nusa Tukic. La Chine en effet a bâti en quelques années une véritable industrie du 7 e art : seize salles de cinéma ouvrent chaque jour en Chine et plus de 400 films chinois sont produits chaque année. L'industrie des médias chinois aurait tout intérêt à s'intéresser au cinéma africain dans le cadre de co-productions, d'autant que l'on voit de plus en plus de sociétés chinoises investir dans le secteur de la diffusion en Afrique, comme Star Times.

Les entreprises chinoises et nigerianes opèrent déjà conjointement des réseaux satellites, avec des signaux numériques de télévision couvrant 84% du continent africain. Le mariage de Nollywood et Chinawood devrait permettre d'alimenter les tuyaux.

Certains l'ont bien compris. Le cinéaste Abderrahmane Sissako travaille en ce moment sur un nouveau projet de long-métrage ayant pour cadre la Chine et l'Afrique. " Avant tout une histoire d'amour, explique-t-il. Je veux montrer la mondialisation, la réalité d'un monde qui change. "

Sébastien Le Belzic est installé en Chine depuis 2007. Il dirige le site Chinafrica.info, un magazine sur la " Chinafrique " et les économies émergentes.



Source : www.lemonde.fr


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