Devenez publicateur / Créez votre blog


 

Danhomé, la marque créée par le béninois Sorel Adjovi en France

  Mode & Beauté, #

Sorel Adjovi est un béninois et par-dessus tout un panafricain, qui est né au Bénin et y a grandi. Il se rend en France à l'âge de 19 ans pour continuer ses études. Il a fait le droit et l'assurance ensuite il a fait une école de commerce. Il a travaillé pendant trois ans dans une entreprise de finance en tant que responsable web marketing. Mais parce qu'il ne trouvait pas sa voie, et puisqu'il voulait faire une activité qui le passionne. Il s'est alors lancé dans la conception de vêtements depuis lors et est dans le domaine jusqu'à ce jour. Découvrons de la marque Danhomé et de son concepteur.

Pourquoi avoir créé la marque " Danhomé"?

J'ai créé la marque Danhomé pour parler de mon pays et je me suis dit quoi de plus fort comme levier de parole que de parler du vodoun. Je suis de Ouidah, mon père fait partir des gardiens du temple de pythons, j'ai grandi dans des fêtes de famille et dans des cérémonies. Donc qui de plus pertinent pour parler de cela. C'est devenu ma mission, de faire connaitre le vodoun au monde puisque les gens ne connaissent le vodoun grâce aux clichés. Le vodoun pour certains c'est des poupées, de la sorcellerie, des zombies ou des revenants ; alors que le vodoun c'est une religion monothéiste ; avec un couple créateurs qui a eu des enfants qui ne sont rien d'autres que les différentes divinités qui constituent le vodoun. Et pour faire connaitre toutes ces divinités j'ai décidé de transcrire cela à travers des masques que j'ai dessiné en reprenant ainsi les différents profils et typologies des dieux. Par exemple pour la divinité Mami wata, il y a un serpent qui est dessiné dans ses cheveux parce que normalement elle a toujours un serpent autour du cou.

Avez-vous eu une formation de dessinateur ?

A la base je n'ai pas fait une école de dessin, je suis autodidacte dans le domaine, j'ai fait mes petites erreurs de début. A force de parler du Bénin et de mes racines, ça fini par payer, les gens ont commencé à entendre parler de ça.

Pourquoi le nom " Danhomé " ?

J'ai opté pour le nom que portait mon pays avant la colonisation pour essayer d'ouvrir les yeux à ceux qui pensent que le continent africain est apparu après l'arrivée des colons. Donc j'ai opté pour ce nom pour montrer que le royaume fon existait bien avant l'arrivée des colons sur le continent.

Quelles étaient vos visions lorsque vous avez créé la marque Danhomé ?

Ma bataille dès le départ c'était de porter à la connaissance de mon peuple, de mes frères africains et béninois leur propre culture, qu'ils se la réapproprient de façon moderne parce que ce qui nous manque, nous africains c'est de bien connaitre notre histoire ; l'histoire du continent, de nos royaumes et tout le reste pour pouvoir dire aux occidentaux que nos pagnes et nos tenues on de la valeur. La prochaine collection sera à nouveau des chemises dont la coupe revisitera de façon moderne la tenue traditionnelle béninoise, le boubou.

C'est aussi parce que je voulais inspirer les jeunes africains, pour que ceux-ci parlent également de leurs cultures.

Je me suis lancé à 100% dans ce projet il y a 2 ans en me disant : " je veux que ça marche et que dans les 3 années qui suivront les gens doivent entendre parler de la marque et faire pareil en mettent en avant leur culture.

Votre première collection étaient des chemises faites avec du wax. Pourquoi avoir laissé tomber le wax ?

Au début j'ai fait une collection qui était centré sur le wax, en le revisitant, en apportant une certaine modernité. Donc j'ai fait des chemises qui n'étaient pas du tout classiques, parce qu'il s'agissait de faire du montage, couper le wax et le tissu blanc et en faire un montage. Ensuite vendre ce savoir-faire en fabriquant au Bénin puisque j'y dirigeais des ateliers depuis la France. Cette collection s'est bien vendue grâce aux bouches à oreille de mes clients.

Mais au bout du temps, le wax me causait des problèmes à cause de son origine hollandais et le tissu blanc également qui est également un tissu importé. Donc le panafricain que j'étais, s'est rendu compte que le produit que je proposais à mes clients européens et africains n'était vraiment pas africain et ne répondais pas à la vision que j'avais de mon projet. Seule la couture était faite par des africains en Afrique.

C'est de là j'ai commencé à faire mes dessins, mes propres imprimés, ce que vous voyez d'ailleurs en fond. C'est ce sur quoi je travaillerai les années prochaines, développer de nouveaux imprimés, de nouveaux tissus et de nouveaux styles de coupes histoire de reprendre, de rendre plus moderne ce qu'on porte chez nous déjà.

Si vous commercialisez vos tenues en France et un peu partout dans l'Europe, cela veut sans doute dire que tous les béninois ne peuvent se procurer vos produits. Pourquoi cela ?

