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COP21 : le Land of African Business (LAB) prend l'Afrique à coeur

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Il est ouvert depuis le 2 et va faire défiler beaucoup de sommités africaines et internationales afin qu'elles s'expriment sur les enjeux, effets et solutions pour l'Afrique du réchauffement climatique. Jusqu'au 11 décembre donc, à Paris, il y sera question prioritairement du continent africain. Comment parvenir à un accord contraignant en matière de lutte contre le dérèglement climatique ? Telle est l'équation à laquelle le monde doit répondre. Les négociations de Paris portent sur les principales questions qui n'ont pas encore fait l'objet de consensus comme la révision des engagements et les niveaux des contributions de réduction des émissions, le statut des différentes parties dans l'accord, le lien avec les Objectifs de Développement Durable, la prise en compte de l'adaptation, des pertes et préjudices subis du fait du changement climatique, l'accès aux financements....

Le LAB : mettre l'innovation africaine à l'honneur

C'est tout le sens de la mise en place, à la suite de la Global Conférence en juillet à Chantilly, du LAB (Land of African Business) qui se présente comme un creuset des réussites africaines en matière de développement durable. À la manoeuvre Éric Bazin. "Nous sommes très contents d'avoir intégré depuis des années les préoccupations des Africains pour justement être un relais de ce qui se fait de bien et de mieux. Beaucoup de ces initiatives sont dupliquables sur les autres continents et c'est l'objectif de ce LAB", dit-il. Pendant neuf jours, débats, conférences et rencontres sont organisés autour des thématiques qui composent les vecteurs de la croissance inclusive africaine. Cela se passe à l'Hôtel de l'Industrie, à Paris. De fait, pour la première fois depuis Rio en 1992, un espace est dédié aux échanges de " bonnes pratiques " pour les entreprises innovantes africaines. Chaque journée porte sur un sujet différent : de l'urbanisation et des villes durables à l'agriculture et la sécurité alimentaire en passant par les transports, les nouvelles technologies, la santé, l'éducation, la femme africaine, les énergies. Plus de 250 intervenants et 5000 participants internationaux sont attendus pour débattre et faire ressortir les recommandations de bonnes pratiques à suivre pour les entreprises, les gouvernants, la société civile et les organisations nationales et supranationales. Il s'agit de rassembler les réseaux africains et mettre l'innovation à l'honneur, en associant des acteurs de terrain, d'ici et là-bas, comme Christian Kamayou, fondateur de MyAfrican Start-up. "Les choses vont maintenant dans les deux sens, il y a à la fois des innovations africaines qui peuvent être dupliquées à l'extérieur mais l'inverse est également vrai", explique-t-on du côté des Ateliers de la Terre. Les partenaires invitent 100 start-up africaines à présenter leur business model innovants. De quoi conduire le LAB à ambitionner d'offrir des opportunités de rencontres entre les réseaux académiques, politiques, industriels, associatifs. En cela, il bénéficie de partenaires de haut niveau dont ATOS, Engie, le Conseil supérieur du Notariat, SRJ international, le groupe Bolloré, Canal+... Un partenariat avec les fondations AfricaFrance et Energies pour l'Afrique, ainsi que d'autres membres de la société civile sont aussi là pour faire entendre une " voix africaine " à la COP21, et plus encore.

De sérieuses menaces à prendre en compte

Cela dit, en amont de ce grand rendez-vous de Paris, plusieurs voix se sont élevés pour que toutes les parties puissent être entendues, notamment le continent africain qui émet seulement 4% des émissions de CO2 au niveau mondial, mais reste l'une des premières victimes du changement climatique. Des conférences, colloques, séminaires, sommets se sont multipliés sur le changement climatique et le développement durable en Afrique. L'une des plus importantes a été celle organisée en mai dernier à Djibouti. Des avancées sont possibles mais il existe encore de nombreux blocages. En attendant que des solutions viables soient trouvées , il y a lieu de se pencher sur le rapport Africa's Adaptation Gap (L'écart de l'adaptation en Afrique) du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE). Il signale qu'un réchauffement d'environ deux degrés Celsius entraînerait une réduction de 10% du rendement agricole total en Afrique subsaharienne d'ici 2050, et un réchauffement supérieur pourrait porter ce chiffre à 15 ou 20%. Une situation de tension qui peut rapidement créer une instabilité sociale, comme on l'a vu en 2007 et 2008 lors de la crise mondiale alimentaire.

Lionel Zinsou lors de la Global Conference en juillet 2015 à Chantilly. © Olivier Toussaint

L'agriculture africaine dans l'oeil du cyclône

Dans plusieurs pays africains, les populations étaient descendues dans les rues pour protester contre une augmentation de plus de 25% du prix du blé. Une flambée des prix en partie imputable aux feux de forêts ayant ravagé les cultures en Russie suite à une période de températures extrêmes. Et les chiffres qui sont actuellement publiés ne sont pas bons pour l'agriculture africaine. D'ici le milieu du siècle, la production de blé pourrait enregistrer une baisse de 17%, 5% pour le maïs, 15% pour le sorgho, et 10% pour le mil. Alors qu'est posé ce défi de l'agriculture, la Banque mondiale estime que la disponibilité totale des eaux "bleues et vertes" (issues des précipitations et des rivières) diminuera très probablement de plus de 10% dans toute l'Afrique d'ici à 2020. Sans compter que le changement climatique menace aussi la biodiversité et les écosystèmes. La question est donc désormais de savoir comment l'Afrique peut apporter ses propres solutions et créer des modèles durables.

