Devenez publicateur / Créez votre blog


 

Circulation : quels sont les pays les plus ouverts aux ressortissants africains ?

  Société, #

Par Joséphine Johnson

L'Afrique est l'un des continents les plus sévères en matière d'obtention d'un visa d'un pays à l'autre. Les formalités sont nombreuses, compliquées, incohérentes, bref, tout est fait pour décourager le voyageur. Conséquence : ce sont des milliers de francs CFA qui s'évaporent chaque année faute d'échanges entre pays africains. L'exemption de visa devrait permettre d'accélérer le développement économique du continent, en boostant le tourisme d'affaires, les flux de travailleurs qualifiés et même les échanges sur le plan financier avec des mouvements de capitaux. Le dernier rapport coréalisé par le cabinet McKinsey, la Commission économique pour l'Afrique (CEA) et la Banque africaine de développement (BAD) va à l'encontre de toute idée de progrès du continent africain dans ce domaine. Selon les auteurs de l'étude, pour voyager librement en Afrique, il vaut mieux être américain qu'africain ! Pour remédier à ce paradoxe, la BAD et ses partenaires vont désormais publier un " indice d'ouverture sur les visas ".

Des situations paradoxales

Un Africain a besoin de visas pour se rendre dans 55 % des pays africains, alors qu'un Nord-Américain n'a besoin de visa que dans 45 % de ces mêmes pays. Et les Africains peuvent obtenir leur visa à l'arrivée dans 25 % des pays africains, contre 35 % pour les Nord-Américains. Seuls 13 pays africains sont librement accessibles aux ressortissants du continent.

Voici les pays du continent les plus ouverts aux Africains :

Classement des pays du continent les plus ouverts aux Africains. © BAD

En plus de ces inégalités, les ressortissants africains doivent affronter les disparités existantes entre régions africaines. L'Afrique de l'Ouest et l'Afrique de l'Est étant les deux régions les plus avancées sur le plan de la libre circulation des biens et des personnes. En Afrique centrale, la situation est plus confuse. Ainsi dans la zone Cémac (Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale), un accord de libre circulation entre pays membres devait entrer en vigueur en janvier 2014. Mais la Guinée équatoriale continue jusqu'à ce jour à exiger un visa aux autres États membres comme le Cameroun, la Centrafrique, le Gabon, le Tchad ou encore la République du Congo. Motif invoqué : la lutte contre l'immigration clandestine et la sécurité du pays. Dans cette région fortement déstabilisée, les attaques régulières du groupe terroriste islamique Boko Haram ou encore la crise que traverse la Centrafrique dissuadent nombre d'investisseurs de s'y rendre. Ce qui a pour effet de ralentir les échanges économiques, financiers et donc de ne pas être vraiment prêt à changer les conditions d'obtention de visa. Autre problème qui empêche la libre circulation dans cette zone, c'est la compétition qui existe entre certains pays. Les pays leaders à dominante pétrolière veulent dominer les autres, comme c'est le cas pour la Guinée équatoriale, ou encore le Gabon. En 2014, les autorités congolaises ont procédé à de nombreuses expulsions de ressortissants de la République démocratique du Congo, voisin, pour des raisons d'immigration illégale. Mais la première conséquence de ces décisions a été économique. En effet, de nombreux opérateurs économiques, travailleurs, ont dû partir, abandonnant leurs activités. Un coup fatal pour les échanges. Entre les deux pays, un simple laissez-passer permet de circuler librement, mais au-delà des deux capitales, il faut obligatoirement un visa de séjour.

 

Deux régions sortent leur épingle du jeu

Autre frein à la libre circulation, l'état des routes, les infrastructures inadéquates, les taxes pour les passages aux frontières entre pays africains, où les abus sont nombreux. Ces obstacles sont les mêmes sur le continent, mais il existe deux régions qui ont progressé dans la mise en place d'une libre circulation dans leurs pays. C'est le cas en Afrique de l'Ouest. La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a déjà mis en place un passeport commun du même nom pour la sous-région. D'ici à fin 2016, il sera biométrique pour tous. À noter tout de même : il faut toujours présenter un document officiel de voyage ou, à défaut, un certificat international de vaccination pour passer aux nombreux points de contrôle dans la zone et éviter parfois de payer des taxes aux agents. La zone de la Communauté des États d'Afrique de l'Est, connue sous l'acronyme anglophone " EAC " (East African Community), regroupant le Burundi, le Kenya, le Rwanda, la Tanzanie et l'Ouganda, permet à ses ressortissants de circuler librement, sans avoir l'obligation de présenter un visa au sein de cet ensemble sous-régional.

Inciter les États à prendre des mesures favorables à l'exemption

Avec l'" indice d'ouverture sur les visas ", la BAD et ses partenaires veulent que les États prennent les mesures nécessaires. En assouplissant les règles de circulation des personnes sur le continent africain, les pays pourraient gagner des points de croissance. La mobilité comble les déficits de compétences sur le marché du travail, développe l'entrepreneuriat, diversifie l'économie, ajoute de la valeur aux services, attire les investissements et renforce la compétitivité. Selon l'indice de cette année, les pays les plus ouverts aux ressortissants africains sont les Seychelles, suivi du Mali, de l'Ouganda, du Cap-Vert et du Togo. L'Afrique de l'Ouest et l'Afrique de l'Est sont les régions les plus accueillantes, alors que l'Afrique du Nord et l'Afrique centrale sont les plus fermées à leurs frères et sœurs.

Classement des pays par degré d'ouverture aux ressortissants africains. © BAD

La libre circulation facilite également le développement du tourisme. Selon l'étude, plus de la moitié des déplacements dans le monde relèvent du tourisme, et la plupart des touristes choisissent des destinations au sein de leur région. C'est dire son importance stratégique pour les économies africaines, sachant que le secteur touristique est un grand pourvoyeur d'emplois, notamment pour les femmes et les jeunes. La BAD donne l'exemple du Rwanda, qui a, selon les chiffres publiés, bénéficié de son attitude d'ouverture envers les Africains. " La croissance de ses revenus du tourisme a bondi de 4 % en 2014 à 305 millions de dollars ", selon l'institution bancaire panafricaine. Le pays classé au neuvième rang dans l'ouverture par la BAD a aboli la nécessité d'un permis de travail pour les citoyens de la Communauté de l'Afrique de l'Est, ce qui attire les travailleurs les plus qualifiés de toute la région. En plus de cela, l'accord de Kigali avec le Kenya et l'Ouganda permet aux ressortissants de ces pays de se déplacer juste avec des cartes d'identité. Cette décision a contribué à stimuler le commerce transfrontalier de 50 %, selon la BAD. Et le visa touristique unique institué par les trois pays a contribué à une hausse de 17 % du nombre de visiteurs au Rwanda, l'an passé.

 



Source : Le Point Afrique


PARTAGEZ UN LIEN OU ECRIVEZ UN ARTICLE

Pas de commentaire

Pas de commentaire
 
Peoplette
Partagé par : Peoplette@France
Vous deniche tous les scoop people en exclusivité et en direct des states !
VOIR SON BLOG 39 SUIVRE SES PUBLICATIONS LUI ECRIRE

SES STATS

39
Publications

1407
J'aime Facebook sur ses publications

187
Commentaires sur ses publications

Devenez publicateur

Dernières Actualités

Pas d'article dans la liste.