Devenez publicateur / Créez votre blog


 

" Climat : l'Afrique fait partie de la solution "

  Société, #

La secrétaire d'Etat au développement Annick Girardin a entamé lundi 6 avril à Addis-Abeba une tournée qui la conduira dans cinq autres pays d'Afrique (Kenya, Tanzanie, Côte d'Ivoire, Niger et Burkina) d'ici la fin du mois d'avril. Dans les rôles distribués par François Hollande pour préparer la conférence mondiale sur le climat qui se tiendra en décembre à Paris, Annick Girardin a la tâche de recueillir les attentes des pays les plus vulnérables au changement climatique et des petites îles. L'Afrique en fait partie. Bien que ses émissions de gaz à effet de serre représentent moins de 4 % du total mondial, elle paie déjà un lourd tribut au dérèglement climatique à travers la récurrence des sécheresses, l'érosion de ses sols, de ses côtes et des régimes pluviométriques de plus en plus irréguliers. Sa population encore en grande majorité rurale est en première ligne. Entretien.

Quels sont les objectifs de cette tournée en Afrique ?

Elle est d'abord de maintenir l'écoute et de réaffirmer que nous aurons un dialogue permanent avec les gouvernements jusqu'à la conférence de Paris sur le climat en décembre. Je vais rencontrer les responsables politiques mais aussi les ONG et les scientifiques qui travaillent sur ces questions. Mais je suis aussi ici pour parler des solutions que nous donne déjà l'Afrique et entendre ses besoins.

La croissance et le développement sont possibles sans polluer davantage.

De nombreux pays investissent dans les énergies renouvelables pour donner accès à l'électricité à leurs populations. La croissance et le développement sont possibles sans polluer davantage. C'est le grand pari de l'Ethiopie. Il faut le faire savoir. L'Afrique ne tend pas la main pour recevoir de l'argent. Elle joue le jeu. A Lima, en décembre, tous les pays se sont engagés à déposer leur contribution [définissant les objectifs en matière d'atténuation et d'adaptation au changement climatique]. Le Gabon est le premier à l'avoir fait. Ces pays vont aider la France à rapprocher les positions entre les pays en développement et les pays industrialisés. Ceux qui sont encore réticents à s'engager ne peuvent pas ignorer les efforts des pays les plus vulnérables.

L'Afrique ne tend pas la main mais elle n'a pas les moyens de financer des politiques climatiques qui viennent s'ajouter à l'urgence de la lutte contre la pauvreté, l'amélioration des systèmes éducatifs, de santé... Jusqu'à présent, les pays qui sont le plus en pointe comme l'Ethiopie manquent d'argent pour mettre en œuvre leur stratégie.

La France avec d'autres pays (Norvège, Royaume-Uni, Danemark, Suède et Allemagne) a signé un partenariat avec l'Ethiopie qui va permettre de mobiliser des ressources. Mais il ne faut pas opposer climat et développement. L'un ne se fera pas sans l'autre. Nous ne finançons plus de projets d'infrastructures sans avoir pris en compte l'incidence du changement climatique et nous n'accordons plus d'aide sur des projets énergétiques polluants sauf dans de rares exceptions. Dans le même temps, cela a des retombées positives en matière de santé. Lutter contre la déforestation, favoriser l'utilisation du biogaz permet par exemple de réduire les intoxications par les fumées des foyers au charbon de bois.

Cette nouvelle conditionnalité " climat ", c'est un peu la double peine. Non seulement les pays les plus pauvres ne polluent pas, et pour sortir de la pauvreté, ils doivent être vertueux alors que nous ne sommes pas ?

Ce n'est pas une double peine. Car de toute façon, si on continue comme aujourd'hui, qui paiera le plus la facture ? Ce sont les pays pauvres. Quand on vient comme moi d'une île [elle est députée de Saint-Pierre-et-Miquelon] et qu'on a les pieds dans l'eau, on est obligé d'agir. Que l'on en soit responsable ou pas. C'est ce que je dis aux Africains : ils sont face à une réalité. Ils sont les premières victimes du changement climatique. S'ils n'anticipent pas alors que leur population va doubler dans les quarante prochaines années, ils resteront les premiers touchés par la montée des eaux, par la sécheresse, la désertification...

Maintenant, il appartient aux pays industrialisés de faire preuve de responsabilité et de solidarité en accompagnant ces pays sur la voie d'une croissance verte.

La France, pays hôte de la COP 21 (21 e conférence des parties sur le changement climatique), ne montre pas l'exemple avec un taux d'aide publique au développement qui reste loin de ses engagements. On ne vous le reproche pas ?

La France consacre 0,37 % du PIB à l'aide publique au développement et elle s'est engagée dès que la croissance économique sera plus robuste d'aller vers 0,7 % [promis par les pays riches depuis les années 1970]. En même temps, nous sommes les plus dynamiques dans la recherche de solutions pour trouver des sources de financement innovantes que ce soit en matière de climat ou de développement. Nous sommes les premiers avec l'Allemagne à avoir accordé 1 milliard de dollars au Fonds vert pour le climat dont les pays les plus vulnérables seront les premiers bénéficiaires. Nous voulons que l'accord de Paris réponde concrètement aux besoins de l'Afrique. Il faut que cet accord soit utile.

Avant Paris, il y aura le rendez-vous d'Addis-Abeba sur le financement du développement. En attendez-vous justement des engagements concrets et chiffrés ?

Il n'y aura pas d'engagements chiffrés mais il est clair que si le rendez-vous d'Addis devait mal se passer, ce serait de mauvais augure pour Paris.



Source : www.lemonde.fr


PARTAGEZ UN LIEN OU ECRIVEZ UN ARTICLE

Pas de commentaire

Pas de commentaire
 
Alain
Partagé par : Alain@Belgique
Franco-gabonais... plutôt, Franco-Africain, spécialiste Tourisme et Voyages. Surtout Afrique Noire..
VOIR SON BLOG 93 SUIVRE SES PUBLICATIONS LUI ECRIRE

SES STATS

93
Publications

15969
J'aime Facebook sur ses publications

417
Commentaires sur ses publications

Devenez publicateur

Dernières Actualités

Pas d'article dans la liste.