"Tohgoh", "Talli", "Danchiki", le nom varie d'une localité à une autre pour désigner ce vêtement traditionnel au Cameroun.

Unique dans sa confection, l'on identifie le Cameroun et plus précisément la région du Nord-Ouest à travers cet accoutrement traditionnel.

Il n'est pas porté par hasard et par n'importe qui dans ce pays.

La confection et la broderie de cet habit obéissent à des motifs qui symbolisent l'identité d'un groupe ethnique.

Communément appelé " Habit des Bamenda ", le Talli, Danchiki ou Tohgoh est la tenue traditionnelle des habitants du Nord-ouest Cameroun.

Unique en son genre, il s'agit d'un tissu noir ou rouge cousu avant d'être brodé à la main.

Madame Nulaye Odile est la propriétaire de cet atelier spécialisé dans la confection de cet habit traditionnel du nord-ouest du Cameroun.

Pour la femme, cet habit traditionnel est constitué d'un chapeau, d'une robe et d'une jupe.

Pour l'homme, il s'agit principalement une sorte de robe volumineuse à manches couvrant tout le corps, du buste aux tibias.

Madame Nulaye explique que certains motifs leurs permettent de broder et de confectionner cet habit traditionnels.

Dans la plupart des cas le port de cette tenue a pour but d'honorer et de perpétuer la tradition.

La tenue confectionnée pour les rois et notable symbolise la puissance et n'est pas portée au hasard et par n'importe qui.

Celui qui porte la tenue destinée aux rois alors qu'il n'appartient pas à la royauté s'expose à des sanctions explique le roi des Bawock, sa majesté Nana Theodore Wada.

"Le dessin du lion, du tigre, de la lune et autres sur cette tenue symbolise la puissance et la grandeur des chefs coutumiers. Et un homme ordinaire qui porte cette tenue destinée au chef est un usurpateur, il est traduit au tribunal coutumier et la sanction peut aller des travaux forcés a la chefferie, des amendes de quatorze chèvres et l'expulsion hors du village", explique sa magesté.

Le "Tohgoh", "Talli", ou "Danchiki" est un habit majestueux pour les grands évènements comme les rites traditionnels, les mariages et les célébrations annuelles dans un village. Toutefois le " Tohgoh est loin d'être accessible à tous.

Si le Tohgoh n'est pas un habit de pauvres c'est parce que le prix d'une tenue varie entre cent cinquante mille et un million Fcfa.

Wambe Valérie Mireille propriétaire d'un atelier d'habit traditionnel explique que les prix dépendent de l'originalité, singulièrement des décorations et du temps mis pour broder cet accoutrement.

Pour le sociologue Mbeleck Madeng, cette tenue symbolise l'identité ethnique d'un groupe, raison pour laquelle elle est très prisé par les populations de cette partie Nord-Ouest du Cameroun.

Le " Tohgoh va au-delà des limites ethnique ou régionales. En 1996 par exemple, la délégation camerounaise porta son choix sur ce vêtement pour le défilé à l'ouverture des Jeux olympiques de Los Angeles.

Fréderic Takang BBC AFRIQUECAMEROUN