J'ai des coûts de productions qui sont ce qu'ils sont, donc je ne peux pas faire des prix en dessous de ses prix que je propose actuellement. Pour ce qui est du Bénin, je viens normalement en fin mai pour deux semaines et j'ai prévu venir avec un gros stock. Ce qui permettra à mon fournisseur de réduire les coûts et à moi aussi d'ailleurs. Et de là je pourrais les vendre au pays a des couts réduits. Un T-shirt à 10000 minimum et 13000 francs au maximum. Tout dépendra de la commande que j'aurai à lancé. Sinon que le rêve c'est de pouvoir faire mon propre T-shirt blanc, d'imprimer les motifs au Bénin. Comme cela on peut avoir mes T-shirts a des coûts moins élevés.

Votre activité demande à ce que vous déboursez assez de fond. Comment trouvez-vous les fonds nécessaires pour faire vivre votre activité ?

J'ai travaillé pendant trois ans. Et c'est à partir de mes économies que j'ai lancé mon projet. Ce n'est pas facile parce que tout ne se passe pas comme prévu mais à force de croire en ses rêves je tiens le coup.

Vous entendez quoi par mixer les codes et les couleurs ?

J'entends par là utiliser des chemises modernes, c'est-à-dire que chemise qu'on peut porter de différentes manières et à de différentes occasions. Et c'est en même temps pour dire qu'il n'y aura pas de barrières pour la marque.

Danhomé c'est une équipe ou c'est vous êtes à la fois au four et au moulin ?

Danhomé c'est moi, mais pour cette collection " Vodounsi ", j'ai travaillé avec une équipe qui s'occupait de tout ce qui est réseau sociaux. Ce qui me permet de faire de la création sur les prochaines collections. Une marque ne se créé pas toute seule. Que ce soient les mannequins, les photographes, les stratégies de vente, le bouche à oreille, les évènements de vente, ce n'est pas que moi. Il y a tout un réseau autour. Mais c'est bien moi, Sorel Adjovi qui est derrière tout cela.

Faites-vous face à la concurrence ?

Oui, surtout à Paris. Le wax a pris de l'ampleur cette année ; il y a trop de créateurs qui utilisent le wax, c'est devenu un panier de tract. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai arrêté. Ce qui me dérange c'est que les autres créateurs ne font pas des choses de hautes qualités. Il faut que nous même nous donnons de la valeur aux produits que nous proposons. C'est un domaine concurrentiel, il y a beaucoup d'évènements, de boutiques éphémères. Et la seule règle à appliquer pour moi c'est de créer, de faire sa propre chose, de rester droit ton son initiative et de garder le cap. Quand on commence à regarder ce qui se fait à côté, on panique. Mais on est obligé d'apprécier les produits des autres créateurs ; par exemple Nana Wax, j'adore ce qu'elle fait.

Pour parler de vodoun il faut des autorisations des chefs de cultes. Est-ce que tu as eu à demander leurs autorisations ?

Avant de lancer quoi que ce soit, j'en ai parlé à mon père et à mes tantes. J'ai même une tante qui est le matriarcat de notre lignée. Et dites-vous que la collection, le shooting et les outils qui ont été utilisés pour cela c'est elle qui me les a trouvés parce que je n'ai pas pu faire les allers-retours sur Cotonou. Donc je peux dire que j'ai eu l'autorisation des chefs cultes.

Est-ce que toutes tes ventes se passent toujours en ligne ?

A Paris j'ai trouvé deux boutiques qui sont prêtes à distribuer mes produits. Ils ont lancé déjà les commandes et dès que cela sera prêt on verra comment faire. J'ai aussi une boutique en Belgique et c'est le même processus ; ça fait un mois que j'ai commencé à me mettre sur le développement boutique sinon avant ça je ne faisais que vendre via le web www.wearedanhome.com. Pour Cotonou je compte faire un évènement, je ne dirai pas plus, ça sera une surprise.

Quel est regard vous portez sur la mode béninoise ?

Si les créateurs veulent durer, il faut qu'ils sortent des créations abordables pour le grand public. C'est la seule manière de durer. Si un effort n'est pas fait au niveau du prix leur business ne prendra pas.

Quels sont vos projets à long termes ?

Mon rêve c'est de pouvoir créer un atelier au Bénin, c'est aussi créer une école de mode en relation avec les grandes écoles de modes. Et de ces écoles, créé des talents, organiser des fashions weeks chez nous ou organisé des concours de mode parce que quand on regarde bien les béninois sont très stylés. On remarque quelques créateurs qui percent mais ce n'est pas encore ça. Ce projet est encore hypothétique parce qu'il faut que je rentre au pays d'abord. Cela sera effectif dans les deux ou trois années qui viennent.

Retrouvez tous les articles de Danhome sur

Site web : www.wearedanhome.com

Facebook : Danhome



Source : Bonjour Cotonou


PARTAGEZ UN LIEN OU ECRIVEZ UN ARTICLE

Pas de commentaire

Pas de commentaire
 
fifame
Partagé par : fifame@Bénin
VOIR SON BLOG 281 SUIVRE SES PUBLICATIONS LUI ECRIRE

SES STATS

281
Publications

117430
J'aime Facebook sur ses publications

1703
Commentaires sur ses publications

Devenez publicateur

Dernières Actualités

Pas d'article dans la liste.