Si elles parlaient le créole, ces femmes auraient sans doute dit "ar nou non". En effet, ces femmes noires que Jean Clément Cangy présente tout au long de son tout dernier ouvrage ont refusé de se soumettre. Elles ont choisi de dire "non". Ce qui, dans la foulée, a changé plein de choses. Intitulé 15 figures féminines pour toutes les saisons, cette galerie de portraits a été lancé samedi 18 avril au Centre Nelson Mandela pour la culture africaine. Les portraits expressifs de ces femmes sont signés Stanley Harmon.

Principe de la publication : "rendre hommage à toutes ces femmes noires, dont on ne parle pas assez, à ces combattantes de la première heure qui ont su forger un destin qui force le respect", écrit l'auteur en avant-propos. Le tout paraît à l'occasion de la Décennie des personnes d'ascendance africaine (2015-2024) décrétée par les Nations unies.

Majoritairement Américaines, le ballet des figures féminines s'ouvre avec Harriet Tubman, "une femme nommée Moïse". Cette marronne a "réussi à libérer 700 esclaves en Caroline du Sud" pendant la guerre de Sécession (1861- 1865). Nous croisons également l'incontournable Rosa Parks, "modeste femme de ménage qui va devenir une icône du mouvement pour les droits civiques des Noirs aux États- Unis (...) celle qui a dit non à l'oppression, à la ségrégation raciale en refusant de céder son siège, à un passager blanc, dans le bus qui la conduisait chez elle".

Nous retrouvons également des Jamaïcaines dans l'ouvrage de Jean Clément Cangy. Notamment Maria Seacole, pionnière de soins infirmiers qui "souffrira de la notoriété " de Florence Nightingale.

Une autre Jamaïcaine est Amy Jacques Garvey, une journaliste et militante. Comme dit le proverbe, derrière chaque grand homme il y a une femme. En effet, "on connaît Marcus Garvey, mais bien moins sa deuxième femme, Amy Jacques Garvey".

Toujours dans la catégorie d'épouse méconnue : Coretta Scott King, la femme de Martin Luther King. "À sa mort, sa femme a repris le flambeau et a beaucoup contribué à cette lutte pour l'égalité raciale."

Les artistes sont légions : Toni Morrison, prix Nobel de littérature en 1993, Maya Angelou, poétesse, écrivaine et actrice,  Nina Simone, entre autres.

Et Maurice dans tout cela ? L'avant-propos n'oublie pas Madame Françoise, "chef d'une bande de marrons ". Notre contexte, c'est sans doute Philippe Fanchette qui en parle le mieux en préface. Il cite : "cette réflexion d'un curé qui, en 2014, refuse les célébrations créoles : zis tikreol ki kontan sa. En disant cela, en croyant exprimer son mépris pour la culture créole (...) ce sont plus de 9 000 Créoles de la classe ouvrière de la paroisse qu'il méprise".