Un changement de paradigme

Aux Ateliers de la Terre, on a bien pris la mesure de ce changement de paradigme. Ainsi à Chantilly, coquette commune de l'Oise, le 8 juillet dernier, plusieurs dirigeants, acteurs du monde politique, économique, médiatique, des industriels, ou encore membres de la société civile se sont donné rendez-vous à la 10e édition du Global conférence pour trois jours de débat sur le thème "Tous acteurs de la rupture ". Fondés en 2006 par Éric Bazin et Georges Gendelman, deux journalistes passionnés par les grands enjeux contemporains, les Ateliers de la Terre sont un cercle de réflexion international autour des défis émergents en matière de développement responsable. "Il y a une vraie communauté des Ateliers de la Terre, qui vient de partout et de pays improbables", se réjouit notre hôte, Éric Bazin. Alors que son rôle de Think tank n'est plus à démontrer, les Ateliers de la Terre s'impliquent de plus en plus en menant de vraies actions d'où le thème cette année à Chantilly. "On souhaitait rendre hommage à ces gens qui dans leur coin font des choses extraordinaires et qui peuvent selon nous les mutualiser", explique t-il.

Faire vivre la rupture

Concrètement, la rupture propose de "revenir à la case de départ". Utopique ? Pour certains oui. Pour beaucoup d'autres, il s'agit d'assurer une cohérence des États pour parvenir au développement durable, en faisant appel aux complémentarités et à la solidarité entre les différents acteurs. "La rupture est venue naturellement on sait que de nombreux participants échangeaient, et que leur rencontres donnaient naissance à des actions concrètes de terrain" ajoute Éric Bazin. Ici, depuis quatre ans l'Afrique est traitée à égalité avec les autres continents face aux changements climatiques. "L'Afrique s'est révélée comme une évidence en 2009 quand Jean-Louis Borloo est venu aux Ateliers de la Terre à Deauville, il a été très surpris de voir qu'on avait mis en place un Grenelle de l'environnement avant lui, et qu'on avait inclus l'Afrique dans les discussions".

Vue de l'estrade de la Global Conference à Chantilly en juillet 2015. © Bailleul Cyril

L'Afrique au coeur des débats

De l'avis des experts, l'une des raisons de l'échec de la Conférence de Copenhague en 2009, c'est l'absence des pays africains. Ils n'ont pas eu voix au chapitre en amont des débats. Six ans plus tard, la donne a changé, l'Afrique est en pleine croissance, son économie se développe rapidement et ses entrepreneurs tout domaine confondu de plus en plus prisé. "Nous venons apporter notre appui et aussi notre expérience en tant qu'acteur sur le terrain sur les solutions à apporter aux questions qui se posent aujourd'hui sur l'environnement global", affirme Henri Djombo, ministre de l'économie forestière, de l'environnement et du développement durable du Congo. Témoin clé de ce changement de paradigme, Henri Djombo est l'un des plus consultés en matière de développement durable depuis près de trente ans. Mais il est aussi sans concessions. Il observe de nombreux progrès dans le cadre des négociations sur le climat. Notamment la promesse faite à Copenhague par les pays du Nord de mettre en place des financements innovants en faveur de l'environnement dans les pays en développement (10 milliards de dollars chaque année en 2010, 2011 et 2012). Mais pour le ministre, l'heure des comptes approche. "Vous savez qu'il nous faut à peu près 500 milliards de dollars chaque année pour s'adapter au changement climatique, c'est un effort colossal qui est demandé aux pays victimes et ils n'ont pas les moyens d'investir dans l'adaptation et la réduction, donc il faut une juste réparation que ceux qui polluent paient!", affiche clairement le ministre congolais. "Ce message a toujours été entendu et nous allons le dire encore plus fort pour être entendu à Paris", lance t-il.

Le Bassin du Congo, second poumon écologique du monde

Henri Djombo qualifie cela de "diplomatie environnementale". En la matière, le Congo est un véritable laboratoire de gestion durable des forêts tropicales pour l'ensemble de la région. Il pourrait bientôt servir d'exemple dans le monde. La forêt contribue pour 20 % environ des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Avec ses 250 millions d'hectares de superficie, dont 57% en République démocratique du Congo et 10% au Congo-Brazzaville, le Bassin du Congo est le second poumon écologique du monde. Bien que la protection de la forêt tropicale n'ait démarré sérieusement que dans les années 80, la République du Congo a lancé deux initiatives majeurs : d'abord, la plantation de près de un million d'hectares de forêts sur dix ans avec des financements de l'État, du secteur privé et des bailleurs de fonds. Ensuite, la gestion durable des forêts, c'est-à-dire sur la base d'une exploitation écologiquement et socialement responsable. C'est le pays de l'Afrique centrale qui détient la plus grande superficie de forêts tropicales certifiée, soit 2,5 millions d'hectares, sur 4 millions qui peuvent prétendre aujourd'hui au label FSC (Forest Stewardship Council). Pour le ministre, c'est une contribution plus que concrète, "Pour l'instant on fait beaucoup de bruit, on fait beaucoup de promesses, mais rien est encore concret. On retient que le Fonds vert pour le climat vient d'obtenir un financement de dix milliards de dollars, c'est une goutte d'eau dans la mer par rapport aux besoins réels. Nous insistons pour que les engagements de financement des pays du Nord soient suivis d'effet", réitère le Ministre. Un message dont l'Afrique espère qu'elle soit entendue dans cette COP21.



Source : afrique.lepoint.fr


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