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Côte d'Ivoire - Kaba Nialé : "La transformation locale des matières premières est une priorité"

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La ministre du Plan et de l'Aménagement, Kaba Nialé, a de quoi avoir le sourire. Les bailleurs de fonds réunis à Paris le 17 mai ont validé plus de 15,4 milliards de dollars, sous forme de prêts ou de dons, pour le développement de la Côte d'Ivoire d'ici à 2020. Le plan national de développement, le PND 2016-2020, a été évalué par le gouvernement à un montant global de 30 000 milliards de francs CFA, soit environ 60 milliards de dollars, dont 22,6 milliards de dollars - 38 % - de projets d'investissements publics, et 37,4 milliards de dollars (62 %) de projets d'investissements privés. Éducation, santé, transformation locale et industrialisation sont au programme des quatre prochaines années. Mais seront-ils suffisants pour relever les défis d'une croissance inclusive ? Kaba Nialé dévoile les ambitions du nouveau cap fixé par le président Alassane Ouattara.

Le Point Afrique : est-ce l'attractivité de la Côte d'Ivoire qui explique l'engouement des bailleurs de fonds pour le PND 2016-2020 ?

Kaba Nialé : Effectivement, la première journée du groupe consultatif s'est très bien terminée pour la Côte d'Ivoire. Nous recherchions 8,8 milliards de dollars environ et nous avons mobilisé 15,4 milliards de dollars. C'est le total des annonces sur la période, sans compter que certains bailleurs importants n'ont pas effectué officiellement d'annonce. Je pense que l'attrait qui s'est manifesté à travers ces annonces traduit deux choses : la crédibilité du programme porté par le PND, mais également la confiance des bailleurs de fonds en la Côte d'Ivoire pour mettre en oeuvre le programme. C'est une confiance qui nous est renouvelée et qui, pour nous, est une sorte de satisfecit sur le programme que nous voulons mettre en place dans les quatre années à venir. C'est dire qu'on a mobilisé près de 150 % des annonces, c'était 146 % des annonces pour la période 2012-2015. Donc nous avons mis en oeuvre beaucoup de réformes qui se sont traduites par une croissance forte, mais une croissance durable sur le long terme. Nous avons pu maintenir, sauf pour l'année 2011, un niveau de réformes et de croissance élevé. La Côte d'Ivoire a de la chance malgré la morosité des matières premières. Nous avons une économie diversifiée et elle a une offre de matières premières sur des segments où les niveaux de prix sur les marchés internationaux continuent d'être soutenus et élevés, et nous pensons maintenir ce niveau sur nos produits, et même encore améliorer la qualité de la gouvernance, cela fait partie du paquet de réformes. Donc nous offrons un certain nombre de mesures, et si elles sont mises en oeuvre avec la même rigueur, nous parviendrons à la fois à faire bon usage des financements qui sont annoncés mais aussi à mettre la Côte d'Ivoire sur un chemin de développement.

Jusqu'où aller sur la diversification et la transformation locale ?

L'économie ivoirienne est une économie basée sur les matières premières, mais elle aussi très diversifiée. Nous occupons régulièrement les premiers rangs en termes de fourniture de nombreuses matières premières et nous faisons beaucoup d'efforts dans la diversification. Mais nous sommes aussi conscients qu'il faut faire davantage dans la transformation des matières premières de manière à créer une plus grande valeur ajoutée de nos offres de produits. Nous pensons que le premier secteur dans lequel la Côte d'Ivoire a un avantage comparatif pour son industrialisation, c'est l'agro-industrie. Mais, bien évidemment, ce n'est pas le seul secteur, nous avons un potentiel minier qui est en train de se développer, nous avons le secteur des BTP qui présente un grand potentiel et pour lequel des unités industrielles sont en train d'émerger. Il faut dire que la Côte d'Ivoire reste une locomotive de la sous-région, qui est son premier marché, et, contrairement à beaucoup d'économies africaines qui privilégient les échanges sud-nord, la Côte d'Ivoire donne la priorité aux échanges sud-sud avec ses pays voisins.

Comment les partenariats public-privé seront-ils mis en place dans le cadre du PND ?

Il faut dire que, dans le cadre des investissements privés, nous offrons deux types d'opportunités. Il y a le secteur privé pur pour lequel un certain nombre de réformes sont réalisées pour simplement l'amener à investir mais également à travers les mesures d'incitation que nous mettons en place, et cela, sous plusieurs formes : l'incitation fiscale, les baisses d'impôt, etc. pour leur permettre de se consacrer à leurs domaines de prédilection. Et puis il y a les projets de partenariats public-privé (ou PPP). L'État partage avec le secteur privé les opportunités et les risques. Ces projets sont souvent situés dans les domaines des infrastructures, les ports, les trains, et un secteur comme l'agro-industrie, que je citais plus haut, n'est pas privilégié à ce niveau, par exemple. La transformation du secteur agro-industriel va plutôt se développer grâce aux mesures d'incitation.

Quatre ans pour réaliser tous ces projets, n'est-ce pas un peu court ?

L'émergence, à notre sens, c'est la transformation structurelle de notre économie. C'est un cheminement. Sur la période 2012-2015, nous avons commencé à poser les jalons de cette transformation. Il y a déjà des unités de transformation industrielles implantées sur le territoire, celles qui étaient déjà installées dans le passé se sont professionnalisées, et nous espérons que d'autres unités industrielles viendront s'ajouter d'ici à l'horizon 2020 et qu'elles vont participer à la densification de l'industrialisation de manière continue. Nous sommes prêts à réaliser les réformes nécessaires pour accélérer ce mouvement. Les taux de transformation de nos matières premières sont encore très pauvres. Cependant, notre économie a les ressorts nécessaires pour les relever de façon exponentielle dans un délai de quatre ans.

Le gouvernement promet l'amélioration du bien-être social et le développement du capital humain. Est-ce que tous les Ivoiriens peuvent y croire ?

Oui, bien sûr que les Ivoiriens peuvent y croire. Vous savez, le capital humain est très important, le Premier ministre (Daniel kablan Duncan, NDLR) l'a confirmé. Si la Côte d'Ivoire est numéro un dans la sous-région, c'est grâce à son capital humain. Le premier président ivoirien, Houphoüet-Boigny, en avait fait une priorité, il avait consacré près de 40 % du budget national à la formation. Aujourd'hui, le président Alassane Ouattara est en train de revenir à cette tendance pour faire en sorte que les Ivoiriens soient de mieux en mieux formés et surtout qu'ils soient formés selon les besoins du marché du travail, parce que c'est avec des Ivoiriens bien formés qu'on peut devenir plus compétitifs et construire une économie solide. Bien sûr, le bien-être est une priorité et, en réalité, plus la croissance sera forte, plus ce bien-être sera partagé. Et des efforts sont faits en direction de ce que nous appelons les secteurs dits pauvres également, les secteurs de partage de la croissance comme l'éducation, la formation, les emplois jeunes, mais aussi des secteurs de bien-être comme la santé, l'eau potable, l'électrification pour tous. C'est le maintien à un niveau élevé de la croissance qui va permettre à l'État de mieux partager les fruits de cette croissance.



Source : afrique.lepoint.fr


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